Questions sur l’actualité du 23 novembre 2011
Le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) est une organisation intergouvernementale qui regroupe les principaux pays exportateurs de gaz, à savoir l’Algérie, la Russie, l’Iran, le Qatar, la Guinée équatoriale, le Nigeria, Trinidad et Tobago, la Libye, l’Égypte, la Bolivie et le Venezuela. La Norvège, les Pays-Bas et le Kazakhstan y ont un statut d’observateurs.
Les pays membres du Forum détiennent plus de 70 % des réserves de la planète et 42 % de la production mondiale de gaz. Ils se sont réunis à Doha, Qatar le 15 novembre 2011.
Les membres du Forum n’ont pas en principe pour ambition de se mettre d’accord sur un niveau ou quota de production de gaz pour stabiliser ou faire augmenter le prix du gaz.
Par contre, il est déterminant pour eux d’éviter des spéculations sur ce produit afin de préserver la stabilité d’un marché volatile. La volonté des pays industrialisés de contrôler leurs sources d’énergie et de sécuriser les approvisionnements en gaz naturel pourrait se traduire par des dépendances voire des ingérences dans les affaires intérieures des membres du Forum. Le marché du gaz repose d’abord sur d’importants contrats avec les pays consommateurs, souvent à des tarifs préférentiels. Il est difficile de venir spéculer sans mettre en péril en aval toute une chaîne de production qui dépend de cet approvisionnement en énergie propre.
Avec l’adhésion du Sultanat d’Oman, les membres de ce club particulier sont 12. Il faudra s’habituer au sigle FPEG : Forum des pays exportateurs de Gaz car ensemble et avec d’autres adhésions, ils contrôleront bientôt plus de 50 % de la production mondiale de gaz. Cela leur donne un poids non négligeable dans un contexte international où les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon sont fragilisés. Des pays de puissance moyenne comme la Russie, l’Iran, le Qatar, l’Algérie, le Venezuela, la Libye le Nigeria et même la Guinée Equatoriale pourraient représenter un poids politique non négligeable et surtout détenir la clé d’une « pression », voire d’un chantage à l’approvisionnement en gaz. Ce rééquilibrage des rapports d’ influences dans le monde pourrait se faire sur le dos de l’Afrique si l’ensemble des Etats-membres du FPEG finissent par ne pas honorer leur engagement de responsabilité vis-à-vis d’une Afrique qui n’a pas encore mis en place les infrastructures adéquates et les mentalités correspondantes pour une utilisation plus généralisée du gaz naturel comme source d’énergie.
Le marché gazier se diversifie du fait de l’arrivée du gaz non conventionnel, l’amélioration technologique dans la liquéfaction, la multiplicité dans les énergies alternatives et surtout la concurrence entre les pays exportateurs de gaz eux-mêmes. Aussi, les pays observateurs (Kazakhstan ou Norvège) avec un Qatar disposant lui seul d’un stock de 25 000 milliards de m3 et proche des Etats-Unis, pourraient assez facilement augmenter leur production sur le marché pour faire chuter les prix. Comme d’autres grands producteurs de gaz (dont la Russie) comptent sur des prix stables et équitables pour soutenir leur croissance économique, il est possible d’envoyer des « signaux géostratégiques » pour changer les prévisions de recettes de certains pays exportateurs qui ne s’alignent pas sur les « standards » de la communauté dite « internationale ». Rappelons que le prix moyen du gaz a triplé entre 1980 et 2010 alors que le pétrole a simplement doublé, malgré les planchers et plafonds records dus à la spéculation. YEA.
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