Questions sur l’actualité du 19 décembre 2011
Faut-il croire qu’il y a une crise du système capitaliste dans les pays occidentaux ? Assurément !
Alors, s’il y a crise profonde, aujourd’hui économique et sociale, demain culturelle voire civilisationnelle, ce ne sont plus les méthodes standardisées des institutions financières de Washington, ni celles de l’Union européenne qui doivent servir de modèle aux dirigeants africains.
A ce propos, quelques responsables africains tentent de convaincre certains chefs d’Etat africains, ceux qui ne sont pas alignés sur l’Occident, de former un front commun, pour demander à ceux qui les ont mal conseillés, de payer pour les mauvais conseils prodigués.
Il s’agit des fausses statistiques servant à calculer les budgets des Etats, les fausses évaluations des prix des matières premières, l’obligation de signer des programmes de réduction de la pauvreté qui stoppent systématiquement, non sans chantage, l’industrialisation en Afrique donc l’emploi, etc.
Pour l’Union européenne, il s’agit principalement d’une crise de solvabilité. La seule réponse prônée l’Union européenne sans le Royaume Uni est l’austérité pour les pauvres et la relance pour les riches. Les dirigeants africains, trop frileux, font du mimétisme pour l’essentiel. Pourtant, l’Afrique ne doit pas tomber dans le piège de l’austérité. Si pour sortir d’une crise budgétaire, il suffit de concentrer l’essentiel des mesures sur l’austérité envers ceux qui ne sont pour rien dans les arbitrages passés et erronés des dirigeants occidentaux, alors il y a injustice. C’est une erreur de parallaxe.
Comment alors stabiliser les finances publiques des Etats en crise ? Précisons qu’il s’agit bien en filigrane d’une crise bancaire qui ne dit pas son nom. Ces banques devront tôt ou tard avaler les actifs toxiques qu’elles ont contribué à diffuser sur le marché. Pourquoi est-ce que les contribuables devraient payer pour eux ?
Pourquoi l’Etat doit, sous le couvert d’un mandat électoral, imposer une austérité sans précédent aux pauvres et aux classes moyennes alors que les classes riches se retrouvent en pole position pour tirer parti d’une relance qui ressemblerait plus à un transfert de pouvoir d’achat des pauvres vers les riches ? Sinon, comment expliquer le silence des dirigeants européens si peu bavards sur l’urgente nécessité de couper dans les dépenses de l’Etat ? Et quelles dépenses ? Adieu le social, la recherche, mais rien sur la défense et les déplacements non justifiés…
Non, on ne peut couper les dépenses sans expliquer pourquoi la part des plus riches dans la contribution pour sortir de la crise est minimisée au point d’être marginale. A côté des coupes dans le budget, il y a la dévaluation de l’ Euro que les dirigeants de la zone Euro ne veulent pas envisager, sauf pour le Franc CFA, entre 30% et 50%. Cette dévaluation se fera automatiquement dès lors que la valeur de l’Euro tend vers la parité avec le dollar américain, soit 1 Euro égale 1 USD. Il suffit pourtant de comprendre que les coupes budgétaires vont augmenter le chômage, baisser les salaires et rétrécir le pouvoir d’achat alors que la dévaluation de fait va baisser les prix des exportations tout en augmentant les dettes. Les indignations risquent de se convertir en grèves, ralentissement de l’économie, faible demande du marché national, rentrées fiscales réduites, non-remboursement des crédits, inflation, fuite des capitaux et des investisseurs, bref, une récession économique en perspective. Tout mimétisme des dirigeants africains n’a plus de sens. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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