Questions sur l’actualité du 17 Janvier 2012
Manifestations. Près de deux semaines que cela dure. Depuis que le Nigéria s’est retrouvé avec une oligarchie d’anciens militaires qui contrôlent l’Etat fédéral, le pétrole nigérian sert de moins en moins les intérêts des populations.
Premier producteur de pétrole de brut en Afrique subsaharienne, le Nigéria a toujours subventionné son pétrole, soutenant ainsi les activités productives et les créations d’emplois.
L’ex-directrice de la Banque mondiale, Mme Ngozi Okonjo-Iweala, actuel ministre des Finances du Nigeria depuis août 2011, passe pour représenter les intérêts des Occidentaux. Elle est surnommée « Okonjo Wahala » ce qui signifie « la femme à problème ».
Entre 2003 et 2006 avec le soutien de l’ex-Président Olusegun Obasanjo, elle a contribué à chasser quelques corrompus et incompétents des postes décisionnels. Mais elle se créa suffisamment d’ennemis au point d’être remerciée par le même Obasanjo.
L’image du Nigeria s’était améliorée mais les institutions anti-corruption ont vu leur marge de manœuvre disparaître. Le Président actuel, Goodluck Jonathan n’a pas compris qu’il s’agissait de renforcer les institutions. Il a même avoué à sa ministre des finances ceci : “certains pensent que vous avez une baguette magique pour tout changer”. Manifestement, Goodluck Jonathan s’est trompé. Avec l’approche dogmatique et le refus de négocier les prises de décisions unilatérales avec les populations, la gouvernance Jonathan exacerbe les tensions entre le Nord et le Sud sur fond d’intolérance religieuse et de fanatisme islamiste.
La grève nationale actuelle repose sur l’incapacité de discuter avec les représentants syndicaux les modalités d’ajustement des subventions pétrolières. Tant que la grève ne gênait pas les intérêts occidentaux et que seules les populations nigérianes souffraient, la méthode du gouvernement consistait à sanctionner et à menacer. En tous cas, le vrai dialogue n’était pas au rendez-vous.
Les deux principales confédérations syndicales dans le pétrole demandent que le Gouvernement nigérian revienne sur sa décision unilatérale de supprimer les subventions sur les carburants, notamment le doublement du prix de l’essence à la pompe le 1er janvier 2012.
Tout ceci se déroule dans un contexte plus sombre de menaces de répression des chrétiens du nord qui sont chassés vers le sud du pays. Il s’agit d’un groupuscule islamique Boko Haram qui fait le jeu de certains gouverneurs musulmans en utilisant l’assassinat de civils chrétiens, notamment le jour de Noël, à des fins de récupération des espaces fonciers. Des attentats, des violences gratuites qui tentent d’ailleurs de “purifier” l’espace en s’attaquant régulièrement aux lieux de consommation d’alcool dans le nord du pays.
Avec plus de 100 morts chez les Chrétiens du nord, les attaques de mosquées au sud du pays où les Chrétiens sont majoritaires apparaissent comme le début d’une chaîne de représailles sans fin. La partition du pays n’est pas à l’ordre du jour mais n’est plus une hypothèse d’école. La guerre civile pourrait être le résultat des politiques dogmatiques, calquées sur l’Occident et prônées par le gouvernement actuel. La décision unilatérale de suppression des subventions sur le prix du pétrole accentue la perte du pouvoir d’achat.
Cette grève pourrait se transformer en une crise majeure d’une gouvernance dogmatique allant à l’encontre des intérêts des populations. Depuis cinq décennies, l’augmentation du prix du pétrole sert à moderniser les infrastructures du pays, affirme le Gouvernement. Mais où sont ces infrastructures ? YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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