Questions sur l’actualité du 12 Avril 2012
Avec la fin en queue de poisson de la démocratie malienne avec le coup d’Etat du Capitaine Sanogo le 22 mars 2012, la question de la crédibilité des choix électoraux doit être reposée.
En effet, les influences et autres appuis accordés par des pays occidentaux à des candidats conduisent parfois à avoir à la tête des Etats africains des individus qui, en perdurant au pouvoir, finissent par perdre le soutien effectif des populations.
Quand une partie de l’armée s’en mêle, on peut soit avoir des coups d’Etat à la nigérienne considérés comme une libération ou alors un coup d’Etat à la malienne qui a permis d’introduire une confusion totale dans une situation précaire et complexe où démocratie, sécurité et unité territoriale étaient considérées comme des acquis. Pourtant des crises anciennes couvaient et ont été mal solutionnées par des techniques d’évitement du conflit, ce qui a conduit à un conflit majeur. De la stabilité, on passe à la déstabilisation.
Mais il y a une autre forme de coup d’Etat institutionnel. Celle-ci plus répandue en Afrique est très appréciée par les puissances occidentales. Il s’agit de s’assurer que l’armée, bénéficiant des soutiens extérieurs, soutienne leur candidat civil qu’il ait gagné ou pas les élections dites démocratiques. C’est le cas aux deux Congo. Il arrive aussi que la Cour constitutionnelle soit appelée à la rescousse pour valider le candidat que la communauté internationale souhaite légitimer.
C’est le cas en Côte d’Ivoire, au Togo, au Burkina Faso, en Centrafrique, au Gabon, etc. On assiste alors à une situation paradoxale où la crédibilité des résultats des élections est mise en cause comme en RDC, en Centrafrique, au Togo et même au Bénin, mais la communauté internationale a choisi son camp. Les médias sous contrôle crédibilisent l’élection non sans arrière-pensées. Il s’agit bien sûr d’un jeu complexe de protection des intérêts bien compris, souvent sur le dos des populations. En RDC, Mme Mariya Nedelcheva, chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE), a remis le 29 mars 2011 aux autorités congolaises à Kinshasa le rapport final sur les élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011.
La conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) qui représente une grande majorité des Catholiques en RDC a conclu le 12 janvier 2012 que les résultats de ces élections furent marqués par «des tricheries avérées et vraisemblablement planifiées». La Cenco a demandé à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) «d’avoir le courage et l’honnêteté de reconnaître les graves irrégularités qui remettent en question la crédibilité des résultats des urnes ». Pour la mission d’observation électorale de la Cenco, «le vote s’est déroulé à beaucoup d’endroits dans un climat chaotique». Tous les Congolais sérieux sont unanimes pour dire que dans les élections où la vérité des urnes n’arrange pas les grandes puissances occidentales, tout est fait pour que des dysfonctionnements graves interviennent au niveau de la compilation des résultats des élections.
On évite d’annoncer les résultats dans chaque bureau de vote dès qu’ils sont disponibles. Il suffit maintenant de laisser les militaires installer le Président par la force. Ensuite, il suffit d’isoler ou de diviser les oppositions quand les transhumances ne fonctionnent pas. En feignant de soutenir le candidat de l’opposition qui a gagné les élections comme au Congo démocratique ou au Togo, la communauté internationale fait patienter tout le monde en exhortant à la paix… puis rien ne se passe et d’un seul coup, la mission d’observation de l’UE plaide pour plus de transparence lors des prochaines élections et les présidents de la contrevérité des urnes n’ont plus rien à craindre. Alors quand Amadou Toumani Touré a « oublié » de mettre à jour la liste électorale malienne (cela devait favoriser des élections transparentes et des après-élections paisibles), la CEDEAO n’a pas posé de problèmes.
La crédibilité et la légitimité d’un dirigeant africain dans un tel contexte dépendent énormément des arrangements entre les dirigeants de la CEDEAO, eux-mêmes très dépendants des groupes ésotériques et des dirigeants occidentaux, gouvernements comme multinationales. Au Mali, ce sont les groupes terroristes qui se frottent les mains en attendant les prochaines rançons que les Occidentaux vont leur transférer pour tenter de libérer leurs otages.
Tout le monde se fout des peuples : congolais, malien ou azawad ? Les missions d’observations de l’UE servent à se donner bonne conscience et faire partir les dirigeants africains ou les conserver selon que cela arrange ou pas les intérêts des pays « contrôlant » économiquement le pays africain, et donc son exécutif. YEA.
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