Questions sur l’actualité du 27 Avril 2012
L’ex-parti unique du Togo, le Rassemblement pour le peuple togolais (RPT), s’est auto-dissout le 14 avril 2012 à Blitta, au nord de Lomé pour créer aussitôt un nouveau parti UNIR (union pour la République) dirigé provisoirement par Faure Gnassingbé. Il a fallu passer par un rapport sur la vérité, justice et réconciliation, un demi-pardon qui ne couvre pas la période de l’après de 2005 quand Faure Gnassingbé a pris le pouvoir.
Comme le recensement récent des citoyens exclut la Diaspora togolaise qui ne figurera donc pas pour l’essentiel sur la liste électorale et ne pourra donc pas voter, il faut bien comprendre que l’objectif recherché par le nouveau parti est de passer du « mariage de raison » entre Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio à une véritable alliance élargie entre UNIR, UFC et toutes les personnalités sympathisantes des deux partis.
Il s’agit de créer un Mouvement large de la réconciliation pour tenter de gagner les prochaines élections législatives prévues avant la fin de l’année 2012, si l’Union européenne se décide à les financer. Le demi-pardon permet de légitimer l’impunité. Mais les déçus ou frustrés de cette opération commando pourrait finir par croire que le nom du nouveau parti est « PUNIR » car certains militaires et autres caciques du RPT pourraient être tentés d’aller rejoindre les mécontents du demi-frère Kpatcha Gnassingbé, un député condamné pour tentative de coup d’Etat non démontré et emprisonné quelque part sur le territoire togolais.
A force de tout faire à demi, Faure Gnassingbé pourrait se réveiller avec une opposition au sein même de la mouvance militaire de soutien à sa présidence qui ne fera pas dans la dentelle. Du côté de l’opposition, chacun se rappelle que 9 députés de l’ANC de Jean Pierre Fabre ont été chassés du parlement togolais au motif qu’ils n’étaient plus sur la liste de l’UFC, le parti de Gilchrist Olympio. La Cour de Justice de la CEDEAO a même considéré que cette décision est contraire au droit et s’est contentée de demander au Gouvernement togolais de s’acquitter des dommages et intérêts tout en laissant à la discrétion de ce dernier la réintégration des 9 députés de l’ANC. A ce jour ces députés de l’opposition ne sont pas réintégrés.
Chacun doit se faire une idée de comment de fonctionner le parlement togolais dans cette ambiance alors que tous les samedis, une coalition de partis regroupée dans le FRAC, le Front républicain pour l’alternance et du Changement avec à sa tête Jean Pierre Fabre manifeste tous les samedis pour réclamer la vérité des urnes et rappeler que c’est Jean Pierre Fabre qui a gagné les élections présidentielles de 2010. Kofi Yamgnane, devenu entretemps le conseiller de François Hollande pour l’Afrique pourrait, en cas de victoire du candidat socialiste aux élections présidentielles françaises, se retrouver en position de soutien favorable de la communauté internationale s’il maintient sa volonté de faire une carrière politique au Togo. Mais il faut compter avec les militaires togolais qui pour le moment, ne voient pas d’un bon œil tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la vérité des urnes et de la transparence dans les comptes de l’Etat.
Alors maintenant que le RPT est dissous, le parallélisme des formes voudrait que les 50 députés du RPT qui siègent au Parlement togolais soient eux-aussi « expulsés » comme l’ont été ceux de l’ANC. Dans tous les cas de figures, ils seront des « non-inscrits » afin de pouvoir toucher leur salaire. Il n’y a donc pas de représentant du nouveau parti UNIR au parlement togolais. Cela présage donc bien d’une dissolution de l’assemblée nationale car ces injustices finiront par déclencher des crises de violences dont l’issue pourrait basculer le Togo vers un futur incertain.
Mais si tout se déroule bien, le Togo pourrait enfin connaître une vrai bipolarisation de la vie politique avec d’un côté la mouvance présidentielle UNIR (Union pour la République) et UFC (Union des Forces du Changement) et ses sympathisants et de l’autre, le FRAC (Front républicain pour l’Alliance et le Changement) entrainé par l’ANC (Alliance nationale pour le Changement) et ses alliés.
La société civile devra alors se déterminer et une grande partie de la population ne plus s’adonner à la transhumance politique juste pour des raisons alimentaires. YEA.
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