Questions sur l’actualité du 5 octobre 2011
Malgré les démentis ici et là, des soldats européens ont été fait prisonniers dans la guerre que livre l’OTAN à la Libye. Les négociations devraient conduire à des compromis de part et d’autres. Il n’y a d’ailleurs plus de doute sur une guerre planifiée dès 2002 bien avant les printemps arabes.
Alors, faire partir le Colonel Kadhafi pour le remplacer par le Colonel Khalifa, le nouveau « patron sur le terrain » peut tromper. Il s’agit d’un militaire libyen vivant aux Etats Unis depuis plus de 20 ans et travaillant pour les services secrets américains (selon Pierre Péan, African Handling). Cela pose le problème de l’indépendance du Conseil national de transition (CNT). La dépendance de l’OTAN des Etats-Unis risque d’être transférée en Libye et conduire le CNT à dépendre directement des Etats-Unis.
En filigrane, est-ce que les pays riches, les Etats-Unis en tête, ne sont en train d’institutionnaliser un marché global de « guerres militaires privées » que réaliseront des mercenaires de toutes nationalités sous le couvert de contrats payés par l’argent des contribuables. Certainement. Mais il faut l’arsenal juridique. La résolution 1973 de l’ONU sert à « protéger les civils » tout en faisant disparaître la souveraineté d’un Etat.
Le mandat international de l’OTAN vient d’être renouvelé pour trois mois, apparemment pour la dernière fois. Mais rien ne présage que le Colonel Kadhafi et ses partisans seront neutralisés par le Colonel Khalifa. Le CNT risque de signer des accords secrets de défense et d’accompagnement sécuritaires militaires sont signés. Oui, mais avec qui ? La France ? Rien n’est moins sûr ! Avec les Etats-Unis ?
Assurément. Les Etats-Unis ne souhaitent pas qu’on les oublie dans le « partage post-guerre libyenne ».
Ne pas respecter la Résolution 1973, c’est ne plus limiter les interventions militaires « à la protection des civils ». Il y a là une démonstration de la capacité des Etats à utiliser l’ONU pour atteindre leurs objectifs stratégiques. La Convention de Genève (Résolutions 1265, 1296, 1820, etc.). permet d’identifier les responsabilités une fois la guerre d’ingérence terminée. Mais qui va sanctionner les mercenaires, agents privés qui ont tués, torturés et blessés en Libye, avec l’argent des contribuables des pays membres ou bénéficiant de la protection de l’OTAN ? Les débuts de crimes contre l’humanité ou les débuts de génocide contre les Noirs Libyens sont alors oubliés. Le droit d’ingérence prime. C’est d’abord un droit d’accéder à des matières premières stratégiques, à des contrats de reconstruction, à un accompagnement vers une démocratie sélective, celle qui permet de gérer la Côte d’ivoire depuis plusieurs mois sans parlement… Tout ceci au nom de la démocratie. On attend la résolution de l’ONU sur l’hypocrisie globalisée. La bureaucratie de l’ONU saura nous faire attendre. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.