Questions sur l’actualité du 21 Mai 2012
Avec la victoire de François Hollande le 6 mai 2012, et sa détermination à mettre fin à la Françafrique, il était attendu sur les actes. Aussi, dès la nomination le 15 mai 2012 du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, de nombreux Africains du continent, de la Diaspora et d’ailleurs avaient les yeux rivés sur la composition du nouveau Gouvernement.
Comment les promesses peuvent se transformer en actes ? Il fallait répondre à trois critères pour que les choix du Président François Hollande puissent épouser les contours de l’afrocentricité. 1. Il fallait au moins une personnalité indépendante et noire : ce fut Mme Christiane Taubira, 60 ans nommée Garde des sceaux et ministre de la justice le 16 mai 2012 en tant que 5e personnage du Gouvernement. Elle a promis respect et dialogue dans la mise en œuvre de réformes pour une justice indépendante, dans laquelle les citoyens doivent retrouver confiance.
Il y aura des réformes et elles seront menées « dans la concertation, dans le respect de la diversité des avis » de tous les acteurs du monde judiciaire. Les victimes ne seront plus considérées trop souvent comme des « accusées »… Elle a choisi la « palabre africaine intelligente » pour régler les problèmes… Elle appelle cela le « dialogue » et sera assisté par Mme Delphine Batho, 39 ans, ex-« Madame sécurité » du PS. Il fallait trouver des personnalités compétentes et autonomes pour résister effectivement au rouleau compresseur que constitue la « françafrique » qui devient de plus en plus un poids pour la France et une plaie pour les pays africains et les Départements et territoires d’Outre-Mer. 2. Il fallait pour une fois, un ministre plein pour s’occuper à temps complet et exclusivement de la France hors-métropolitaine. Ce fut M. Victorin Lurel, 60 ans, Ministre des Outre-mer plus connu en Guadeloupe comme « Toto », qui a réussi le tour de force en tant qu’homme de gauche et noir d’être un député et président de région et grand spécialiste de l’Outre-mer du Parti socialiste depuis plus de 7 ans. En se ralliant dès les primaires à François Hollande, il a réussi à imposer son candidat au 2e tour des élections présidentielles de 2012 avec des scores de 72 % en Guadeloupe, son fief, 68 % en Martinique et 71,5 % à La Réunion.
3. Il fallait un ministre qui s’attaquera à la Françafrique sans se faire « éjecter » du Gouvernement quelques mois après comme au temps des Présidents François Mitterrand et Nicolas Sarkozy.
Le Ministre de l’anti-françafrique apparaît sous les traits de Laurent Fabius, 65 ans qui prend le ministère des affaires étrangères avec l’Afrique sous son contrôle. En tant que 3e personnage du gouvernement et connaissant ses convictions et sa fermeté pour la souveraineté du peuple, il faut croire que les dirigeants africains adeptes de la contre-vérité des urnes et de l’usage abusif des militaires pour régler ou plutôt dérégler la démocratie africaine ont du souci à se faire… Alors la question qui taraude les esprits est de savoir si Laurent Fabius, le mitterrandien, fera la rupture dans la politique africaine de la France ou renouvellera sous d’autres formes la politique de la France en Afrique. Laurent Fabius n’a jamais été associé aux pratiques françafricaines et personne ne l’associe à des personnalités françafricaines. Pourtant lors d’une mission privée en tant que consultant formateur au Togo et au Gabon, il a déclaré à la télévision à Libreville que les relations entre la France et le Gabon étaient « excellentes » et même souhaité « qu’elles se développent dans le futur »… Ce commentaire ne peut s’appliquer qu’à sa mission privée. 4. Ce gouvernement ne comporte pas de Secrétaire d’Etat, ce qui préjuge d’une forme collégiale de la prise de décision et du partage des responsabilités. Le patron du Quai d’Orsay (affaires étrangères) sera assisté de trois ministres délégués Mme Yamina Benguigui sera chargée des Français de l’étranger et de la francophonie, M. Bernard Cazeneuve, des affaires européennes et M. Pascal Canfin, du développement. Il faut rappeler qu’en tant qu’euro-député « vert », Mr Canfin siégeait au parlement européen et fut membre entre autres de la commission spéciale sur la criminalité organisée, la corruption et le blanchiment de capitaux.
Certains chefs d’Etat adeptes des biens mal-acquis vont avoir à faire à un membre fondateur de « Finance Watch », une ONG créée en 2011 pour une transparence financière exemplaire sur les transactions des opérateurs sur les marchés financiers (banques, compagnies d’assurance, hedge funds…). YEA.
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