Questions sur l’actualité du 7 Février 2012
Le 18e sommet de l’Union africaine (UA) de fin janvier 2012 n’a pas dérogé à son habitude. Le sujet principal à l’ordre du jour ne suscite souvent pas l’attention du fait d’une actualité mettant en valeur les contradictions des pratiques des dirigeants africains. L’Afrique ne peut être fière de ses résultats en matière de commerce inter-africain.
Bien avant les indépendances, ce commerce était déjà faible du fait de l’extraversion des économies africaines, ce au profit de la métropole coloniale. Aujourd’hui en 2011, ce commerce inter-africain ne dépasse pas 11 % du commerce total en Afrique. L’équivalent pour l’Asie est de 52 % et pour l’Europe, 82 % du total du commerce entre les pays de la zone.
En, Afrique, chacun vend en fait les mêmes produits. Le faible niveau de l’infrastructure de communication ne permet pas une réduction substantielle des coûts de transaction. Mais l’accès à l’énergie demeure un problème sérieux. Trop chers, prix mal ajusté, des délestages trop fréquents ne favorisent pas le commerce inter-africain. Ces sujets importants ont été pourtant éclipsés dans les conciliabules de couloir pour le choix du Président, du vice-président et des commissaires de l’Union africaine.
Le problème du bilan de l’UA est régulièrement posé mais personne n’en fait cas car l’efficacité semble avoir une définition à géométrie variable selon le Président africain qui le définit. Il n’y a pas d’efficacité au niveau du commerce intra-régional si au niveau national et régional ce commerce rencontre des handicaps importants que mettent en valeur les chiffres souvent peu glorieux du niveau de prévisibilité de l’environnement des affaires.
A ce titre, le Rwanda peut être fier de résultats en moins de 3-4 ans. C’est donc bien du volontarisme dont il est question et c’est aussi ce qui semble le plus manquer pour améliorer l’efficacité tant des Africains dans le commerce intra-régional que dans les actions de l’Union africaine. La croissance économique sera au rendez-vous en 2012 même si la plupart des pays risquent de perdre entre 1-2 % de baisse du fait des crises budgétaires en Europe et aux Etats-Unis.
Moins de commandes venant des pays riches n’est pas si mauvais que cela. L’Afrique sera forcée de diversifier en cherchant ailleurs des alternatives, notamment auprès des pays émergents. En réalité, c’est bien l’absence de soutien réel aux entreprises (petites, moyennes et grandes) en Afrique qui pose problème. L’Etat africain n’a pas encore digéré que la richesse se crée au niveau des entreprises, que l’emploi décent et durable se trouve au niveau de l’entreprise, que l’innovation et l’augmentation des chiffres du commerce extérieur sont tributaires de la bonne santé des entreprises africaines, celles qui ont choisi de produire, en respectant les normes de qualité internationale, pour le marché africain avant le marché international. A ce titre, les femmes entrepreneurs africaines font mieux que leurs homologues masculins.
Bref, de nombreux responsables africains n’ont toujours pas compris que le prix d’un jus de mangue biologique sur le sol africain doit pouvoir être compétitif, donc en principe moins cher que le prix de ce jus de mangue fabriqué à partir de pastilles chimiques mélangées à moins de 5 % de mangue dans des emballages qui coûtent près de 80 % du prix du produit fini. Cela paraît évident pour tous, mais pas pour certains dirigeants africains qui continuent à percevoir l’Etat comme le gestionnaire de tout. Comme certains dirigeants africains confondent l’Etat et eux-mêmes, il y a encore du souci à se faire ! YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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