Questions sur l’actualité du 11 Avril 2012
C’est le 30 mars 2012 que les ministres de l’économie et des finances des pays membres de l’Eurogroupe se sont rencontrés à Copenhague au Danemark pour décider de leur contribution pour passer du provisoire au définitif.
En effet, le Fonds européen de Stabilité financière (FESF) faiblement doté ne pouvait résister à un deuxième choc suite à celui de la crise grecque. Il a été convenu de créer le mécanisme européen de stabilité qui débutera ses travaux d’ici l’été 2012.
En réalité, la crise actuelle de l’Espagne a obligé les Etats européens de la zone à prévoir une institution avec un montant substantiel. 500 milliards d’Euros et pour être crédible, c’est la somme de 800 milliards d’Euros qui a été retenue, soit environ 1000 milliards de $US. L’objectif est clairement affiché.
Le MES a pour objet premier de permettre de répondre rapidement à une demande de financement d’un Etat européen en défaillance au plan budgétaire. Toutefois, cela n’exclut pas nécessairement de faire appel à d’autres partenaires comme le Fonds monétaire international (FMI) ou même des pays étrangers qui disposeraient de réserves internationales importantes et disposées à « aider » sans conditionnalités. C’est justement ce point qui a conduit la Chine à prendre du recul quand il s’est agi de contribuer à un fonds de secours européen sans contreparties coercitives, financières ou sous formes d’investissement au profit de la Chine. Ce n’est donc pas un chèque en blanc.
Ceux qui feront appel et bénéficieront du MES risquent de s’attendre à voir une bonne partie de leur capacité productive changer de propriétaire au profit des plus grands contributeurs européens. La Grèce est justement en train de négocier ces points. Cette solidarité financière européenne apparaît pour beaucoup comme une ingérence. Se faire financer par le MES suppose aussi d’accepter de se faire contrôler par des experts-contrôleurs lesquels pourraient se révéler n’être que des vérificateurs des transferts de propriété vers d’autres pays européens. Le tout sera présenté comme s’il s’agissait de veiller au respect des conditionnalités financières acceptées d’un commun accord par les protagonistes. Alors que le MES s’adresse à quelques pays partageant en commun l’Euro (17 pays), il faut se demander si un tel mécanisme existe pour les pays africains.
En réalité, non. La plupart des déficits budgétaires, souvent chroniques en Afrique du fait d’une mauvaise gouvernance économique et politique passée, se résolvait par un emprunt auprès du FMI avec les conditionnalités draconiennes qui les accompagnaient. Cela n’a pas tellement changé d’ailleurs et tend, du fait d’une certaine déresponsabilisation de certains dirigeants, à se terminer par des privatisations qui ne sont que des opérations de transfert de capacités productives africaines vers les pays qui ont contribué à soutenir les efforts de renflouement budgétaire du pays via le FMI.
L’Afrique a choisi de se doter d’un mécanisme qu’est le Fond monétaire africain, le FMA. Si le défaut collectif de tous les pays africains (54) est improbable, les pays africains souhaiteraient ne plus avoir directement le FMI comme interlocuteur pour trouver une solution à des déficits budgétaires conjoncturels. Le FMI peut intervenir en dernier ressort comme pour la zone euro.
Le problème en Afrique est que derrière le FMI, se cache des créanciers publics qui se retrouvent collectivement dans le Club de Paris, des créanciers privés au niveau du Club de Londres et des nombreux bilatéraux. Les pays émergents et la Chine en particulier sont en train de changer la donne et offrent d’autres alternatives aux pays africains. L’émergence d’une banque des pays du sud pourrait aussi peut-être s’accompagner d’une institution tampon pour les déficits budgétaires entre pays en développement et émergents.
Le problème est que les montants proposés pour créer le FMA, autour de 46 milliards de $US dont moins de la moitié à libérer (mise à disposition), pourraient faire que cette institution, dont le siège est à Yaoundé, ne démarre pas rapidement. Il existe un comité de pilotage pour faire avancer le dossier de création qui rencontre d’énormes difficultés dès qu’il s’agit de cotiser. La Libye du Colonel Kadhafi avait proposé de soutenir la création du FMA en faisant un don substantiel.
Les Africains ont tergiversé et aujourd’hui, bien que les statuts et autres documents de mise en œuvre soient pratiquement prêts, il n’est pas sûr que l’approbation ait lieu lors du prochain sommet de l’union africaine en juillet 2012. YEA.
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