Questions sur l’actualité du 25 octobre 2011
Personne ne doit oublier que la crise en Côte d’Ivoire a commencé et couvait sous le feu Président Houphouët Boigny, lequel, comme beaucoup de chefs d’Etat africains, oublia de désigner et de soutenir son véritable dauphin.
Il réussit donc le traditionnel « après moi, le déluge » doublé d’une ingérence française discrètement visible sur le contrôle des principales richesses du pays. Cela ne se corrige pas en quelques mois, surtout avec des protagonistes qui demandent à la Cour pénale internationale d’attribuer les responsabilités des massacres post-électorales.
Le refus de recomptage des urnes dans ce pays n’ont pour le moment servi qu’à une forme de reconquête des parts perdues par la Françafrique.
Certains responsables politiques ivoiriens avaient choisi le repli identitaire sous couvert du concept de « l’ivoirité » pour tenter de s’en prémunir. Hélas, un mal ne guérir un autre mal. Trop de citoyens ivoiriens de tous bords ont subi et subissent encore des exactions du fait de leur ethnie, et de leur appartenance politique ou religieuse.
Avec un Président choisi par la Communauté internationale qui a opté pour le moment pour une gouvernance sans parlement, il y a débat sur le transfert de Laurent Gbagbo comme bouc émissaire général à la Cour pénale internationale. Malgré des élections législatives prévues en décembre 2011, les partis d’opposition ne peuvent pas se réunir sans se faire taper dessus. Avec les principaux véritables opposants en exil, la démocratie ivoirienne forcée risque d’accoucher d’une démocrature, avec une large abstention ou alors d’un bourrage des urnes. Un boycott du Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo à ces élections sonnera le glas de la réconciliation, et qui sait, le départ d’une rébellion boomerang qui attendra les résultats des élections présidentielles françaises pour s’affirmer.
Le vrai problème est que l’Africain refuse d’employer les instruments qui ont permis de construire la paix durable, la palabre africaine intelligente. Même l’Union africaine (UA) s’en est éloignée, comme au demeurant le Premier ministre kenyan, ex-envoyé spécial de l’UA, qui semble regretter aujourd’hui ses propos anti-Gbagbo, juste pour avoir l’appui des pays occidentaux dans son conflit avec l’actuel Président kenyan qui lui a usurpé sa victoire aux dernières présidentielles.
A force de croire que la solution viendra de l’extérieur avec l’importance démesurée accordée à la Cour Pénale Internationale, il faut s’attendre à un jugement biaisé d’un bouc-émissaire, gage de dépendance et de partialité, qui arrangent la Communauté internationale. Quid de la réconciliation entre Ivoiriens ? La justice internationale a des lunettes occidento-centristes et les ex-chefs des rébellions sanguinaires pourraient s’en souvenir pour dire leur « droit ». La non-ingérence occidentale se mesure aussi au silence coupable des 30 ans de pouvoir de Biya. YEA
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