Questions sur l’actualité du 10 Avril 2012
La CEDEAO choisit en fait de punir la population malienne avec son « embargo total » à l’encontre de la junte militaire malienne.
La CEDEAO s’est gardée de parler de sa couardise, son silence et sa concussion avec les puissances occidentales alors qu’Al-Qaïda s’installait en zone CEDEAO.
Dans ces circonstances, tous les Africains y compris ceux de la Diaspora s’identifient aux citoyens maliens. Chacun estime que l’embargo total de la CEDEAO aurait dû se faire contre Al-Qaïda notamment Iyad Ag Ghali, le chef du mouvement islamiste Ansar Dine et non contre des militaires qui souhaitent transférer le pouvoir après un accord entre Maliens sur l’avenir du pays.
Toutefois, l’histoire africaine a montré que les militaires sont des incompétents et que sans la force, ils ne resteraient pas un jour au pouvoir si la population devait en décider. La CEDEAO propose de mettre en place une force armée dotée de 3000 militaires pour tenter de freiner la progression des mouvements armés à l’intérieur du Mali. Mais, là encore, ceux des Touaregs qui souhaitent la création de l’Etat Azawad laïque ne souhaitent pas descendre sur Bamako et occuper tout le Mali. Tombouctou pourrait d’ailleurs se révéler être la limite maximum du territoire réclamé. En réalité, la CEDEAO ne dispose pas de la force de frappe et doit compter sur le soutien matériel, logistique, financier et la communauté internationale. Celle-ci risque de déléguer la France comme en Côte d’ivoire.
A ce titre, les intérêts des Maliens pourraient passer en priorité seconde. La lutte pour la sécurisation pourrait ne pas enthousiasmer les Occidentaux dès lors qu’Al-Qaïda détient leurs otages. La France a même annoncé qu’elle n’interviendra pas militairement au Mali, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’aidera pas les troupes de la CEDEAO. Aussi, c’est bien le refus de discuter les vrais sujets dans les sommets de l’UA ou de la CEDEAO que sont entre autres l’intangibilité des frontières coloniales, l’intervention en Libye qui conduisent aujourd’hui à une déstabilisation de la région du Sahel. Il n’est pas sûr que les pays qui ont déclenché la crise libyenne, puissent continuer à placer des fantoches à la tête des Etats africains sans des crises.
La démocratie occidentale « copiée-collée » en Afrique ne marche pas. Le consensus mou d’ATT a fait croire que tout allait bien… Derrière la fausse paix couvait une guerre. Barack Obama qui semble se méfier de la politique française en Afrique depuis le coup de la Côte d’Ivoire et celui de Libye ne souhaite pas engager ses troupes militaires dans une zone « francophone » dont les turpitudes remontent à des questions non réglées depuis la colonisation.
L’UA et la CEDEAO gagneraient à mettre sur la table une position de l’Union africaine qui est à la source de la plupart des problèmes africains : lever l’intangibilité des frontières africaines si les peuples en expriment le souhait et si cela s’opère démocratiquement. Les Etats décentralisés qui devaient former les Etats-Unis d’Afrique n’ont pas besoin de s’inscrire dans le moule étroit et anti-union des Africains que constituent les frontières coloniales. Si cette palabre africaine intelligente avait eu lieu lors des différents conflits Touaregs entre 1958 et 2012, peut-être que l’Etat « Azawad » ne serait qu’un Etat fédéré des Etats-Unis d’Afrique avec une autonomie de gestion. Les populations africaines y compris la Diaspora africaine supportent de moins en moins être dirigées par des dirigeants non-nationalistes et faisant passer les intérêts nationaux en priorité seconde.
Cette vague de fond devrait emporter l’ensemble des pays francophones dans les 10 ans qui viennent. Si le coup d’Etat du 22 mars 2012 au Mali a contribué à une avancée rapide des Touaregs nationalistes ou islamistes et d’AQMI Al-Qaïda au Maghreb islamique, il faut « remercier » le silence de l’Algérie et le refus de la France d’offrir des armes à l’armée malienne en temps opportun. Mais plus de 100 millions d’Euros ont été payés pour libérer des otages, parfois sans succès. Les terroristes islamistes, les mercenaires touaregs de l’ex-armée libyenne et les trafiquants de tout poil le savent et risquent de conserver les otages encore longtemps. La décision des chefs d’Etats de la CEDEAO et de l’UA d’utiliser l’embargo va rouvrir les voies de la contrebande d’acheminement des biens, des services, de l’argent et des esclaves.
Il y a encore des esclaves dans le pays Touareg qui semble aller vers une zone de non-droit. YEA.
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 7:17 — 3.3MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.