Questions sur l’actualité du 28 juin 2012
A quoi servent les voyages des chefs d’Etats africains ? Chacun a pu constater que le Président béninois, Yayi Boni ne rate pratiquement aucun des grands rendez-vous mondiaux. Il le fait en sa qualité de Président en exercice de l’Union africaine (UA). Il est en effet été choisi le 29 janvier 2012 par ses pairs. Le problème est qu’il voyage tellement que chacun commence à se demander s’il n’est pas utile de faire le bilan « coûts-avantages pour les Africains » à mi-mandat. On ne sait d’ailleurs pas exactement qui paie les factures de tous ces voyages. Des supputations vont bon train que ce serait le Nigeria qui garderait ainsi indirectement le contrôle sur l’essentiel de l’agenda de l’UA et par la même occasion soutiendrait le candidat francophone, Dr Jean Ping contre la candidate sud-africaine, Mme Nkosazana Dlamini Zuma. Pas moyen d’avoir des preuves !
Mais, c’est le même Nigéria qui aurait aussi, grâce à de grosses sommes d’argent, conduit une grande partie de l’opposition béninoise à un silence de cimetière sur les revendications/contestations portant sur les dernières élections présidentielles. Mais revenons à Yayi Boni, il aurait même battu le record de voyage au cours des six derniers mois… Alors la question mérite de se poser compte tenu des résultats bien maigres pour les Africains : pour qui roule le Président béninois surtout que des missions bilatérales sont couplées avec celles de l’UA. Pour le G20, il s’agit d’une mission très chère puisque Yayi Boni n’a été qu’un simple observateur. L’Afrique n’est pas officiellement membre du G20. L’Afrique du sud ne représente qu’elle-même. C’est donc le Président éthiopien, Meles Zenawi et Dr Yayi Boni qui ont donc « observé » comment le G20 se moque de l’Afrique puisque l’essentiel des problèmes traités portait sur l’absence de croissance de l’Union européenne et ses conséquences sur la croissance mondiale. Mais ce qui n’a pas été dit, c’est que l’UE a demandé aux pays émergents et à la Chine de faire plus d’efforts en faisant passer une « aide au développement », pardon à la croissance de l’Union européenne par le Fonds monétaire internationale. On se demande d’ailleurs pourquoi la Grèce n’a pas choisi de discuter directement avec la Chine pour obtenir de l’argent frais et rembourser sur un délai plus long et plus respectueux des vœux des populations… Peut-être que c’est une « interdiction formelle de l’UE ». La vraie raison est que personne ne mettra en cause le statut de pays riches qui vivent largement au-dessus de leur moyen et sont peu regardant sur leur gestion budgétaire. En effet, les pays riches étaient convaincus de pouvoir continuer à faire payer une partie de leur dette aux pays pauvres et émergents… Ce temps semble révolu même si certains dirigeants africains continuent à aller quémander une hypothétique « dépendance » sous la forme de l’aide au développement.
Revenons au Président Yayi Boni ! Peut-être après tout que l’essentiel des voyages est payé sur le budget béninois… alors où en est ce budget en 2012 ? Rappelons d’ailleurs que sur le long terme, il n’y a pas eu de véritable amélioration. 4,8 % de croissance économique du produit intérieur brut entre 1990 et 2000 contre 4 % entre 2000 et 2009 avec une baisse significative du secteur manufacturier qui est passé de 5,8 % entre 1990 et 2000 à 2,7 % entre 2000 et 2009. Sans ce secteur, pas d’emplois décents et une amélioration substantielle du pouvoir d’achat des Béninois. En 2001, le FMI a estimé la croissance économique du Bénin à 3,1 % avec amélioration 1à 3,5 % en 2012, largement en dessous de la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui devrait atteindre 5,4 % en 2012 et moins bien que la zone franc qui devrait atteindre 5,5 %. Alors le vrai problème est que le PIB par habitant au Bénin était négatif avec -0,2 % en 2010, puis remonte légèrement à 0,3 % en 2011 et peut-être 0,7 % en 2012. Rappelons que l’Afrique subsaharienne est à 3,2 % en 2012. Le vrai problème est que le solde budgétaire global sans l’aide extérieur du Bénin est négatif avec -4 % en 2011 et estimé à -3,6 % en 2012. Alors la question qui se pose pour équilibrer les comptes, c’est qu’il faut cette aide budgétaire, ce qui ramène le déficit budgétaire à -0,7 % en 2012. Mais avec quelle conditionnalité ? Alors, Yayi Boni peut-il mieux faire ? Certainement ! Mais le solde extérieur courant sans les dons du Bénin devrait atteindre -10 % en 2012 (-9,8 % en 2011) alors qu’il était en moyenne de -10,2 % entre 2004 et 2008. Alors, sur ce plan, Yayi Boni ne semble pas avoir fait progresser le Bénin et pourrait avoir d’énormes difficultés avec l’assèchement du crédit qui s’annonce. YEA.
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 6:42 — 3.1MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.