Questions sur l’actualité du 29 novembre 2011
Conseiller la Chine de «réduire son interventionnisme économique » pour « laisser plus de place au marché » comme le souhaite Barack Obama, relayé par Christine Lagarde, Directrice du Fonds monétaire international, au nom des pays occidentaux très endettés (POTE), c’est ne pas comprendre que les autorités chinoises ne copieront jamais le système du « libre marché total », ce d’autant plus que les résultats en Union européenne ou aux Etats-Unis ou même au Japon ne sont pas très probants en termes d’équilibres macroéconomiques de chacun de ces pays.
Il faut aussi rappeler que les « stress-tests des 17 plus grandes banques chinoises » sont bons et ces banques peuvent résister à des chocs financiers isolés, au même titre que les banques françaises qui ont passé avec succès ces « stress-tests ».
La vulnérabilité du système financier chinois est moins grande que la vulnérabilité du système américain ou européen. Il faut donc une conjugaison, entre autres, d’un endettement public colossale, d’une chute des prix de l’immobilier, une modification défavorable des taux de change, un ralentissement rapide et agressif de la croissance et une grande dose d’actifs toxiques diffusées insidieusement pour que le secteur financier chinois soit atteint.
Sauf que ces cinq grandes conditions sont justement celles qui ont conduit à la crise de 2007/2008 aux Etats-Unis et en Europe par le laxisme des dirigeants de ces pays. Sur ce point, les autorités chinoises sont tout sauf laxistes. Ils sont en train de faire dégonfler la bulle immobilière en formation chez eux. Ils laissent les patrons entrepreneurs chinois fermer boutique dès lors qu’ils ont fait des mauvaises affaires. Alors il y a bien « plus de marché » au niveau du business en Chine, et « plus d’interventionnisme de l’Etat » au niveau du système financier. Relâcher le contrôle sur le change et laisser la Banque centrale s’auto-déréglementer, n’apparaît pas pour les pays qui émergent (ou en voie d’émergence) comme un bon conseil. Cela se discute surtout si cela doit plomber la croissance économique actuelle du monde non occidental.
C’est cette interférence dans les activités des banques chinoises qui selon la DG du FMI, Christine Lagarde, « nuit à la mise en œuvre de mécanismes de marché et à la bonne gouvernance » au point de conduire à la publication de 29 recommandations non coercitives du FMI à la Chine.
Que faisait le FMI en termes de recommandations pour ne pas avoir vu venir la crise de 2007/2008 ? Quand le FMI demande à la Chine de relancer sa croissance alors que cette croissance économique est estimée par ce même FMI dans son dernier rapport de 2011 à 9,5 % en 2011 et 9 % en 2012 alors qu’en comparaison les Etats-Unis sont estimés respectivement à 1,6 % et 1,9 % et la zone euro à 1,6 % et 1,1 %, il y a lieu de s’interroger sur la neutralité du FMI lorsqu’il prodigue des conseils à des économies qui se sont passées de son conseil pour réussir leur décollage économique. L’Afrique subsaharienne régulièrement considérée comme ne « servant à rien » dans l’économie mondiale devrait avoir une croissance économique de 5,2 % en 2011 et 5,8 % en 2012, soit cinq fois plus que la zone euro.
Quand est-ce que les sociétés occidentales vont décider d’agrandir le G20 pour intégrer les 5 zones africaines qui contribuent aussi à la croissance mondiale. Si selon Christine Lagarde, « les économies doivent agir ensemble face à la crise », elle ne doit pas oublier que les fruits de la croissance extraites par les pays riches en voie de désindustrialisation, ont été gérés égoïstement, sans l’Afrique ni la Chine. Ce n’est donc pas « moins de politique et plus de marché » qu’il faut prôner, mais plus de « solidarisme contractuel ». YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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