Questions sur l’actualité du 20 Février 2012
Dans un passé pas si éloigné, la France a colonisé, exploité et utilisé les formes les plus ignobles et abjectes de la torture pour devenir une grande puissance… C’est de l’histoire dit-on.
Le problème est que cela repose sur le concept de la supériorité d’un peuple sur un autre. Lors d’un colloque de l’association UNI (estampillée à la droite) organisé à l’Assemblée nationale, Claude Guéant, le ministre de l’intérieur a affirmé le 5 février 2012 que « toutes les cultures ne se valent pas » puis a été plus précis sur une Radio française (France Inter) : « Toutes les civilisations, toutes les pratiques, toutes les cultures, au regard de nos principes républicains, ne se valent pas ».
La polémique est lancée. Ce dernier s’en étonne et joue au surpris. Manifestement, la portée de ses paroles lui échappe, lui qui n’a pas connu et certainement oublié les affres de l’esclavage, de la colonisation, du racisme et leurs séquelles dans le monde d’aujourd’hui.
Mr Guéant ne s’est pas excusé. Le peuple noir ne peut cautionner sa thèse de la supériorité entre les civilisations. C’est ignorer les identités, les cultures et les civilisations que certains considèrent comme « inférieures ». Les citoyens de la Martinique, des départements et territoires d’outre-mer, les peuples africains, les peuples non-Blancs et même les humanistes blancs sont blessés. C’est dans ce contexte que le 7 février 2012 à l’Assemblée Nationale devant les représentants du Peuple français, lors de la séance des questions posées au Gouvernement, Serge Letchimy a souhaité des éclaircissements.
L’évolution de cette forme de pensée ne mène-t-elle pas à des dérives fractionnant la France entre Français issus des civilisations « dites » inférieures et les Français issus des civilisations « dites » supérieures ? Diviser indirectement les Français de souche et les Français issus de la diversité n’a peut-être pas été l’intention, mais c’est le résultat obtenu.
Erreur, calcul politique, volonté d’imposer un ordre civilisationnel ? Chacun a sa réponse ! Le problème, c’est qu’il fallait répondre à la question posée au Gouvernement. Le Premier ministre français et du coup tout le groupe de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) ont refusé de clarifier en ne répondant pas à la question légitime du député de la Martinique.
Convaincu de l’innocence d’Alfred Dreyfus, qui sera démontrée plus tard, Emile Zola interpelle la France dans son écrit : « J’accuse » adressé au Président de la République française, et paru dans le journal l’Aurore du 13 janvier 1898. Ecœuré qu’il était par plusieurs années de campagnes nationalistes et antisémites contre les Juifs, il ne s’attendait pas à ce que le 25 octobre 1898, Charles Chanoine, le ministre de la guerre de l’époque, annoncerait sa démission devant l’Assemblée nationale qu’il quittera sur le champ avec comme conséquence, le lendemain, la démission du Gouvernement Brisson. La réhabilitation d’Alfred Dreyfus sera rendue officielle à Rennes le 12 juillet 1906 par un jugement de la Cour de Cassation qui conclut à une décision prononcée « par erreur et à tort ».
Il faut nécessairement donc que les Médias jouent leur rôle afin de gagner la bataille de l’opinion sur les vérités historiques car il n’y a pas de hiérarchisation entre les civilisations. Pourtant, le Président Nicolas Sarkozy a affirmé à Dakar le 26 juillet 2007 que « l’homme africain n’est pas suffisamment entré dans l’Histoire ».
L’homme ou la femme de descendance africaine mais de nationalité française pourraient s’en rappeler lors des élections présidentielles. Une façon de faire rentrer dans l’histoire le prochain Président français. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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