Questions sur l’actualité du 24 Avril 2012
L’Afrique, depuis le Général De Gaulle, relève du domaine réservé du chef de l’Etat français. Cela n’a pas changé avec François Mitterrand au cours de ces 14 ans de règne, ni depuis Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, qui ont contribué à intégrer le Ministère de la coopération dans celui des Affaires étrangères.
Cela n’a pas contribué pour autant à ce que les pleins pouvoirs quittent la Présidence de la République française. C’est un secret de polichinelle que le Ministre en charge des Affaires étrangères n’est pas toujours au courant des décisions qui se prennent à l’Elysée. Pourtant, il n’y a pas de puissance française sans le contrôle d’une partie de l’Afrique, notamment la partie francophone.
Tout le monde sait que lorsque l’Afrique s’autonomise au niveau de sa gouvernance, la position de la France se détériore dans le monde au point que certains voient la puissance de la France rétrécir sans une Afrique affaiblie, tout au moins au niveau de ses décideurs. Il n’y a pas de grande puissance française aux Nations Unies sans les voies « automatiques » des pays africains. Alors il importe que la France ait directement ou indirectement un moyen d’influencer l’Union africaine, les institutions sous-régionales comme la Communauté économique et de développement des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou plus francophone, l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA).
La difficulté à porter à la tête de ces institutions africaines des candidats libres et indépendants est en rapport direct avec justement les enjeux de puissance de certains pays riches. Quand l’Afrique stagne au plan décisionnel, les grandes puissances en tirent un grand bénéfice en termes d’influence et d’orientation de l’économie mondiale. Avec l’arrivée des pays émergents et leur volonté d’indépendance et de non-alignement, certains dirigeants africains hésitent à choisir le camp.
D’autres jouent au double agent optant pour la transhumance entre les pays émergents et les pays riches. En définitive, c’est l’Afrique en tant que continent qui y perd. Les populations ne font que subir les conséquences de ces hésitations. L’absence de lisibilité de la politique étrangère française vis-à-vis de l’Afrique francophone peut se résumer à de grandes incantations contre la« françafrique » avant les élections, et le statu quo une fois les élections passées et les Africains-Français grugés. Alors le domaine réservé du chef de l’Etat français ne peut disparaître si les chefs d’Etat africains eux-mêmes gèrent l’Etat comme on gère un domaine patrimonial.
Le vrai débat en France entre la gauche, la droite ou le centre n’a pas eu lieu. L’Afrique est indispensable à la puissance de la France. Pourtant quid de l’Afrique dans la campagne électorale ! Les grandes promesses d’augmentation de l’aide au développement sont restés lettre morte. Il y a actuellement une baisse. Les investisseurs français quittent l’Afrique sauf si l’Etat africain prend des garanties financières pour éponger les dettes découlant d’un investissement raté.
Les Etats africains soutiennent trop les investisseurs qui transfèrent le risque sur les populations via la garantie de l’Etat. Ce manque-à-gagner ne profite pas aux populations africaines. Croire que la démocratie sénégalaise de Macky Sall est équivalente à la démocratie de l’ingérence de la Côte d’Ivoire, celle de la contre-vérité des urnes du Gabon ou du Togo ou au Congo démocratique, celle de la complaisance au Cameroun, Burkina-Faso ou même au Bénin, c’est que la conception de la vérité des urnes par la France de l’après-élection reste trop élastique.
Personne n’oublie les humiliantes queues des Africains devant les ambassades françaises en Afrique à la recherche d’un hypothétique visa. Personne n’oublie aussi certains fonctionnaires d’ambassades occidentales qui profitent de la procédure pour se faire de l’argent sur le dos des pauvres africains. Alors, redorer l’image de la France passera par une nouvelle politique de la migration circulaire entre l’Afrique et la France, fondée sur l’acquisition des compétences et la diffusion du savoir.
La France de l’après-élection présidentielle gagnerait à opter pour l’enracinement des peuples et l’économie de proximité. La France doit cesser de voir l’Afrique comme un espace postcolonial où l’on peut continuer à travailler impunément avec des dirigeants de la contre-vérité des urnes et des armées non républicaines.
Avec une Diaspora de plus en plus organisée, la France gagnerait à travailler avec les représentants du peuple africain qui ont opté pour une démocratie reposant sur la vérité des urnes. YEA.
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 8:43 — 4.0MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
KANTE says
Ce Président de La Transe !
Émouvant !
Il est émouvant, le Président de la Transe,
Quand il parle de la France et qu’il parle à toute la France.
“Je vais vous protéger”, lui promet-il avec déférence.
Et il est, parfois, épatant !
“Du Palais de l’Elysée, argumente-t-il,
Je suis, bien évidemment, le mieux placé
Pour veiller sur les Champs du même nom.
Car, le chantier que j’y ai ouvert est sans précédent.
Il est énorme comme jamais aucun autre dans le passé ne l’a été.
Il est historique, te dis-je, poursuit-il soudain familier !
Dans les jardins de tous les Palaces acquis par les vrais Arabes,
Des vraies tentes seront installées pour compléter leur confort.
Pas la tente du Bédouin massacré dans les conditions que tu sais.
Des cordons de sécurité pour te protéger de l’invasion par les hirondelles des Printemps arabes, j’en ferai ériger. Alors, authentiques émirs, actionnaires de vraies Banques,
Prêteurs sans intérêt, investiront dans tous les secteurs économiques vitaux
Pour attirer vers la France, entre autres, les meilleurs vrais footballeurs.
Ne seront pas moins retenus, parmi tous les vrais Français, les vrais entrepreneurs.
Qui sauront à leur tour réserver une place adéquate aux Fonds Souverains Chinois.
Alors, couleront à grands flots, ininterrompus, les précieuses liquidités.
Me soutient, pour cette raison, le plus illustre des anciens Présidents vivants,
Le vrai connaisseur des valeurs clinquantes que recèle une certaine Centrafrique. C’est dire !
Ma chère France, ils ironisent sur mon inculture alors que je suis ton Delacroix ressuscité.
Je ne peindrai pas pour autant une quelconque fresque de Paris.
J’y ferai plutôt construire ces Merveilles d’Asie et surtout d’Arabie
Qui éviteront que les Français s’égarent à l’avenir,
Au Proche, au Moyen ou en Extrême-Orient avec le grand risque
D’y être pris comme otages par des hordes de terroristes.
Je suis ton Chateaubriand des temps nouveaux, inspirateur bientôt d’un Orientalys’ land
Concurrençant à la loyale et de façon non faussée le Parc de Disneyland,
Réceptif bling bling qui ne s’est pas distingué à mon égard par une grande reconnaissance.
Aux Russes, aux anciens Russes Blancs, je dis bien : Blancs, c’est important !
Seront dévolues ta Côte Atlantique et ta Côte d’Azur.
Ils y seront rejoints par les nouveaux Russes riches !
Aussitôt, reviendra à la vraie Droite le bon vrai caviar
Préempté et nationalisé de longue date par la Fausse Gauche.
Qu’ils s’en aillent tous, où ils veulent aller, les militants des Partis staliniens,
Les chercheurs qui ne trouvent pas, les philosophes partisans,
Les élites bobos du Boulevard Saint-Germain, les “médiacrates”, gauchistes invétérés
Et tous les corps intermédiaires… ces empêcheurs de tourner en rond.
Entre nous, ma chère France, il ne peut plus y avoir de place
Même pour la plus mince feuille de papier à musique !”
Il gesticule. Il gesticule encore, il gesticule toujours.
Il hausse les épaules : d’abord l’une
Puis l’autre. Puis les deux en même temps.
Il dodeline de la tête : un coup à gauche, un coup à droite.
Il se ravise qu’il vaudrait mieux faire mine de le donner,
Le coup de tête, à la Gauche à partir de l’extrémité la plus à Droite.
Il émet une plaisanterie qui l’amuse, lui, en premier.
N’y goûte qu’à retardement son auditoire pourtant trié sur le volet.
“Toutes les épaves de bateaux échoués sur nos Côtes,
Je les renflouerai, je les transformerai en résidences pour les vrais travailleurs sans papiers,
Pour les vrais ouvriers, choisis parmi les plus habiles dans le maniement du marteau-piqueur.
Et pour les éboueurs émérites sachant – avec quelle dextérité ! –
User des balais et autres karchers garantissant la propreté de nos villes-lumières.
À eux, tous, j’accorderai des autorisations de circuler
Des bateaux à la terre dans les bureaux, dans les entreprises et dans les rues,
À certaines heures bien précises de certains jours.
Juste aux moments de nous rendre des services.
Que dis-je ! De vous les rendre à vous, car, je le fais, moi de façon tout à fait désintéressée.
Je veillerai sur la sécurité des vraies femmes de ménage,
Sur celle de toutes les Françaises qui officieront dans les Palaces.
Je procurerai aux unes et aux autres des ceintures de chasteté,
N’ignorant pas ce qui sommeille sous les djellabas et autres turbans.
Sans me mêler de ce qui ne me regarde pas : le sort de leurs femmes sous les burqas !
Exterritorialité totale oblige, n’est-ce pas, pour les pourvoyeurs de fonds sur les Champs !
Il mouline des lèvres, les retrousse sur ses gencives.
Et voilà qu’il sourit et qu’il rit. Tout son visage n’est plus qu’un rictus.
Et, comme l’auditoire ne s’est pas aperçu qu’il lui faut sourire
Et rire, lui aussi, pour présenter bien devant les caméras embarquées,
Il succombe à la supplique : “Aidez-moi ! Aidez-moi !”
Quand il a fini de parler, il remercie l’Assemblée, la main droite à plat sur le cœur.
Qu’il est impressionnant le Président de La Transe !
Lui qui ne boirait que l’eau sauf pour plaire à un électeur,
Il sue à présent sang et eau, en abondance.
Les sons et les images dégoulinent, ruissellent.
Quand, devant la télé, il nous arrive d’être un peu facétieux comme un certain chanteur
En coupant le son, l’expression de son corps qu’il a donné à sa France est époustouflante.
Le ballet qu’il exécute est digne d’une chorégraphie des plus Grands Maîtres de Danse !
En vérité, Le Président qui entre en transes n’étonne plus.
Il ne surprend plus, Le Chanoine d’Honneur de Saint-Jean de Latran
Tant il a souvent fait montre de sa virtuosité dans l’Outrance !
Plus préoccupante, me semble-t-il, est la santé de son auditoire
Pour qui rien, le concernant, ne semble rédhibitoire.
Puissent venir vite à son secours, quant à lui, non pas les bons disciples de Freud et de Lacan
Mais les braves électeurs français qui sauront lui prescrire le long congé bien mérité.
Il gesticule, il gesticule encore et toujours avant d’implorer :
“Aidez-moi ! Aidez-moi !”
Il hausse les épaules : d’abord l’une
Puis l’autre. Puis les deux en même temps.
Il dodeline de la tête : un coup à gauche, un coup à droite.
Il se ravise une autre fois qu’il vaudrait mieux le donner,
Le coup de tête, à la Gauche à partir de l’extrémité la plus à Droite.
Il regarde ses mains ouvertes, une fois à gauche,
Une fois à droite où il s’attarde un petit peu plus.
Et il les fait trembler toutes les deux, au rythme des trémolos dans sa voix.
Et il les secoue et les secoue. Il les remue, il les ébranle
Comme pour arracher non pas avec les dents un quelconque pouvoir d’achat pour les Français Plutôt, avec les mains, grappiller les suffrages des électeurs.
Ceux des fans, devant lui, étant acquis d’avance,
Il vise les plus nombreux citoyens français, face à l’écran de leur télévision.
Il remercie l’Assistance, il la remercie encore, il la remercie toujours,
La main droite sur le cœur qu’il aurait sans doute préféré avoir à Droite
Pour pouvoir d’un geste faire deux coups. Le coup de celui qui aime
En même temps que l’acte de celui qui se frappe la poitrine
Afin d’exprimer cette France Forte qui lui serait si chère.
Émouvant, ce Président de la Transe !
Encore plus émouvants, cependant, sont certains de ses auditeurs
Dont on ne peut pas savoir s’ils sont charmés, stupéfiés, sidérés
Ou s’ils ont tout simplement mis en berne leur âme, leur conscience et leur intelligence
Au point de ne pas oser lui recommander
De ne pas secouer plus longtemps “l’Enfant-France”, “la Femme-France”, “l’Homme-France”.
Lui qui, comme on le sait,
A déjà boxé avec violence “l’enfant-Afrique”, “la Femme-Afrique”, “l’Homme-Afrique”.
Il gesticule encore, il gesticule toujours puis implore à nouveau :
“Aidez-moi ! Aidez-moi !”
Alors que continuent de s’entendre les échos de ses superlatifs préférés :
“Comme jamais ! Sans précédent ! C’est historique ! Sans précédent ! C’est historique !”
Il poursuit son meeting par : “C’est historique car, comme jamais, se joue mon Des… au temps pour moi, le Destin de toute la France !”
Et quand, à la longue, le Chef de l’équipe de tournage du Grand Cirque commande : “Coupez !”, l’on est bien soulagé.
Puisse seulement Le Président de la Transe, le “One Penseur Show”,
Président de la France, pour quelque temps encore,
Accepter de méditer – même debout comme il est si souvent, lui –, la certitude
Du sage africain, Tierno Muhammadu Samba Mombeya, mort en 1850
Et qui était conscient, lui, des limites de ses aptitudes :
“Je suis assis sur mon modeste savoir pour sonder l’épaisseur de mon ignorance !”