Questions sur l’actualité du 12 juin 2012
Christine Lagarde, la Directrice générale du Fonds monétaire international, ne paye pas d’impôts sur son salaire annuel net de 551 700 $US (05 juillet 2011 selon le FMI), soit plus de 425 000 Euros par an. Ce salaire ne comprend pas les frais de déplacements très importants.
En refusant de considérer que le monde néo-libéral, qu’elle défend, fonctionne sur la base de vases communicants entre les pauvres et les riches, et entre ceux qui payent des impôts et ceux qui y échappent, elle est devenue une sorte de porte-parole d’une certaine conception de la hiérarchisation des civilisations, donc des humains, et donc des pauvres. Elle est intervenue dans le journal britannique « The Gardian, 25 mai 2012» pour demander au peuple grec de payer plus d’impôts. Elle organise ainsi la concurrence abjecte entre les pauvres qu’elle fonde sur la hiérarchisation des pauvres entre eux. Les Grecs, qui étaient sa cible ce jour-là, sont donc des « en-haut-d’en-haut » des pauvres alors que les Nigériens (du Niger) seraient les « en-bas-d’en-bas » des pauvres.
Mais rappelons fidèlement ses propres mots : elle affirmait donc penser « plus aux petits enfants d’un village au Niger qui reçoivent deux heures de cours par jour, qui se partagent une chaise à trois et qui sont heureux d’aller à école. Je pense à eux tout le temps. Parce que je pense qu’ils ont plus besoin d’aide que les gens d’Athènes». La phrase de 1637 de René Descartes « je pense donc je suis », ne fonctionne pas pour les Nigériens qui demeurent toujours pauvres grâce aux remèdes de « phacochères » administrés par le FMI depuis des décennies.
Si ce n’était pas l’arrivée du pétrole et la concurrence chinoise qui ont permis d’avoir des prix plus juste sur l’Uranium, ce ne sont pas les méthodes d’aspiration rapide des recettes fiscales de l’économie nigérienne par le FMI et la constellation bilatérale qui lui sert de support qui auraient sauvé la population nigérienne qui reçoit près de 100 millions de $EU par an de sa Diaspora.
La phrase de Descartes revisitée pour Mme Christine Lagarde, devrait se traduire comme suit : « Je pense donc je méprise, en toute condescendance ». Elle est tout sauf ignorante des conséquences du FMI sur le pouvoir d’achat des populations africaines avec ses conséquences sur les inégalités et la paupérisation généralisées, y compris sur le retard qu’a pris l’émergence des classes moyennes en Afrique.
En tant que Ministre de l’économie entre 2007 et 2011, ses déclarations étaient systématiquement de nature à voir le monde du côté du « néo-libéralisme » protecteur. Jugez-en ! C’est le 4 juin 2011 dans le journal Télérama qu’elle affirma que « Protéger les faibles contre les forts, c’est l’essence du libéralisme ». En mettant certains de ses propos en perspective, il faut éviter de lui confier un ministère de la prospective économique. Après une analyse pertinente de ses déclarations, un confrère journaliste Séyivé Ahouansou a pu dénicher quelques-unes de ses fameuses phrases.
En effet, le 5 novembre 2007, elle déclara sur la Radio Europe 1 que la « crise de l’immobilier et la crise financière ne semblent pas avoir d’effet sur l’économie réelle américaine. Il n’y a pas de raisons de penser qu’elle aura un effet sur l’économie réelle française ». L’année suivante en 2008, elle déclare au Japon au G7 ceci « Nous ne prévoyons pas de récession dans le cas de l’Europe ». Devant le peuple allemand dans la Revue « Der Spiegel », elle déclare le 13 février 2011 « Tant que je serai dans ce poste [Ministre de l’économie et des finances], la France n’abandonnera pas son statut [de triple A] ».
Il est donc clair que les déclarations de Christine Lagarde sont des incantations néo-libérales qui se sont avérées fausses. Il reste à savoir si elle y croyait elle-même. A son corps défendant, dans les différents postes publics qu’elle a occupés, il fallait d’abord rassurer les marchés et les peuples. Ces convictions dogmatiques de l’économie exportées au FMI ne peuvent que se heurter à la réalité des faits. Les interventions du FMI ont contribué à faire passer la dépendance de l’Afrique subsaharienne de 19 $US par habitant en 2000 à 53 $US en 2009, et le chiffre est en augmentation. C’est cette stratégie que le FMI veut faire appliquer en Grèce. A ce rythme et en tant que DG du FMI, Mme Christine Lagarde ne cherche pas à éradiquer la pauvreté mais simplement à éradiquer les pauvres, dès lors qu’ils ne sont pas membres du club fermé des élites néo-libérales. Face à tant d’ignorance difficilement justifiable sauf de faire preuves d’arrogance et d’apartheid élitiste, il vaut donc mieux qu’elle ne pense pas aux pauvres du Niger, ni à ceux d’Afrique en général car c’est en partie à cause du FMI que l’extrême pauvreté ne sera pas réduite de moitié en 2015.
Peuples grecs et d’Afrique, indignez-vous ! YEA.
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