Questions sur l’actualité du 6 Mars 2012
La Chine s’interroge si des ex-pays coloniaux n’ont pas de nouvelles ambitions de postcolonisation ou de néo-colonisation en Afrique.
L’Institut des Etudes de l’Asie Occidentale et de l’Afrique du Nord à l’Académie Chinoise des Sciences Sociales apparaît comme le précurseur d’un positionnement chinois en plein changement sur le rôle que doit avoir la Chine quant aux problèmes de démocratie falsifiée, l’usurpation des richesses par des dirigeants africains et par des pouvoirs occidentaux et bien sûr les conséquences fâcheuses sur l’indépendance économique, la vérité des urnes et le développement des pays africains.
A ce titre, il est de plus en plus question que la Chine s’organise et s’outille en médias, diplomates et autres outils de persuasion pour discuter, d’égal à égal avec les anciennes puissances coloniales sur les responsabilités partagées dans les retards de développement de l’Afrique malgré une croissance retrouvée. La Chine est bien consciente des siècles de « pillage colonial » qui n’ont pas conduit à un développement harmonieux ou une démocratie reflétant la vérité des urnes et en parle dans un journal en ligne, « le Quotidien du Peuple ». Le commerce bilatéral entre la Chine et l’Afrique est passé de 10 milliards $US en 2000 à plus de 160 milliards $US en 2011, dépassant, dès 2009, les Etats-Unis en tant que premier partenaire commercial de l’Afrique.
Tout repose sur une coopération institutionnalisée « Chine-Afrique » régulière depuis l’an 2000. En comparaison, la coopération institutionnalisée des accords de Yaoundé, puis de Lomé puis de Cotonou entre l’UE et les ACP n’ont fait qu’appauvrir la plupart des pays africains. Le volume du commerce a été réduit à sa portion la plus petite pour la majorité des pays Africains sauf Maurice. En 10 ans, la Chine a fait mieux que ce qu’a fait l’UE en Afrique en 30 ans.
Les dirigeants africains devraient pouvoir négocier mieux avec la Chine qui a fait du continent africain son 2e plus grand pôle de création d’emplois grâce à des grands travaux d’infrastructure et la quatrième destination de ses investissements étrangers. L’Afrique n’est pas toujours gagnante. Peu d’avancée sur la démocratie puisque la Chine refuse officiellement de s’impliquer dans les affaires intérieures des pays africains. Avec la crise financière qui perdure, la récession probable du fait de la crise de solvabilité en UE, la Chine se méfie de la capacité de l’UE à maintenir le niveau de ses importations de biens chinois et opte pour une diversification de ses échanges vers les pays émergents et l’Afrique. La stratégie des pays occidentaux en Afrique semble considérer qu’il faut d’abord la « démocratie » avant le « développement » notamment en soutenant les sociétés civiles, les processus de démocratisation, etc., alors que la Chine estime au plan idéologique que le « développement » passe avant la « démocratie ».
Malgré plus de 2000 entreprises chinoises et environ 1 million de Chinois présents en Afrique, il n’y a pas encore de nombreux professeurs chinois dans les universités africaines. Les médias africains consacrent plus d’espaces à l’Occident qu’à la Chine. Mais la faute est à la Chine. Combien sont-ils les professeurs africains en Chine ? Combien d’espaces sont réservés à l’Afrique dans les médias chinois ? La Chine ne peut considérer que les échanges intellectuels doivent se faire à sens unique. Il est vrai que de nombreuses élites africaines sont très occidentalisées du fait de leur éducation au point d’oublier leur propre culture africaine. Les conceptions de la vérité des urnes sont différentes.
Après une identification à un occidentalisme ou européanisme niant les cultures et civilisations africaines antérieures à l’ère coloniale, les nouvelles élites africaines ne devraient pas verser dans une forme de mimétisme déplacé de « chinoilisme » ou « sinolisme » où la Chine déciderait de tout dès lors que l’Afrique lui fournit ses matières premières non transformées. La Chine doit transformer les matières premières en Afrique et veiller à offrir au moins 50 % des postes créés à des Africains. Bref, l’Occident croit à l’universalité de ses valeurs comme l’individualisme ou la suprématie des droits de l’homme. L’Afrique comme la Chine ont des civilisations qui reposent sur les droits humains collectifs.
Malheureusement en Afrique, les élites coloniales et postcoloniales se sont alignées sur les valeurs occidentales en oubliant leurs valeurs ancestrales. Des comparaisons avec la Chine pourraient revaloriser ces approches d’antan qui ne sont en rien inférieures en termes d’universalité. Il y va de la souveraineté présente et future des Africains et de l’Afrique. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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