Questions sur l’actualité du 18 Mai 2012
La plupart des pays émergents promeuvent de plus en plus le non-alignement et le principe de non-intervention. Le Brésil n’y échappe pas. Pourtant, il y a une forme de deux poids, deux mesures au sein du marché commun en Amérique latine comme le MERCOSUL (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et en préparation Venezuela, etc.).
Les mécanismes d’intégration sud-américaine obligent au respect des clauses démocratiques surtout s’il y a un non-respect de principes démocratiques, ou un abus des droits humains. Il faut reconnaître qu’en Afrique, l’Union africaine (UA) et les organisations sous-régionales comme la Communauté économique et de développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou le marché commun de développement de l’Afrique australe (SADC) se limitent à promouvoir les valeurs dans leurs principes sans arriver véritablement parvenir à les faire appliquer sur le terrain, alors bonjour à la contrevérité des urnes, l’impunité et la démocrature…
Le Brésil ou l’ensemble de la communauté internationale s’alignent souvent sur les positions de l’UA ou les organisations sous-régionales africaines. Le problème survient dès lors que les décisions africaines sont trop conformes à ce que souhaite une ancienne puissance coloniale.
Est-ce qu’avec la montée en puissance du Brésil, ce pays continuera à accepter les positions des dirigeants africains si cela devait s’éloigner des engagements pris et des valeurs défendues ? Cette approche du haut vers le bas aboutit à des contradictions comme au Mali où la CEDEAO « oublie » de s’organiser pour qu’ensemble avec le gouvernement intérimaire du Mali, une attaque coordonnée puisse être menée contre Al Qaïda et ses alliés islamistes (Ansar Dine ou même certains Touaregs de l’Azawad). Cela rappelle la rébellion ivoirienne qui a permis à Alassane Ouattara d’être Président. Dans cette configuration, le Brésil comme la Chine d’ailleurs sont très silencieux et soucieux de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures. Car c’est dans un Etat où règne la paix civile que l’on peut mettre en œuvre la planification prospective à long-terme Brésil 2022, date du bicentenaire de l’indépendance de ce pays.
Les priorités sont claires entre le Brésil et l’Afrique : 1. renforcement des actions de coopération dans le domaine agricole ; 2. conclusion d’accords commerciaux ciblés ; et 3. approfondissement du dialogue politique et de la concertation pour résoudre les différends. Le Brésil a choisi donc l’influence sans la puissance qui traduirait bien la notion de « soft power ». Il est question de renforcer une zone de paix et de coopération dans l’Atlantique sud, tout le contraire de l’OTAN où la coopération en zone Atlantique nord est d’abord et avant tout bien militaire et expansionniste.
La coopération officielle Brésil-Afrique semble donner plus de poids aux opérateurs économiques compte tenu de la lenteur de réactivité des dirigeants africains, trop habitués d’attendre tout de l’étranger, de l’investisseur étranger au lieu d’organiser une forme de « proactivité » afrocentrique. Il est indéniable que l’avantage comparatif du Brésil demeure ses « entrepreneurs-investisseurs » et les secteurs comme l’infrastructure, la productivité agricole respectueuse de l’environnement. Alors que d’autres pays comme la Corée du Sud, la Turquie, la Malaisie, les pays du Golfe sont en train de s’organiser pour occuper des niches en Afrique, le Brésil a compris qu’attendre que les chefs d’Etat africains prennent les devants, peut lui faire perdre une avance sur les nouveaux arrivants.
Le Brésil diversifie son approche. C’est ainsi qu’au début de ce mois de mai 2012, la plus grande banque d’investissement du Brésil (BTG Pactual) annonce le lancement du plus grand fonds d’investissement brésilien dédié exclusivement pour l’Afrique avec 1 milliard de $US pour soutenir les investisseurs brésiliens se risquant en Afrique. Mais son PDG, André Esteves, agé de 43 ans, rappelle que les données macro-économiques de l’Afrique sont bonnes comme les 60 % en moyenne de dette publique, une croissance moyenne de 5 % et une inflation moyenne de 8 %. Cela permet d’investir à long terme avec des bons retours d’investissement notamment dans l’infrastructure, l’énergie et l’agriculture, les secteurs d’avantages compétitifs du Brésil. Mais les secteurs comme l’éthanol, l’agriculture tropicale, les processus de raffinerie, ou tout ce qui concourt à augmenter la sécurité alimentaire avec l’appui aux petits agriculteurs ne sont pas exclus, au contraire. YEA.
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