Questions sur l’actualité du 27 Janvier 2012
Madame Hilary Clinton, accompagnée du sénateur M. Christopher Coons et du nouveau Général en charge d’AFRICOM (Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique), s’est rendue au Liberia, en Côte d’Ivoire, au Togo et au Cap-Vert entre le 16-18 janvier 2012.
Au Libéria, elle a assisté à la cérémonie d’investiture de la nouvelle Présidente Ellen Johnson Sirleaf. Cette dernière ne peut être fière d’une élection non transparente et non démocratique compte tenu des pressions qui ont pesé sur l’opposition.
L’opposition a d’ailleurs préféré ne pas aller au deuxième tour afin de ne pas cautionner un tel système qui n’est pas étranger aux Etats-Unis. Toutefois, l’opposition a finalement accepté sous conditions de participer à un gouvernement de Mme Johnson-Sirleaf qui avait en son temps soutenu et souhaité une femme à la maison blanche…
En Côte d’Ivoire, elle a rappelé que pour consolider le processus démocratique, il faut accepter « d’inclure l’opposition dans le travail de reconstruction, donner une place à la société civile, aux femmes et aux jeunes qui ont besoin d’emploi et de formation ».
Mme Clinton ne se rend pas au Togo pour traiter des problèmes du Togo mais des dossiers américains. Il est question d’abord d’obtenir un soutien du Togo, membre du Conseil de sécurité des Nations Unies depuis janvier 2012 pour deux ans. En clair, le Togo devrait voter pour les positions des Etats-Unis sur de nombreux dossiers comme la Syrie, l’Iran et bien d’autres.
Il faut se demander si l’abstention du Togo pourrait faire l’affaire. Et que se passerait-il si le Togo osait dire non à une demande américaine si celle-ci n’est pas en phase avec une demande française. Le second dossier épineux concerne la sécurité mondiale.
Le Togo est reconnu par les Etats-Unis comme un « hub » du terrorisme international. Des rapports précis ont conduit les autorités américaines à porter plainte contre des entreprises servant de logistique et de transport pour des activités de blanchiments d’argent. Il est question de plus de 483 millions de $US, soit 225 milliards de FCFA. La supercherie a consisté à maquiller le trafic de drogue sous le couvert d’un commerce de voitures d’occasions.
Chacun sait qu’au Togo, l’essentiel de ses activités ne peut se réaliser sans un consentement tacite du système politique au pouvoir.
De plus des établissements financiers et d’autres actifs dans le transport sont directement incriminés par un procureur américain. Un agent du Hezbollah aurait une résidence officielle au Togo et demeure introuvable. Le « deal » est clair : Le Togo s’organise pour coopérer avec les Etats-Unis en livrant le maximum d’information aux services américains sur le volet qui intéresse les Etats-Unis.
La partie concernant le trafic où des personnalités togolaises seraient impliquées semble être laissée à l’appréciation du Gouvernement togolais afin de ne pas être taxés d’ingérence dans les affaires intérieures du pays. En retour, le Togo pourrait voir les Etats-Unis reprendre leur coopération suspendue depuis les années 1990 pour « déficit démocratique ».
Le Togo, ayant compris le sérieux de la situation, a choisi d’annoncer que les élections au Togo se feront systématiquement à deux tours. Pourquoi cette condition n’était pas intervenue en 2005 et en 2010 pour les élections présidentielles qui restent un point d’achoppement ? Manifestement, Mme Clinton n’a pas jugé nécessaire de rencontrer officiellement les responsables de l’opposition qui continuent à rappeler que Faure Gnassingbé n’est pas le Président du Togo, du fait d’élections usurpées. La diplomatie intelligente de Mme Clinton semble se concentrer sur ceux qui disposent de la force militaire en Afrique.
Au Cap-Vert, Mme Clinton a compris qu’elle visitait le bon élève de la démocratie en Afrique. Les entretiens avec le Premier ministre José Maria Pereira Neves se sont concentrés sur la lutte contre le trafic de drogues et les conditions à réunir pour obtenir un budget et des facilités sur le Millenium Challenge Corporation, MCC, une partie de l’aide bilatérale américaine. Promouvoir la démocratie est une priorité seconde dès lors que les Etats-Unis estiment qu’il y a rétablissement de la paix post-conflit, un semblant de gouvernance de qualité et l’adoption de réformes économiques en harmonie avec les intérêts américains. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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