Questions sur l’actualité du 13 Janvier 2012
Le rêve est devenu réalité en Tunisie. MédiaPart est allé recueillir l’analyse à la source. Oui, la révolution pacifique, démocratique n’a pas accouché d’une souris. Cette révolution sans idéologie, sortie des tripes des citoyens tunisiens n’avait pas de chef charismatique au départ. C’est l’indignation généralisée.
C’est le ras-le-bol des autocrates qui font d’un pays entier une propriété privée dans laquelle les pauvres et les moins-influents sont marginalisés quand ils ne sont pas laissés pour compte.
C’est ce peuple qui a trouvé en son sein ceux qui se sont immolés pour la liberté et la soif de la liberté. C’est ce peuple qui a décidé, dans un monde sclérosé par la corruption et la gestion des passe-droits, de retrouver son droit le plus absolu que lui confère la démocratie.
Faut-il rappeler la définition du Président Abraham Lincoln ? Certainement ! La démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».
Il n’y a pas de chef mais un membre du peuple choisi démocratiquement et en toute transparence par le Peuple. Les résistances externes, notamment occidentales et de certains militaires n’ont pas tenu. Un changement radical grâce à une conjonction de dirigeants occidentaux qui ont été surpris.
Mais la vérité est que les partis tunisiens de toutes obédiences se parlaient et ne se détestaient pas. Ils se respectaient et ne s’alignaient pas sur des positions occidentales manichéennes et fausses quant à la réalité des forces islamistes qui ont fait le score honorable de 40 %. Mais 60 % de reste de la population n’est pas sur la ligne du parti dit « islamique ». Donc, entre laïcité ou laïcisme occidental, la Tunisie a tranché.
Une démocratie faite de gens censés, simples, humbles et ancrés fondamentalement dans la gouvernance au service du peuple et le respect du bien commun. Il y a de quoi faire rêver les autres peuples arabes. Mais c’est une bonne leçon pour une partie du peuple africain qui refuse de s’organiser en croyant systématiquement que le salut va venir d’un personnage charismatique.
Il faut donc suivre le nouveau président de la Tunisie, Moncel Marzouki. Un président qui annonce que le Chef, c’est le Peuple ! Vous avez vu cela où en Afrique ? Pas un seul ne pourra affirmer cela aussi simplement et sans recevoir une armée de militaires non-républicains contre lui, sa famille, ses biens… Bref, le problème de la gouvernance politique en Afrique doit intégrer les données et l’expérience tunisienne.
Bravo au peuple tunisien. Bravo à la détermination et à la sagesse. Bravo pour comprendre que tout commence maintenant que c’est le peuple qui a son représentant au pouvoir. Ce n’est que la victoire de la vérité des urnes.
Toutes les mauvaises langues africaines n’ont pas hésité à dire le fond de leur pensée sur ce Monsieur Moncef Marzouki. Mais attendez seulement, il va faire comme les autres. Le poste va le transformer en monstre politique… Mais que dit l’individu lui-même qui est conscient et avoue qu’il a peur que la fonction de Président ne le transforme. Mais il rappelle qu’il suffit de « rester fidèle à des choses très simples, des valeurs très simples de dignité, de courage, de travail, d’abnégation… ».
Pour Moncel Marzouki, le fil conducteur est simple : il faut « rester fidèle à ses valeurs et s’adapter en permanence aux nouveaux défis, à cette nouvelle fonction et rester fidèle aux hommes et femmes qui m’ont aidé, aux martyrs ». Il faut donc rester fidèle à ses valeurs mais encore faut-il en avoir ? Ils sont aux abonnés absents les chefs d’Etat africains qui pourraient dire qu’ils sont restés fidèles à des valeurs ! Le Cap Vert peut-être ! Ce virus tunisien pourrait être salutaire au sud du sahara. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 4:28 — 2.0MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS