Questions sur l’actualité du 12 octobre 2011
Le 5e Président de la Zambie s’appelle Michael Sata et il a 74 ans. Avec 43 % des voix au deuxième tour des élections présidentielles de septembre 2011, il a gagné à l’usure puisque c’est la 4e fois qu’il se présentait comme chef du parti d’opposition (Front patriotique (PF)) qu’il a fondé en 2001.
Le Président sortant (36,1 % des voix), Rupiah Banda, chef du Mouvement pour la démocratie multipartite s’est incliné très sportivement.
Il a formellement reconnu sa défaite et a exhorté les Zambiens à se rallier au nouveau Président. Il y a eu une « transition pacifique et ordonnée du pouvoir ». Quel fair play que l’on ne retrouve pas dans les ex-colonies françaises d’Afrique !
Avec 70 % des Zambiens vivant dans la pauvreté, le programme du nouveau président était tracé.
Le changement demandé par les électeurs repose sur le partage des fruits de la croissance. Cela se traduira par des coupes dans les dépenses du Gouvernement et l’augmentation du pouvoir d’achat des citoyens.
Il voit pourtant dans le rôle de l’Etat un agent « distributeur » sans nécessairement mettre en valeur le rôle crucial de l’entrepreneuriat. Aussi sa volonté de donner un accès équitable à l’éducation, à la santé et autres services sociaux, à la protection et les droits grâce à un Etat régulateur, pourrait vite ne devenir réalité s’il ne cherche pas d’abord à faire rentrer des recettes fondées sur le développement des capacités productives et l’emploi au plan local. Oui, la vérité des urnes a triomphé et l’Afrique anglophone commence à être immunisée contre les fraudes électorales et la contre-vérité des urnes.
Les pays francophones peuvent en tirer des leçons salutaires. En réalité, c’est que la « françafrique » ne fonctionne pas bien dans des espaces de compétition et de concurrence. En conséquence, le retour de la vérité des urnes dans la plupart des pays francophones risquent d’être liée à un démantèlement des réseaux françafricains, réseaux qui perdurent grâce à des Africains qui mettent en priorité les intérêts occidentaux pour mieux préserver leurs pouvoirs politiques et économiques.
Ces réseaux véhiculent d’ailleurs en priorité une culture de la servitude héritée de la postcolonie. Heureusement, les principes fondamentaux de l’Egypte ancienne que sont l’harmonie, la justice, la vérité et la solidarité reprennent le dessus en Zambie. Michael Sata doit créer des richesses pour réduire la pauvreté, mais cela ne peut se faire sans s’attaquer à la corruption. Il a besoin d’un consensus national.
Le Front Patriotique, avec 60 sièges à l’Assemblée nationale, n’a pas la majorité au Parlement. Le Mouvement pour une Démocratie Multiparti de Rupia Banda avec 55 sièges et le Parti unifié pour l’Unité nationale avec 28 sièges peuvent bloquer. Le consensus est de rigueur, la palabre africaine obligatoire. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.