Questions sur l’actualité du 7 Mars 2012
Le Ministre des affaires étrangères français Alain Juppé était en mission au Bénin, au Burkina-Faso et au Mali. Si la situation sécuritaire est préoccupante en mer, elle l’est tout autant au sol, notamment dans la bande sahélo-saharienne, au Nord-Mali. Dans le cadre plus global du dossier des « Touaregs », qui veulent former un peuple-état-nation réparti sur plusieurs pays (frontières coloniales), il se développe des poches d’insécurité liées à Al Quaïda.
Des atrocités (jeunes militaires maliens décapités) ont été commises à Aguelhok (en direction de Tessalit) vraisemblablement par ce que l’on appelle communément des « bandits armés » du groupe MNLA, le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad, un mouvement nationaliste. La guerre de « libération nationale » des Touaregs, le limogeage de politiciens « Touaregs » rappellent que certains Touaregs se considèrent comme des citoyens moins maliens que d’autres.
L’intégration de combattants touaregs et arabes dans les forces armées maliennes semblaient aller dans le bon sens. Mais avec le retour des combattants qui ont séjourné en Libye dès la fin 2011 et leur positionnement volontaire pour intégrer l’armée malienne ou le MNLA, tout le processus de paix a vacillé.
La donne a changé. On a donc assisté en fait à des règlements de compte dans le Nord du Mali entre des forces touareg du MNLA qui s’opposaient en fait à des Touaregs et des Arabes de l’armée malienne. Le Gouvernement malien n’est pas véritablement resté indifférent. Suite à des conflits en 2006, des tribus touaregs et arabes coalisées sont devenues des alliés objectifs du Gouvernement malien dans le nord du Mali. Malgré l’arrivée récente de convois de mercenaires touareg de Libye avec des armes lourdes, ni l’Algérie ni les satellites d’observation de la France et des Etats-Unis d’Amérique n’ont rien vu. Alors qui veut déstabiliser le Mali ?
N’est-ce pas la résurgence du nationalisme touareg des années 50-60 qui perdure ? Rien n’exclut la présence d’AQMI (Al Quaida au Maghreb Islamique), puis des soldats libyens démobilisés et des « légionnaires arabes » avec des financements de certains pays du Golfe. Face aussi à certaines répressions de l’armée malienne, il semble que l’on soit entré dans un cycle de vengeance et de démonstration de force sur fond de terrorisme et d’indépendance à la Sud-Soudan.
Le MNLA veut en fait l’indépendance nationale par référendum, use et parfois abuse de la langue de bois en invoquant les droits humains. En réalité, beaucoup de jeunes sans emplois sont concernés. Le manque de perspective économique les conduit à devenir sourds à tout dialogue. Le Président a partiellement perdu son pari de ramener la paix par le dialogue et le retour de la confiance. Sans les conséquences politiques et militaires intervenus en Libye, peut-être qu’il aurait réussi. Le fait que des responsables touaregs et arabes deviennent des sympathisants d’AQMI, pour ne pas dire plus, fragilise l’armée malienne. Les « alliances et contre-alliances » compliquent la situation sans compter le rôle parfois peu clair de certaines puissances arabes ou occidentales qui préfèrent protéger les éléments du MNLA alors que certains sont convaincus de crimes. Alors lorsqu’Alain Juppé n’a eu de cesse de prôner le dialogue entre l’Etat malien et les bandits armés du MNLA et se garde soigneusement de condamner les atrocités commises par les troupes de MNLA, certains au Mali se posent des questions.
Est-ce une forme de punition du Président Amadou Toumani Touré qui aurait refusé d’accepter la dévaluation du Franc CFA et un accord bilatéral sur le retour des migrants maliens avec la France ? YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 5:32 — 2.5MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS
Cheick Oumar KANTE says
Les Maliens aux armes puis aux urnes et encore aux… armes ?
Halte à “la salsa du démon” politique africain !
Au Mali, le premier tour de la prochaine élection présidentielle devait avoir lieu le 29 avril 2012.
Le président en exercice, retraité de l’armée avant de se faire élire pour la première fois en 2002, Amadou Toumani Touré – ATT pour les Maliens –, n’allait pas présenter sa candidature, obéissant ainsi à une des dispositions de la Constitution à l’élaboration de laquelle il a contribué et qui limite à deux les mandats du chef de l’exécutif.
Le Nord du Mali est en proie à la rébellion des Touaregs et sous les coups de boutoir des Islamistes, enhardis qu’ils sont, tous ensemble, par le massacre du colonel Mouammar Kadhafi en Libye le 20 octobre 2011. Et, comme les uns et les autres ont eu visiblement accès à l’arsenal militaire de ce dernier, devenu (momentanément ?) un Self-service, l’on présume leur riche fourniture en armes de toutes sortes et de tous calibres.
Comment, donc, a pu germer dans le cerveau d’un lieutenant malien, d’un capitaine, d’un colonel ou d’un général sinon d’un “maréchal” à moins que ce ne soit dans celui d’un caporal, qu’un coup d’État opéré dans la capitale, Bamako, avec tout ce qu’il génère comme couvre-feu, suspension des institutions, pillages, saccages des biens autant privés que publics, violences sur les personnes… (tous actes de vandalisme perpétrés entre autres par des soldats), était la réponse adéquate aux très nombreux et graves problèmes du Mali, anciens et nouveaux, internes et frontaliers ?…
Exemplaire pour l’Afrique par son entrée en démocratie, remarquable en 1992, avec l’élection au suffrage universel d’Alpha Oumar Konaré après une courte transition pilotée par Amadou Toumani Touré, militaire en ce temps-là, la République du Mali va-t-elle apparaître en cette fin de trimestre 2012 comme un contre-exemple, un épouvantail, sur la marche du continent, difficile et trébuchante, certes, vers la démocratie : une promesse comme l’affirme un philosophe, cette promesse que l’on pouvait croire, une fois pour toutes, tenue ?
Militaires maliens, ne saviez-vous pas que vous n’auriez plus jamais dû essayer de prendre le pouvoir et qu’il ne vous est plus loisible de mettre les Maliens au garde-à-vous ? Ne seriez-vous pas encore assez éclairés pour ne plus penser devoir recourir aux armes afin d’influencer un tant soit peu le cours des événements politiques ? Les armes ne font plus ni ne défont les présidents, ce sont les urnes et seulement elles ! Leur chemin, vos compatriotes le connaissent et le préfèrent désormais, après l’avoir emprunté à quatre reprises.
Il est quand même loin, le temps du général André Kolingba en Centrafrique pour ne parler que de lui !… Présentant son équipe gouvernementale devant les caméras des télévisions du monde après son coup d’État en 1981 contre David Dacko, le successeur (installé par Valéry Giscard d’Estaing) de Jean-Bedel Bokassa, il a excusé en ces termes un gradé qui n’a pas su dire l’intitulé du portefeuille ministériel dont il allait être le responsable.
« Il ne se le rappelle plus. Je viens de le nommer, excusez-le ! Mais, il saura très rapidement le ministère qu’il devra gérer… »
Membres de la junte qui tentez d’usurper le pouvoir au Mali, moyennant des baïonnettes, vous ne donnez pas plus l’impression d’être au parfum des enjeux vitaux de votre pays, de la sous-région, de l’Afrique tout entière et, encore moins, du Monde dans sa globalité que ce soldat étourdi du gouvernement centrafricain de l’époque dont on a eu largement le temps, par la suite, de constater la tragique gestion du pays aux bords de l’Oubangui.
Rendez donc le pouvoir aux élus maliens, avant même de l’avoir entièrement accaparé ! Rendez-vous ! Rendez vos armes, il est encore temps ! Les démocrates et la démocratie statueront sur votre “incartade”, (passagère, il faut l’espérer !) avec bienveillance voire avec indulgence. De sorte que les Maliens puissent dans un mois se rendre encore plus nombreux dans les isoloirs des bureaux de vote et que se referme la violente brèche que vous n’auriez jamais dû ouvrir dans la vie politique malienne apaisée. Ou alors, voudriez-vous, Militaires maliens, être à jamais tenus pour responsables et coupables de cet anachronisme politique : de ce pas en avant suivi de deux pas en arrière, de ce pas de côté, de ce “coupé-décalé” ?
Monstrueuse, démoniaque est “la salsa” à laquelle vous voulez convier les Maliens voire tous les Africains ! Allez, faites plutôt allégeance à la démocratie ! Regagnez vos rangs comme les militaires du Sénégal et gardez-les (vos rangs) !…
Et malgré (ou à cause de) mon invitation à la décence adressée au président Abdoulaye Wade avant les élections sénégalaises, je ne puis m’empêcher de le féliciter pour son acceptation sans équivoque des résultats le donnant vaincu, à en croire la liesse des populations sénégalaises et les flux d’informations. Quant au nouveau président du Sénégal, Macky Sall, que lui souhaiter sinon “Bon Vent” ! En tout état de cause, quelques-uns de ses premiers mots augurent de son sens profond de la démocratie :
« (…) En ce moment si solennel, je pense aux martyrs de la démocratie (….) »
Quelles paroles prometteuses, les Africains et les démocrates du monde auraient aimé avoir entendues de la bouche de vainqueurs d’autres élections présidentielles non seulement aux frontières du Sénégal mais sur l’ensemble de l’Afrique ! Militaires maliens, rentrez dans le rang ! Électeurs maliens, aux urnes !