Questions sur l’actualité du 3 Janvier 2012
Est-ce que Alassane Ouattara pourra respecter sa promesse de nommer comme Premier ministre, Henri Konan Bédié, chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ?
Rien n’est moins sûr. Soro n’a pas dit qu’il partait pour devenir le patron du parlement ivoirien ! Les élections législatives ivoiriennes, boycottées par le Front Populaire Ivoirien (FPI), ont accouché d’un vrai perdant.
Le PDCI n’a obtenu que 77 sièges contre 94 dans la précédente législature.
De nombreuses voix parmi les jeunes estiment qu’il faut leur passer la relève. En fait, depuis qu’Alassane Dramane Ouattara a tranché en indiquant qu’il maintiendrait Guillaume Soro à la Primature comme Chef du Gouvernement, il n’est plus du tout sûr que Henri Konan Bédié, voire même un membre de son parti PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) se voit attribuer la présidence de l’assemblée nationale ivoirienne.
Si le PDCI n’obtient ni la Présidence du Parlement, ni la Primature, rien ne garantit que l’alliance Ouattara/Bédié tienne longtemps. Pourtant selon l’accord politique entre le PDCI et le RDR (Rassemblement des Républicains de Côte d’Ivoire) conclu entre les héritiers du feu Président Houphouët Boigny au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le PDCI a soutenu le RDR au second tour de la présidentielle contre Laurent Gbagbo en échange de la promesse d’obtenir le poste de Premier ministre.
La Présidence du Parlement aurait dû revenir à un membre du PDCI. La question qui reste sur toutes les lèvres actuellement en Côte d’ivoire est la suivante : est-ce que Henri Konan Bédié, après avoir été l’ennemi politique, puis devenu l’allié politique ne demeure pas en fait un adversaire politique pour le parti d’Alassane Ouattara. Chacun sait que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Est-ce à dire qu’Henri Konan Bédié risque de se faire rouler dans la farine une énième fois par des arbitrages qui ont fait perdre la majorité à son parti ?
Il n’y a pas de compensation en politique mais un rapport de forces. En politique, un allié qui demeure un adversaire, est en fait un concurrent qu’il faut neutraliser. Le PDCI ne semble pas avoir compris cette règle et risque d’en subir les conséquences.
Avec le nouveau paysage politique ivoirien sans le Front populaire Ivoirien (FPI) le Parti de Laurent Gbagbo, c’est le RDR d’Alassane Ouattara qui détient aujourd’hui la majorité absolue au Parlement ivoirien. Pourquoi devrait-il céder la Présidence au PDCI, surtout lorsque les membres du PDCI semblent avoir une rancune tenace envers ADO pour le non-respect de ses promesses envers le PDCI. Comme le système d’ADO ressemble fort à un système présidentiel où le Parlement ne doit pas être un frein à ses initiatives, le PDCI au perchoir pourrait retarder l’adoption de lois.
Par ailleurs, avec un mandat de cinq ans à la tête du Parlement ivoirien, Henri Konan Bédié pourrait devenir un « empêcheur de tourner en rond ». Alors, le mauvais score du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) aux dernières législatives pourrait avoir pour conséquence, ce sous la pression des jeunes du PDCI, de mettre une fin définitive à la carrière de Henri Konan Bédié, avec en filigrane un renouveau du PDCI. En attendant, le choix d’un non-PDCI à la tête du parlement ivoirien par Alassane Dramane Ouattara pourrait servir de détonateur. Le torchon brûle donc entre le PDCI et le RDR. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.