Questions sur l’actualité du 24 novembre 2011
Les relations qui se transforment en manifestation de puissances politiques, économiques et finalement militaires des pays dits riches constituent une nouvelle étape dans le nouvel ordre mondial de hiérarchisation des pays.
En réalité, il faut parler d’alignement des pays les uns sur les autres. Un système d’interdépendance qui oblige à se positionner dans un réseau de dépendance.
Rappelons la liste des pays qui ont voté « abstention » à l’UNESCO pour soutenir l’intégration de l’Etat palestinien comme un membre à part entière dans cette institution spécialisée et indépendante des Nations Unies. Voter « contre » la reconnaissance de la Palestine à l’UNESCO signifierait pour les pays pauvres, africains en particulier, de s’exposer.
La seule manière de ne blesser personne et de continuer à profiter des soutiens directs ou indirects des pays riches qui disent « non » à la reconnaissance de la Palestine, c’est de voter « abstention » … Alors qui est dans cette liste : Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Liberia, Ouganda, Rwanda, Togo et Zambie. Tous des peureux ? Par vraiment ! En réalité, ces pays ont en commun d’assurer une partie de leur sécurité rapprochée jusqu’au niveau des gardes présidentielles avec Israël sans compter les aides économiques.
Ces « neutralistes » se cachent derrière l’obligation de réserve au lieu d’expliquer qu’ils sont tous directement ou indirectement tributaires du soutien des pays qui ne veulent pas entendre parler d’un Etat Palestinien pour le moment. Nommons Israël, les Etats-Unis, le Canada et la Colombie, etc. La France a voté en faveur de l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO, mais annonce qu’elle s’abstiendra au Conseil de Sécurité.
Une façon de rappeler l’indépendance de l’UNESCO. Le Rwanda s’est risqué à une explication : un vote à l’UNESCO alors que le Conseil de Sécurité n’en veut pas, risque de geler le statut quo. C’est oublier que l’UNESCO est indépendant. En attendant, cette indépendance a couté très cher à l’UNESCO. Résultat des courses : 25 % au moins du budget de l’UNESCO est gelé en guise de sanction déguisée avec l’arrêt immédiat des programmes engagés dans les pays notamment ceux qui ont osé défier le groupe qui a voté contre.
L’autorité palestinienne a compris que ce vote symbolique devient contre-productif s’il fallait le renouveler auprès des autres agences spécialisées de l’ONU. Vous imaginez l’arrêt de 25 % du budget de l’OMS, l’Organisation mondiale de la Santé… Non, les dirigeants de cette agence ne veulent même pas le mettre à l’ordre du jour. Le droit à la démocratie pour un Etat coûte 25 % en moins du budget des agences spécialisées onusiennes. Ce n’est pas demain que la Palestine sera sur la liste des 936 biens constituant le patrimoine culturel et naturel ayant, d’après l’UNESCO, une valeur universelle exceptionnelle. La ville de Jérusalem y est mais a été présentée par la Jordanie. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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Abdoulaye Bah says
Pour éviter ce chantage des USA dans des cas similaires à l’ONU et dans les institutions spécialisées ne serait-il pas mieux de revoir le calcul des contributions individuelles pour mieux tenir compte du poids économique de chacun? Est-il normal que les pays BRIC continuent à payer des pourcentages négligeables au vu de leur puissance actuelle?
Alors qu’un pays au bord de la faillite comme l’Italie paie 4,99 pour cent, la Chine deuxième puissance mondiale (si ce n’est la première) paie 3,19 pour cent, les Pays-Bas 1,85 pour cent, la Suisse 1,13 pour cent, la Russie 1,6 pour cent, l’Espagne 3,18. Je trouve anormal que les contributions de la Chine et de la Russie cumulées soient inférieures à celle de l’Italie. Ces deux pays, en plus de leurs puissances économiques, ont des influences politiques qui peuvent orienter les décisions de toutes les institutions du système de l’ONU.
C’est dans l’intérêt de toute la communauté internationale que la répartition des contributions soient revue.