Questions sur l’actualité du 2 décembre 2011
La plupart des monnaies africaines, au nombre de 41 sont non convertibles y compris le FCFA en circulation dans 15 pays, le Comores n’ayant pas la même parité que les deux autres zones d’Afrique centrale et de l’Ouest.
La dévaluation du Franc de la Communauté financière africaine (CFA) fait encore débat. Cette monnaie de l’Afrique de l’ouest et du centre et de Comores est liée l’Euro par une parité fixe.
Depuis 2004, la valeur de l’Euro n’a pas cessé d’augmenter face au dollar américain, le fameux billet vert, passant de 0,83 $US en fin novembre 2006, pour atteindre 1,36 $US à la mi-novembre 2011.
Techniquement, il n’y a pas de panique à avoir car la zone CFA n’est pas globalement déficitaire et les fondamentaux macroéconomiques sont soutenables, même bons pour les pays pétroliers ou disposant de ressources exportables.
Mais justement, la dévaluation brutale et humiliante du FCFA de 1994 a été faite sur des bases politiques. Avec les cascades de mesures de rigueur qui vont frapper la France et l’Europe en général dès que les élections seront terminées ici et là, la question de la dévaluation politique du FCFA reviendra sur le tapis.
Alors dévaluation ou pas ? Cela dépend des intérêts des uns et des autres. Il suffit de se renseigner sur ce que font les grandes institutions internationales ou les entreprises multinationales basées dans la zone pour comprendre qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Ces institutions ont pour la plupart des comptes libellés en Euro. Les comptes locaux ne servent qu’à des paiements ponctuels et de court-terme. En fait, la plupart des dirigeants africains de la zone, outre la peur viscérale de perdre leur poste s’ils ouvraient le débat de la monnaie commune qui doit remplacer le Franc CFA, se trompent sur l’analyse à faire. Plusieurs sont persuadés et brandissent comme une menace qu’ils « quitteront la zone franc » si une nouvelle dévaluation du CFA devait intervenir. Compte tenu de la valeur de leur parole par le passé, la menace est une douce flagellation pour les esprits naïfs.
Notons que l’on ne dit plus le mot « Franc » devant CFA pour ne pas passer pour un « post-colonisé ». Question de mode !
Comme les principaux membres de cette zone franc importent leur pétrole, la facture pétrolière a été amortie grâce à un Euro Fort, donc un FCFA fort. Comme les coûts des importations de la plupart des matières premières non transformées sont payés en $US, la zone profite de l’Euro fort. L’annulation de la dette de pays de la zone franc ne représente en fait que l’annulation d’une grande partie (plus de 50 %) de l’augmentation des dettes publiques subies mécaniquement du fait de la dévaluation de 1994 du FCFA. Cela crée d’ailleurs un biais en faveur des importations de la zone Euro vers la zone FCFA, ce qui tue la production locale. Ce système économique bénéficie à la classe disposant d’un pouvoir d’achat et promeut la facilité et indirectement la désindustrialisation dans la zone francophone.
Avec un FCFA fort du fait d’un Euro fort, tous les coûts de compétitivité de l’Afrique francophone sont faussement gonflés. Citons le coût des ressources humaines et des produits africains non transformés qui ont déjà un écart de productivité défavorable avec l’Asie ou l’Amérique latine. Comme les revenus des exportations africaines sont libellés en $US, il y a un risque de change que porte l’Afrique. Bref, il faudra tôt ou tard dévaluer le Franc CFA commun avant de s’engager dans une monnaie commune sous-régionale. YEA.
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