Questions sur l’actualité du 23 Avril 2012
Le 16 avril 2012, le Fonds monétaire international (FMI) a dévoilé ses prévisions économiques pour 2012 et 2013. La fragilité de la croissance mondiale est largement due à la faiblesse de l’absence de croissance réelle des pays riches et le niveau de la dette élevée des pays riches notamment l’Union européenne. Rappelons tout de même que les statistiques du FMI sont assez élastiques parfois avec des marges d’erreur qui peuvent surprendre.
En effet, l’Afrique subsaharienne a eu une croissance réelle annuelle de 5,1 % en 2011 et les projections du FMI d’avril 2012 sont de 5,4 % en 2012 et 5,3 % en 2013. En avril 2012, les projections du FMI sur l’Afrique subsaharienne étaient légèrement plus optimistes avec 5,5 % en 2011 et 5,9 % en 2012.
En comparaison, la France ne devrait pas dépasser 0,5 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2012 et 1 % en 2013. Alors quand certains candidats à la présidence française table sur des prévisions autour entre 1,5 % et 2 % pour élaborer leur programme chiffré, il y a malgré tout du souci à se faire car il y aura des coupes sombres dans les promesses surtout si d’autres pays comme l’Espagne obligent à un plus grand partage des risques au sein de la zone euro, autrement dit, les pays européens solvables devront payer pour les moins solvables.
Mais attention au risque d’entraînement en cascade et une éventuelle déséquilibre au sein du « couple économique » France-Allemagne. A ce titre la projection de la croissance économique de l’Allemagne serait de 0,6 % en 2012 et 1,5 % en 2013, mieux que la France, donc.
Pour revenir sur l’Afrique subsaharienne, l’inflation restera élevée avec 8,2 % du prix à la consommation en 2011 qui augmente pour atteindre 9,6 % pour rebaisser autour de 7,5 % en 2013. La différence entre la croissance du PIB et la croissance de l’inflation tend à montrer que le pouvoir d’achat pourrait ne pas être au rendez-vous en Afrique subsaharienne avec d’énormes disparités et des poches d’opulence qui pourraient ne pas s’investir dans les capacités productives dans le cadre d’une approche écologique fondée sur les énergies renouvelables.
Au niveau des pays, ce sont les pays africains exportateurs de pétrole qui affichent les meilleurs résultats en matière de croissance économique. En 2012, le FMI prévoit 9,7 % pour l’Angola, 8,8 % pour le Ghana, 7,1 % pour le Nigéria, 6,9 % pour le Tchad et 8,1 % pour le Côte d’Ivoire qui affichait pourtant une croissance négative de -4,7 % en 2011. Dans sa globalité, l’Afrique est résiliente pour ce qui est de la croissance économique dans les 2 années à venir.
Il faut toutefois déplorer le fait que le FMI refuse systématiquement de présenter les chiffres de l’Afrique en tant que continent et scinde le continent en deux en classant les pays d’Afrique du nord parmi les pays du Moyen-Orient. Les statistiques de l’Afrique du nord se retrouvent intégrées et sont présentées sous le vocable de Moyen-Orient et Afrique du nord. Cette scission a été régulièrement critiquée par la Commission de l’Union africaine, mais le FMI reste à ce jour très sourd à cet appel.
Alors si on se projette en 2017, le FMI nous informe que l’Afrique subsaharienne est estimée atteindre un taux de croissance de 5,5 % alors que la zone Euro ne devrait atteindre que 1,7 % et l’Union européenne à 2,1 %. Cet écart de développement peut expliquer la nouvelle approche de déstabilisation de l’Afrique. En effet, avec une multiplication des zones de déstabilisation, il n’est pas impossible que les pronostics sur l’Afrique soient revus à la baisse. Maintenant, la vraie question est double : est-ce que l’Union européenne pourra renouer avec une croissance plus soutenue et l’Afrique prendre conscience qu’elle devra réfléchir au type de société qu’elle souhaite créer au lieu de copier les erreurs passées des pays riches. En effet, si les dirigeants africains oublient de réorienter les gains de productivité et les fruits de la croissance dans l’industrialisation si possible dans des secteurs protecteurs de l’environnement, il faut parier que certains pays africains pourraient amèrement le regretter d’ici une décade.
Ces pays manqueront de marge de manœuvre économique pour décider de la voie à suivre pour créer et maintenir un pouvoir d’achat localement. YEA.
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