Questions sur l’actualité du 10 octobre 2011
Le mouvement des indignés en Afrique touche aussi quelques artistes engagés. Tiken Jah Fakoly dans sa chanson intitulée « Quitte Le Pouvoir » rappelle aux Présidents africains que s’ils aiment leurs peuples, ils doivent quitter le pouvoir. « Le mandat de plus, c’est le mandat de trop… Voici la porte, sors dans le calme ! Pas de balles, pas de sang ! Sors dans le calme ».
L’ex-Président tunisien Ben Ali a refusé de quitter le pouvoir. Trois mois après son élection avec 80 % des suffrages, il a été chassé par le Peuple tunisien en février 2011.
Le Printemps arabe venait de démarrer et risque de ne pas s’arrêter au Maghreb.
Le 9 octobre 2011, les citoyens camerounais se sont rendus aux urnes pour élire, avec un scrutin à un seul tour, leur Président de la République. Avec les mêmes approches perdantes des partis d’oppositions, à savoir le refus des primaires en leur sein, avec les facilités avec lesquelles les urnes peuvent être falsifiées, Paul Biya risque de « rempiler » après avoir fait modifier la Constitution camerounaise. Il a fait sauter la limitation des mandats en 2008 et peut légalement se voir confier un sixième mandat de 7 ans.
En effet, la machine électorale et clientéliste du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a réussi la prouesse de faire que les chefs des partis politiques d’opposition se détestent cordialement et ne sont pas prêts de comprendre la logique d’un système à un tour. John Frudji, le Président du Social démocratic Front (SDF), a choisi de s’occuper de son exploitation agricole en guise de campagne électorale. Les jeux semblent joués à l’avance à chaque scrutin majeur.
Agé de 79 ans, Paul Biya, de son surnom « le silencieux », a construit un système efficace de non-interventionnisme dans les affaires du secteur privé dès lors que ce dernier ne s’occupe pas de politique, mieux, vient le soutenir notamment dans les zones rurales. Biya a mis en place un jeu subtil de « récompenses » sous forme d’attributions de postes reposant sur l’équilibre de la répartition ethnique et des groupes ésotériques. Aussi, tout le monde se tient par la « barbichette ».
C’est ainsi que l’ancien séminariste ne compte pas se trouver un « successeur » comme les Présidents Blaise Compaoré du Burkina-Faso, Idriss Déby du Tchad ou Teodoro Obiang Nguema Mbasogo au pouvoir en Guinée Equatoriale depuis 1979 et Président en exercice de l’Union africaine.
C’est que la gestion opaque et très personnelle du « pétrole » ne donne pas envie de partir, ni sur un coup de tête, encore moins par un coup d’Etat. Pourtant à l’aube du 29 septembre 2011 à Douala, des militaires ont tiré en l’air, des banderoles mentionnant « Paul Biya dictateur, Paul Biya dégage » sont apparues et ont disparues aussi rapidement que ceux qui ont tiré en l’air.
Alors, une vraie contestation ou un coup monté pour justifier un Etat d’urgence et quadriller le pays ? La vérité des urnes risque de céder à la vérité de la force. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.