Questions sur l’actualité du 1 mars 2012
Non seulement l’école en Afrique prépare mal à la vie active, mais l’Etat a négligé dans le système éducatif les formations techniques, les apprentissages et l’entrepreneuriat. La vieille devise consistant à dire qu’il suffit de bien travailler, obtenir son diplôme pour avoir un bon métier est devenue obsolète. Cela ne marche que pour ceux qui bénéficient en grande majorité de « piston » ou d’un réseau important.
Il y a donc de la discrimination. Tout dépend aussi du secteur et des besoins du marché. Aujourd’hui, un Docteur en médecine notamment formé à Bamako au Mali est très bien formé mais ne trouve pas d’emploi. Les Africains, qui croyaient que le diplôme suffit, se retrouvent à faire tous les métiers du monde pour payer leur loyer…
Certains désabusés versent même dans les trafics et dans la prostitution… ne serait-ce parfois que pour finir les études… Le rapport du 6 février 2012 des Nations Unies sur L’emploi des jeunes dans le monde est clair : l’école prépare mal les jeunes à l’emploi existant sur le marché.
Le marché ne fait pas grand-chose non plus pour faire entrer ces jeunes dans un cycle d’alternance-formation afin de faciliter la transition. Alors, tous des égoïstes ces « ainés » ? Peut-être pas ! Surtout une grande difficulté à organiser l’avenir des générations futures et à leur céder la place. Combien sont-ils en Afrique à refuser de quitter un emploi pour laisser la place à un jeune ? Il suffit de regarder ce qui se passe à la tête de l’Union africaine ou à la tête du Sénégal pour comprendre que la conception de céder la place à un plus jeune n’est pas vraiment rentrée dans les mentalités africaines.
Quand on parle de jeunes, il s’agit des 15 à 30 ans. Avec les successions de crises en Afrique (alimentaire, énergétique et maintenant les conséquences de la crise financière et d’endettement des pays européens et des Etats-Unis), les opportunités d’emplois se font rares. Les jeunes sont souvent les derniers à être embauchés et les premiers à être licenciés quand ils sont considérés comme une valeur ajoutée. Ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui peinent le plus pour entrer dans la vie active car la question la plus idiote que pose l’employeur est la suivante : Pouvez-vous justifier d’une première expérience sinon je ne vous recrute pas. Mais comment avoir une première expérience quand on est jeune et avec quelques diplômes en poche ? Que dire de ceux qui n’ont pas de diplômes du tout ? Alors, employeurs, cessez d’être ridicules !
Le rapport de l’ONU note qu’en 2011, le chômage des jeunes dans le monde a progressé de 12,6 % en comparaison avec 2010 alors que cette progression n’a été que de 4,8 % pour les adultes. La situation est encore plus difficile en Afrique du Nord avec les conséquences du « printemps arabe » où le chômage atteint des pics de 34,1 %. Le paradoxe veut que ce soit justement le manque d’opportunité d’emplois et de visibilité du futur qui ait occasionné pour l’essentiel les révoltes en Afrique. Les modifications des Constitutions pour se préserver au pouvoir en Afrique ne pourront pas tenir longtemps face à l’incapacité des dirigeants africains à améliorer l’environnement des affaires et à soutenir l’entrepreneuriat afin de faciliter l’entrée dans la vie active des jeunes, ce avec un salaire décent et des chances de diversification au cours de leur vie professionnelle.
Un autre paradoxe est que le circuit éducatif occupe le jeune avec du savoir complétement inadapté pour le marché du travail. A cela il faut rajouter la course vers le bas des salaires et le management de la servitude qui se traduisent par des conditions précaires offertes aux jeunes pour leur premier emploi (contrats à durée limitée, bas salaires, promotion lente ou pas de promotion du tout etc.). Les formations sont trop théoriques, surtout dans le milieu francophone. L’Organisation Internationale de la Francophonie gagnerait à mettre l’accent sur l’entrepreneuriat au lieu de croire que les jeux de la francophonie vont aider les jeunes à trouver de l’emploi. Un bon système d’éducation doit nécessairement permettre d’acquérir une bonne formation technique et d’entrepreneuriat afin de développer le goût de l’innovation et donc de la transformation du continent. C’est cela la vraie renaissance africaine. Un enfant qui ne s’instruit qu’à l’école n’est pas un enfant instruit, il a besoin de l’éducation de la maison. Là aussi, les démissions des parents sont légions, surtout dans la Diaspora ! YEA
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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