Questions sur l’actualité du 20 Mars 2012
L’Afrique et plus particulièrement les pays de la zone franc doivent retrouver une marge de manœuvre économique pour mieux résister aux effets de la crise de solvabilité des pays de l’Union européenne (UE) sur leurs économies. Ce n’est pas en augmentant les dépenses budgétaires dans des secteurs non rentables pour la collectivité que les choses pourront s’améliorer. Alors, regardons du côté des recettes.
Il y a problème ! Il faut non seulement de la croissance économique mais il ne faut surtout pas que cette croissance soit « mangée » par l’inflation ou l’augmentation simultanée de l’ensemble des prix à la consommation. La première solution consiste à réduire les importations notamment celles qui sont superflues et aussi changer les habitudes alimentaires.
Comment les Sénégalais par exemple peuvent-ils continuer à être dépendants du riz importé alors qu’ils peuvent, en faisant la paix en Casamance, transformer cette région en un paradis agricole, gage de paix durable entre les populations ?
Tant que l’Afrique de la zone franc continuera à utiliser le Franc CFA, qui n’est rien d’autre qu’une annexe de l’Euro, pour payer, épargner et compter la valeur de ses biens et services, elle continuera à perdre en pouvoir d’achat. Alors que les progrès vers la monnaie sous-régionale avancent à l’allure de l’escargot, il faut croire qu’il faut trouver une autre alternative pendant une période de transition où les chefs d’Etat de la zone franc auront enfin le courage de prendre la bonne décision de créer leur monnaie commune sous-régionale.
Il est aussi possible de faire rentrer plus d’argent dans les caisses des Etats en jouant sur la fiscalité, mais attention de ne pas trop ponctionner le pouvoir d’achat et les entreprises au point de neutraliser la croissance et même favoriser une décroissance. Il faut diversifier les exportations et pour ce faire diversifier aussi les biens transformés localement avec le maximum de contenu technologique ou de services à valeur ajoutée. Là encore, parler de qualité, de livraison dans les temps de grandes quantités de produits respectant des normes de qualité internationales est encore tabou en zone francophone. Alors il reste à diversifier les partenaires commerciaux et miser sur les pays émergents comme la Chine qui payent cash ou favorisent le troc. Sauf que l’on n’a pas encore assisté à un troc entre un millier de tonnes de manioc africain contre une industrie de fabrication et d’assemblages de motocyclettes chinoises qui serviraient à soutenir les taximotos communément appelés les « zémidjans » au Togo et au Bénin.
Alors oui, la crise de la dette souveraine en UE va toucher indirectement l’Afrique. Comment ? Par au moins cinq canaux de transmission que sont : 1. l’équivalence de la valeur des biens et services, ce que les économistes appellent les termes de l’échange. Il ne faudrait pas qu’un régime de bananes qui permet d’acheter une chaussure de sport finisse en moins d’un an à n’acheter que les lacets, et encore pas de la bonne couleur car cela a été soldé. 2. Comme l’Union européenne exporte beaucoup vers l’Afrique et qu’à contrario l’Afrique importe plus de 60 % de l’UE, l’on devrait assister à un tassement des échanges mais aussi des montants car l’Europe pourrait ne plus être solvable notamment les pays défaillants comme la Grèce aujourd’hui, l’Italie ou le Portugal demain. 3. L’aide au développement risque de diminuer déjà qu’elle n’atteint que 0,46 % du produit intérieur brut alors qu’elle devrait être à 7 % du PIB. 4. Les investissements étrangers directs risquent d’aller vers quelques pays d’Afrique du nord mais ailleurs, l’environnement des affaires reste précaire et imprévisible en Afrique même s’il y a des améliorations en 2011. L’IED est en baisse comme au demeurant le 5e canal qu’est le transfert d’argent de la Diaspora africaine qui va légèrement baisser en 2012, pourtant les Africains de la Diaspora ne demandent aucune conditionnalité pour réduire la pauvreté en Afrique. La Banque mondiale, l’Union européenne et les agences bilatérales, si !
Alors, Messieurs les dirigeants africains, offrez des conditions d’incitations pour que l’épargne de la Diaspora aille plus vers l’investissement dans les zones rurales afin de soutenir l’augmentation de la productivité et les contenus technologiques au lieu de considérer systématiquement la diaspora comme des opposants politiques et présumés faiseurs de coup d’Etat. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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