Questions sur l’actualité du 28 Février 2012
Est-ce une gaffe de ne pas être membre du GAFI ? Certainement pas !
Est-ce parce qu’il y a un risque pour certains dirigeants africains que le mode de financement de leurs partis politiques puisse leur porter ombrage du fait d’un manque de transparence chronique ? Certainement !
Le GAFI a été créé à Paris en 1989 lors du sommet du G7 pour apporter des débuts de solutions au blanchiment de capitaux dans le monde. 49 recommandations servent de plan d’action pour lutter contre le blanchiment de capitaux depuis 23 ans.
Cependant les résultats sont bien maigres. GAFI qui signifie « Groupe d’action financière » est composé de 36 membres dont 34 pays et 2 organisations régionales que sont : le Conseil de Coopération du Golfe et la Commission européenne. 27 organisations internationales et régionales sont membres comme le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) et ce mois-ci le GABAC, le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale.
D’autres sont de simples observateurs comme la Banque africaine de développement (BAD). Le seul pays africain membre est l’Afrique du sud. Avec une présidence annuelle tournante, le GAFI a comme Président depuis juillet 2011, l’Italie avec M. Giancarlo Del Bufalo et comme vice-Président la Norvège avec M. Bjørn Skogstad Aamo. Au niveau opérationnel, le GAFI dispose d’un secrétariat qui est basé à Paris au siège de l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economiques), une institution travaillant principalement pour les pays à revenu élevé.
GAFI a vu son objectif de la lutte contre le blanchiment d’argent et de capitaux évoluer et intégrer la lutte contre le financement du terrorisme et l’évaluation de la conformité aux normes fixées par les Etats-membres. GAFI offre de l’assistance technique et exige une coopération sans faille en termes de mise à disposition d’informations.
GAFI offre une liste et un classement des pays qui luttent effectivement contre le blanchiment d’argent et contre le terrorisme. C’est le principe africain d’évaluation des pairs qui est utilisé pour produire des rapports d’évaluation et de contrôle de la mise en œuvre des 49 recommandations et l’efficacité globale des dispositifs de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
GAFI a choisi de publier le 16 février 2012 la liste de pays et de juridictions présentant des défaillances stratégiques en matière de Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT) car ne répondant pas aux normes fixées par GAFI. Sur l’ancienne liste, 10 pays avaient été jugés non coopératifs pour non collaboration ou progrès insuffisant (Iran, Corée du nord, Birmanie, Bolivie, Cuba, Ethiopie, Kenya, Sri Lanka, Syrie, Turquie) ; on trouvait en Afrique l’Ethiopie et le Kenya. La nouvelle liste comprend 17 Etats qui présenteraient de « graves carences ». On y trouve deux nouveaux pays africains : le Ghana et la Tanzanie. Cela ne veut pas dire que de nombreux pays francophones sont mieux lotis, pourtant ils n’apparaissent pas sur la liste alors que les scandales du blanchiment sont bien là.
Sur ce point, GAFI semble sélectionner les pays de manière sélective au point de faire dire à certains que l’influence française sur le choix des pays présentant de « graves carences » n’est pas à négliger. De toute façon, les sanctions de cette institution restent très ciblées (Iran et Corée du Nord) et ne semblent pas conduire les Etats à s’améliorer. Le problème est que trop de pays notamment francophones restent dans l’ombre. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
Podcast: Play in new window | Download () | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS