Questions sur l’actualité du 9 Avril 2012
Tout est dans l’analyse. Si celle-ci est erronée surtout au niveau stratégique, la CEDEAO, la Communauté économique et de développement des Etats d’Afrique de l’Ouest, avec à sa présidence tournante, Alassane Ouattara, le Président de la Côte d’Ivoire, pourrait verser dans l’erreur comme au demeurant l’Union africaine.
Ce dernier installé grâce à l’aide de la France sous mandat des Nations Unies, pourrait ne pas considérer que les intérêts du Mali, ni uniquement ceux de la CEDEAO, mais aussi ceux de la France et peut-être ceux de la communauté internationale qui s’intéressent aux matières premières et la position stratégique tampon du Mali entre l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne.
L’UA et la CEDEAO oublient que le Mali est un pays souverain et non une colonie de la CEDEAO ou de l’UA. Il y a au moins quatre problèmes au Mali.
1. Le coup d’Etat du 22 mars 2012 par une junte militaire avec à sa tête le capitaine Amadou Sanogo. Celui-ci, malgré tout ce que peuvent en dire les médias occidentaux, dispose malgré tout de l’appui d’une partie de la population malienne ; en organisant une convention nationale autonome avec la représentation des différentes forces du Mali, la junte militaire a indirectement rejeté l’offre de la CEDEAO de se retirer. Il y a donc une résistance à la CEDEAO qui prend des sanctions contre la population au lieu de les diriger contre les militaires.
2. Le conflit séculier de l’indépendance réclamée par les populations Touaregs au nord du Mali. Ce conflit armé qui date des années 1958, relancé en 1990, 2000, 2005 et 2012, pose clairement le problème des frontières africaines héritées de la période coloniales. Aussi, l’indépendance factice au plan politique octroyée par l’ex-métropole française est inversement proportionnelle au niveau de dépendance aux plans économique et militaire. Cette contradiction pousse, avec ou sans démocratie, l’ex-métropole à s’assurer que les pays francophones soient dirigés par un dirigeant docile ou tout au moins versé dans une logique libérale privilégiant les intérêts de la France avant ceux du pays.
Cela a pour conséquence au niveau décisionnel d’empêcher certains présidents africains d’agir et de décider. Il semble que ce soit le cas pour le Président Amadou Toumani Touré dit ATT qui a choisi au cours de ses deux mandats moins un mois, d’assoir une gouvernance du consensus, qui empêchait les décisions de se prendre. Mais les partis d’opposition sont tout aussi responsables pour avoir laissé la situation se pourrir. Il suffit d’ailleurs de s’étonner que personne n’ait vraiment mis en cause la liste électorale malienne qui n’a pas été mise à jour et qui allait être la source de contestation, voire de pagaille électorale comme l’Afrique en connait le secret. La présence d’Al-Qaïda est palpable notamment avec les éléments incontrôlés d’AQMI qui mènent plusieurs objectifs de front dont l’islamisation à marche forcée, la prise de contrôle d’espaces sécurisés pour eux-mêmes grâce à la prise d’otages pour neutraliser les grandes puissances militaires et l’enrichissement personnel qui permet de soudoyer les chefs africains adeptes de la ventrologie.
Cette situation a permis d’ouvrir des alliances circonstanciées avec les rebelles Touaregs au point de faire croire que les objectifs entre les groupes terroristes d’Al-Qaïda sont les mêmes que ceux des combattants Touaregs qui revendiquent le retour sur leur terre ancestrale et une indépendance du Mali-sud considéré comme à la solde de la France. Mais il n’en est rien même actuellement le contrôle de Tombouctou par les dirigeants d’Al-Qaïda ne semble pas gêner outre mesure les combattants Touaregs.
Enfin, il y a l’arrivée des nombreux soldats touaregs engagés dans l’armée du Colonel Kadhafi, plus de 2000 individus fortement armés et qu’ATT a oublié de désarmer. Ces derniers ne sont pas organisés en un système hiérarchique cohérent. Certains se sont ralliés à la cause des combattants Touaregs, Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui ont créé l’Etat « Azawad », la partie nord du Mali en attendant pour certains de faire sauter plus tard l’intangibilité des frontières coloniales en s’alliant avec les Touaregs au Niger, en Algérie et en Mauritanie.
D’autres ont choisi de s’aligner sur Al-Qaïda, bénéficiant de fait de la force militaire de ces derniers mais créant la confusion quant aux objectifs. Al-Qaïda souhaiterait, d’après quelques médias, imposer la Charia dans tout le Mali, une véritable colonisation islamique. Ce qui n’est pas le cas des combattants Touaregs se contentant de l’Etat « Azawad ».
La Convention nationale autonome va-t-elle entériner le coup d’Etat et l’Etat « Azawad » ? YEA.
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