Questions sur l’actualité du 13 Avril 2012
A force de refuser de s’organiser sérieusement collectivement, l’Afrique est en train peut-être de repousser les chances véritables de devenir la « nouvelle frontière » à laquelle croît Lionel Zinsou, le franco-béninois à la tête d’un fonds d’investissement.
Il est pourtant conscient que les alternances politiques violentes, les pays dirigés par des régimes civils sous contrôle des militaires et des vendeurs d’armes, la perpétuation du refus de l’industrialisation et la préférence pour la rente et la prédation feront que le nombre d’Africains qui va mieux vivre dans les années à venir va augmenter au même titre que les inégalités.
Axelle Kabou, une franco-camerounaise vivant en Bretagne ne s’y est pas trompée en ramenant à la raison ceux qui par trop d’optimisme croient que les déclarations de la Banque mondiale sur les statistiques de réduction de pauvres en Afrique va servir de « détonateur » à une baisse généralisée de la pauvreté sur le continent.
Pourtant, les crises sur l’intangibilité des frontières coloniales sont en train de s’accélérer sur le continent : conflit Maroc/Algérie sur le territoire Sahraoui, Erythrée en Ethiopie, Sud-Soudan au Soudan, Azawad au Mali… Qui sera le prochain ? Tout va dépendre d’une communauté internationale et de son intérêt à accéder aux matières premières avec des alliés à l’extérieur ou à l’intérieur des frontières africaines actuelles ou passées. Des dirigeants africains continuent à diriger leur Etat sur une base clanique sur fond de pouvoir patrimoniale fondée sur une prédation facilitée par des alliances avec les puissances étrangères, de préférence privées, mafieuses et étatiques.
Au lieu d’opposer tous ces grands penseurs de la Diaspora, il vaut mieux les mettre d’accord sur un point : il y a encore trop de dirigeants africains, tant dans le secteur privé que dans le secteur public comme dans le simple citoyen y compris dans la Diaspora qui ont un mépris profond pour la défense du bien commun et de l’intérêt général. Mais ce n’est pas inné.
Ces comportements répondent à des logiques de défense des intérêts de ceux qui sont suffisamment puissants pour aider certains à prendre le pouvoir, à le conserver ou à l’enlever non sans une déstabilisation ou une autocratie maquillée sous des doses subtiles de démocraties usurpées sans rapport avec la vérité des urnes. Alors si on demande au pays africains de s’organiser économiquement pour former des blocs qui ont poids international, certains croient que les groupes d’influence africains « blaguent ». Quelle erreur ? En réalité, l’Afrique continue à vouloir travailler avec les pays riches industrialisés qui vont faire, selon le Fonds monétaire international, au plus 1,9 % de croissance économique en 2013, 0,8 % pour la zone euro et 1,2 % pour l’Union européenne alors que l’ensemble des pays émergents et en développement sont projetés autour de 5,9 % en 2013. L’Afrique subsaharienne qui devrait être autour de 5,3 % de croissance économique en 2013 devrait ne pourra avoir un véritable effet de levier qu’en tant qu’entité régionale ou bloc économique. L’Afrique ne refuse pas son développement ! L’Afrique n’est pas « larguée » ! Mais la nouvelle frontière n’est pas pour demain si les dirigeants du continent croient qu’ils peuvent encore continuer à faire l’économie de leur approche économique qui sacrifie le bien commun et le patrimoine africain à des forces étrangères y compris parfois à des groupes terroristes en croyant avoir la paix. Mais c’est de l’inconscience. Avec une politique d’immigration occidentale qui refuse l’enracinement de la 2e, 3e et 4e génération des minorités visibles, il faut s’attendre à ce qu’une partie de la Diaspora africaine la mieux organisée et la mieux disciplinée dans le cadre de sociétés « discrètes » s’attèle à prendre possession des terres ancestrales et fondent une Afrique renouant avec sa gloire passée.
Les nouvelles frontières d’Afrique sont en train de se préparer et de se dessiner. YEA.
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 6:33 — 3.0MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
sanou says
Avec quelle gloire passée allons-nous renouer Yves ? Je commence a me poser sérieusement cette question.