Questions sur l’actualité du 30 décembre 2011
Alors y aura-t-il dévaluation de 30 % ou plus du Franc CFA ou pas au début de 2012 ?
Personne ne peut l’affirmer. En principe, il s’agit d’une intoxication car les autorités françaises l’ont démenti.
Les autorités africaines se terrent dans le silence. Mais démentir ne signifie pas que la dévaluation n’aura pas lieu puisque ce qui importe pour la France qui a un droit de véto dans le conseil d’administration de la zone franc, c’est de s’assurer que l’on ne dise pas que c’est la France qui a voulu la dévaluation mais les Africains eux-mêmes. Comment peut-on se faire hara-kiri et s’en réjouir ?
C’est possible avec des Chefs d’Etat qui en guise d’hara-kiri vont se retrouver avec leurs comptes en euro multipliés par 30 % ou plus selon l’ampleur de la dévaluation.
Mais en réalité, ce qui se passe, c’est la fuite des capitaux, une grande spéculation contre le FCFA et des erreurs historiques car le Franc CFA a été établi en 1945 par le Général Charles De Gaulle mais sur la base de la politique monétaire imposée au régime de Vichy par le nazisme allemand.
Un paradoxe donc ? Pas du tout ! Il s’agissait en 1940 après la signature de l’armistice entre la France et l’Allemagne de payer à la France le coût engendré par l’occupation allemande.
Pendant l’occupation allemande, près de 20 pour cent de la richesse française (Produit intérieur brut, PIB) ont été transférés vers l’Allemagne nazie du troisième Reich. Rien de moins ! C’est cela qui a été combattu par les résistants français. Pourtant, c’est ce système qui a été choisi pour faire transférer les richesses des territoires africains francophones vers la France. Ce système n’a a jamais été aboli, ni par la France, ni par les chefs d’Etat africains.
C’est pour cela que le Professeur Nicolas Agbohou n’hésite pas à parler de «nazisme monétaire» et demander l’abolition de cette monnaie factice. L’Allemagne nazie a imposé la dévaluation de moitié du Franc français et un responsable allemand disposait du droit de véto au sein du conseil d’administration de la Banque de France. En parallèle, les banques centrales de la zone Franc CFA ont des représentants français qui siègent dans le conseil d’administration et ont un droit de véto.
La garantie fournie alors par le Trésor français, l’assurance de libre transférabilité et la convertibilité illimitée du FCFA ne sont que des artifices pour mieux contrôler les économies africaines et empêcher que les surplus dégagés ne viennent soutenir le développement de ces pays. Il fallait pour cela que les dirigeants africains soient aux ordres de la France et surtout en profitent eux-mêmes afin de perpétuer le système. Jugez-en au Bénin où le seul fait de dénoncer la fuite de capitaux a valu la suspension d’un journaliste béninois écrivant pour le journal local « le Béninois libéré ».
Il n’avait fait qu’écrire ce que les douanes béninoises ont constaté le 14 novembre 2011. Le directeur de cabinet d’Ali Bongo a été intercepté alors qu’il quittait le Bénin avec une énorme quantité de Franc CFA sans être inquiété. Les sorties de capitaux illégales d’Afrique sont très importantes. Outre la difficulté de les enregistrer au plan statistique, l’Institut Global financial a estimé en 2010 que près de 48 milliards de $US seraient sortis dont la moitié évaporée.
Avec la libre convertibilité en euro, il n’y a aucune surveillance sur les transferts de Fcfa en Euro. Si les chefs africains sont sous pression, ou des agents travaillant pour la France, ou des défenseurs des intérêts bien compris de la Françafrique, il sera difficile de ne pas subir, tôt ou tard une dévaluation dans la zone franc. Le réveil sera dur en 2012 pour les nombreux Africains qui croient que cela dépend du ciel. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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