Questions sur l’actualité du 6 Avril 2012
Le Président du Groupe de la Banque mondiale, Mr Robert Zoellick, devra quitter la tête de cette organisation d’ici fin juin 2012. Pour cette institution multilatérale de financement du développement, ce sera la fin du long règne des responsables américains issus des choix de George W. Bush, l’ex-Président américain.
Celui-ci avait choisi Mr Zoellick qui fut approuvé par le conseil des directeurs de la Banque mondiale le 25 juin 2007 comme Président de la Banque mondiale en remplacement du précédent Président, Paul Wolfowitz, accusé de népotisme et forcé à la démission. Il faut savoir qu’un accord tacite et non écrit fait que le poste de Directeur général du Fonds monétaire international (FMI) est systématiquement occupé par un Européen alors que celui de la Banque mondiale (BM) revient à un Américain.
Cela remonte à la distribution des pouvoirs économiques au sein du conseil d’administration de ces institutions et au fait que les pays en développement, africains en particulier, étaient alors en grande majorité des colonies. Aujourd’hui, malgré le poids de plus en plus grandissant des pays émergents – les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud)-, disposent d’une faible influence dans la composition du conseil d’administration. Ils n’y sont plus représentés en fonction de leur poids économique réel. Alors, la question est de savoir quelle sont les chances des candidats qui ne sont pas Américains pour diriger la Banque mondiale ou Européens pour le FMI ?
Après 68 ans de direction sans partage d’un Américain à la tête de la Banque mondiale, Barack Obama a choisi un non-américain, une première. Le Président Barack Obama a créé la surprise en choisissant un Coréen qui vit aux Etats-Unis depuis 47 ans. C’est le 23 mars 2012 que la Banque mondiale a clôturé la liste des candidatures pour occuper le poste de Président de la Banque mondiale. En lice, deux représentants des pays en développement en la personne de la nigériane Mme Ngozi Okonjo-Iweala, l’actuelle ministre des Finances pour l’Afrique et le colombien Mr José Antonio Ocampo, Professeur à Columbia University, New York.
Pour les pays riches industrialisés, c’est Jim Yong Kim un coréen du sud, médecin diplômé de l’Université Harvard, ancien responsable du VIH/Sida auprès de l’agence spécialisée des Nations Unies, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Président de l’université Dartmouth College (New Hampshire) depuis 2009. Rappelons toutefois que toute cette élection n’est pas très démocratique mais fonctionne sur la base des rapports de force entre les grandes puissances. Paradoxalement, les pays riches industrialisés ne souhaitent nullement changer cette règle non démocratique où la rotation à la tête de l’organisation n’est pas à l’ordre du jour.
C’est ainsi qu’Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères français a rappelé qu’il n’y avait « aucune raison à ce stade » de remettre en cause l’accord tacite sur les allocations de poste à la direction de la Banque mondiale et du FMI. Bien que la procédure normale d’analyse et de sélection des candidats devrait tomber après le 20 avril lors de la réunion de printemps de la Banque mondiale, le Président américain Barack Obama a marqué sa préférence pour le Coréen Jim Yong Kim, malgré des noms prestigieux parmi lesquels Susan Rice, Représentant permanent des Etats Unis auprès de l’ONU depuis janvier 2009. Les précédents Présidents de la Banque mondiale sont de confession juive. Alors, il n’est pas étonnant de constater que le Président Obama ait plutôt suivi le conseil de Timothy Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor, un ancien élève de Harvard Université et un garant de la défense des intérêts juifs.
Le soutien de Barack Obama au Dr Jim Yong Kim pour la présidence de la Banque mondiale est aussi un clin d’œil à Israël, à la Corée du Sud, et plus largement à l’Asie émergente. Après avoir contribué à créer une grève nationale au Nigeria en ordonnant la fin des subventions sur les produits pétroliers, la ministre des finances et ex-directrice de la Banque mondiale Mme Ngozi Okonjo-Iweala ne sera pas la première femme africaine à la tête de la Banque mondiale. Dr Kim a réussi à convaincre des fabricants de médicaments génériques à réduire de 95 % le coût des médicaments contre la tuberculose. Mais, il n’a pas réussi pour autant à éradiquer la tuberculose.
La Banque mondiale n’a jamais réussi depuis 1945 à éradiquer la pauvreté tout en faisant des bénéfices substantiels sur le dos des pauvres. Dr Kim devrait réorienter la Banque mondiale vers des résultats tangibles que les vrais bénéficiaires en dernier ressort pourraient louer. YEA
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