Questions sur l’actualité du 17 Avril 2012
Il est rare de ne pas entendre un Africain, et plus particulièrement ceux de la Diaspora, critiquer le fonctionnement de l’Union africaine, l’institution continentale. C’est depuis 1963 que l’intégration africaine est au programme.
Ce ne sont pas les plans qui ont manqué : plan d’action et Acte final de Lagos en 1980, le Traité d’Abuja en 1991 et entré en vigueur en 1994, la Déclaration de Syrte en 1999, l’Acte constitutif de l’UA démarré à Lomé, adopté en 2001 à Lusaka et officialisé en 2002 à Durban.
Malgré tout ceci, les huit sous-régions africaines, plus connues sous le jargon de CER (Communauté économique régionale) avancent chacune à leur rythme selon six étapes inscrites dans le traité d’Abuja. Alors en faisant un petit calcul, l’intégration continentale n’est envisagée qu’entre 2028 et 2034 sous le nom de « Communauté économique africaine ».
Encore faut-il parvenir à l’Union douanière avant 2017 ! Mais en 2012, la libre circulation des biens entre les pays n’est toujours pas évidente. La politique commerciale commune et la taxe extérieure commune devraient pouvoir être opérationnelles en fin 2012 pour les régions comme la SADC (Afrique australe), la CEEAC (Afrique centrale), la CEDEAO (Afrique de l’ouest), la COMESA (Afrique australe et de l’est et océan indien).
Il ne faut pas oublier les sous-structures régionales comme l’UEMOA ou la Communauté africaine de l’est. Il faut féliciter la CEDEAO qui a compris que les avancements rapides sont liés à l’existence d’un budget propre. Une taxe automatique sur certains produits d’importation et versée directement à la CEDEAO ont fait oublié les retards, les reports et autres inconvénients.
Pourtant, c’est justement cette taxe automatique que certains dirigeants africains refusent d’accorder à l’UA. Il faut sanctionner les Etats qui adoptent le principe mais refusent d’imposer et de transférer les budgets à l’UA.
Ce n’est pas tout d’avoir des fonds propres. Il faut surtout trouver les moyens d’avoir un effet de levier sur la croissance économique positive annoncée du continent, ce depuis près de 10 ans. Oui, l’Afrique soutient la croissance mondiale ! Mais cette croissance ne pourra pas être soutenue si l’accent n’est pas mis sur 1. les gains de productivité dans tous les secteurs, 2. les capacités productives avec du contenu technologique et enfin 3. l’innovation.
Sans l’amélioration de la formation, de l’éducation ciblée, des gouvernances d’anticipation, le retour de la vérité des urnes et une intégration accélérée y compris au niveau de la convergence monétaire, il sera difficile pour l’Afrique de créer des pôles de compétitivité, des agglomérations de valeurs ajoutées et la mise en commun de compétences. Tout cet ensemble transformera l’Afrique en un pôle de croissance dans les décennies à venir.
Mais à contrario, si la vieille politique de « dépossession » des richesses africaines se perpétue sous la forme 1. d’une gestion patrimoniale et clanique à la tête de certains Etats, 2. d’exploitation anarchique du sous-sol, du sol, de la mer et de l’air et que cela se traduit par 3. un refus par les dirigeants africains d’investir localement eux-mêmes, alors l’Afrique pourra se muer en des pôles d’extinction de la création de valeur ajoutée. La fuite, actuellement très élevée des capitaux, doublée d’une fuite des cerveaux et un désintérêt de la Diaspora du fait du manque de démocratie usurpé, pourrait conduire à un dénuement ici et là sans précédent.
Cette marginalisation ciblée et liée à la résultante des intérêts conjugués du marché et des politiques publiques pourrait faire disparaître le retour progressif et constant de la confiance en l’Afrique. C’est pourtant ces deux alternatives qui s’offrent à cette Afrique plurielle. YEA.
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