Invité et Interview : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Coordonnateur Général, Collectif pour la Vérité des Urnes-Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) et Membre de la Direction du Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI)
Nom du Journaliste à la Rédaction : M. Sylvain AMOS.
Adresse : Suisse.
Emission du Samedi 24 octobre 2020
Sujet : Vers une 3e voie politique au Togo ?
Résumé : Le Réseau De La Coordination De La Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et le Collectif pour la Vérité Des Urnes Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) proposent une approche opérationnelle alternative afin d’offrir les bases d’une unité parmi des citoyens volontaires et déterminés pour faciliter la fin d’un système fondé sur l’arbitraire au Togo, et symbolisé par le système Gnassingbé.
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Questions du Journaliste : Sylvain Amos :
Réponses : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO.
- Dans une proposition du 09 octobre 2020 adressé au Peuple Togolais, le Réseau De La Coordination De La Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et le Collectif pour la Vérité Des Urnes Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) proposent une approche opérationnelle pour pallier l’absence de propositions crédibles de la part des partis politiques, qui pour une grande partie d’entre eux, sont devenus institutionnels, voire alimentaires, au point de contribuer à la légitimation sinon la justification du système de l’arbitraire au Togo. Parlez-nous de cette approche opérationnelle.
YEA : Bonsoir M. Amos. Je vous remercie pour l’invitation et salue vos auditeurs. La Constitution togolaise nous autorise à faire des propositions alternatives et opérationnelles. Mais nous pensons qu’il faut une convention d’engagement entre chaque citoyen et un projet de société alternatif, écrit et transparent. C’est ce que nous appelons le « contrat social de l’alternance ».
Nous tentons de nous organiser pour agir en faveur du Peuple togolais. Alors, c’est pourquoi faire : c’est pour « refonder » le Togo pour que ce pays redevienne un Etat de droit et non un Etat des abus de droit, voire de non-droit.
L’approche opérationnelle consiste à proposer par écrit une stratégie fondée principalement sur trois documents : Une Charte de la refondation du Togo, un Projet de transition politique et un Projet de société commun qui feront l’objet d’enrichissement sur des bases démocratiques dans le cadre de conférences inclusives avec des citoyens du Togo, volontaires et déterminés, mais sans ceux qui travaillent pour le maintien de Faure Gnassingbé et son système en place.
- En quoi cette approche, dans le contexte que vous avez pris soin de préciser, pourrait-elle constituer l’aboutissement d’un marathon démocratique, une longue lutte pour faire émerger une démocratie inclusive et véritablement représentative du Peuple togolais sans exclusive ?
YEA : Le Réseau de la coordination de la Diaspora togolaise indépendante (RCDTI) et le Collectif pour la Vérité des Urnes Togo-Diaspora (CVU-TOGO-DIASPORA) expliquent au Peuple togolais qu’il faut un projet crédible, un processus, une organisation et des cotisations pour inverser le rapport de force actuel. Vous me parlez de l’aboutissement du marathon démocratique. L’aboutissement pour nous serait la tenue d’élections de la vérité des urnes. Mais vous comprenez bien que cela ne peut se faire sous l’égide de ceux qui ont systématiquement organisé la contre-vérité des urnes au Togo.
Aussi, je vous invite à mettre l’accent plus sur le « Comment » on va aboutir et moins sur le résultat qui est connu et expliqué dans nos documents. Le problème togolais est que « personne ne veut prendre le temps de s’occuper du « comment » … Les échecs et les impasses passées sont justement la résultante de cette erreur de stratégie. Nous avons choisi d’en poser les fondements et d’enrichir nos documents avec l’apport des citoyens volontaires.
- Ce n’est un secret pour personne que le pays repose sur une dictature militaire à façade civile où toutes les institutions sont inféodées au pouvoir qui refuse toute concession. La justice caporalisée n’hésite pas à poursuivre tout porteur d’initiative qui vise à remodeler le système où à le renverser par voies pacifiques. La communauté internationale cautionne cette dictature transmise du père au fils. Quand vous dites REFONDATION, vous y mettez quoi concrètement ?
YEA : La refondation consiste à mettre en place une nouvelle base d’organisation de l’unité des Togolaises et Togolais, ce à partir de principes éthiques, contrairement aux lois de l’arbitraire et de l’abus de droit et de pouvoir, doublé de corruption qui servent de fondement au système actuel.
Toutefois, vous semblez insinuer qu’il faut que nous (RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA) renoncions à proposer un projet innovateur et alternatif au Peuple togolais parce-que le pouvoir a choisi l’intimidation envers « tous porteurs d’initiatives » ? Nous ne sommes pas dans cette logique.
La vague qui émergera à terme des nouvelles fondations que nous proposons va balayer, telle un Tsunami, un système qui opprime le Peuple togolais dans sa très grande majorité.
Sachez que ce que vous appelez la communauté internationale ne cautionne pas une dictature mais n’a pas de projets alternatifs crédibles et soutenus par la population togolaise. Vous savez, la façon dont la France a lâché le Président tunisien ou malien, ne permet pas d’abonder dans votre sens. Pour ce qui est de la refondation, je vous invite ainsi que tous les auditeurs à lire nos propositions ainsi que les valeurs humaines inscrites dans la « Charte pour la refondation du Togo » et disponible sur le site CVU-TOGO-DIASPORA (voir https://cvu-togo-diaspora.org/2020/10/09/pour-le-peuple-togolais-proposition-de-charte-de-refondation-du-togo/17999) et intégralement dans le Journal La Manchette numéro 130 du 21 octobre 2020. Il s’agit d’une Charte pour un Togo sans arbitraire, si le Peuple togolais, volontaire et déterminé, le souhaite.
- La transition politique revient toujours dans les différentes propositions. L’Union des Forces de Changement (UFC) en son temps parlait d’alternance négociée ; Djimon Oré depuis la création de son parti politique Front des Patriotes pour la Démocratie (FPD) ne cesse de parler de transition politique consensuelle. Au 27ème dialogue tenu à Lomé, la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition et les Forces vives avaient scruté vainement cette piste. Une délégation de CODITOGO conduite à l’époque par son ex-Coordonnateur Ekué Gamessou Kpodar avait remis mains à mains au Président Ghanéen alors facilitateur, un mémorandum dans lequel l’accent est mis sur la transition. Peine perdue. Vous revenez sur cette thématique dans votre approche. Expliquez-nous comment vous comptez obtenir cette transition sur lequel pèsent des pesanteurs ?
YEA : Je pense que vous oubliez de préciser la définition qui a été donnée au mot « transition » dans la bouche des personnalités que vous avez citées. Pour beaucoup, il ne s’agissait pas d’un projet politique alternatif mais bien d’un changement d’individus. Je vous invite à vous focaliser sur les modalités pratiques et inclusives qui pourront rendre l’ensemble du projet de refondation du Togo crédible pour les populations togolaises. Le projet de transition n’est qu’un aspect de notre approche.
Presque tous les responsables de l’opposition ont envisagé une transition politique. Je ne suis pas sûr que les documents dits « mémorandum » proposés par des partis politiques ou des associations aient fait l’objet d’une approbation par le Peuple togolais.
A ma connaissance, je n’ai pas, vu circuler un projet alternatif. La transition n’est pas une obligation, mais une option pacifique. Où sont les documents faisant référence à une « Charte politique », un « Projet de transition politique », un « Projet de société commun », des « conférences inclusives » ou encore une « Assemblée du Peuple », etc. auprès de ceux que vous avez cités ? Avez-vous fait une émission radio pour expliquer au Peuple togolais le contenu des documents présentés à des facilitateurs de la CEDEAO ? Vous semblez épouser l’idée que c’est la CEDEAO qui va décider de l’avenir du Togo. Tout projet politique doit pouvoir être disponible par écrit et confronté pour que le Peuple togolais fasse son choix parmi les offres politiques crédibles disponibles.
Notre approche consiste d’abord à « crédibiliser » notre offre politique sur la base de la compétence et de la transparence, puis à l’améliorer avec des volontaires par des conférences inclusives, avant d’organiser les conditions du changement du rapport de forces auprès des Etats et pouvoirs amis de la vérité des urnes et de la création de richesses partagées.
- Toute lutte pour se réapproprier son avenir ne se fait qu’à partir des cotisations des Volontaires. Une leçon à méditer pour ceux qui veulent gagner cette lutte de seconde indépendance ». C’est bien ce sur quoi vous avez chuté dans votre document. Comment régler ce problème crucial qui doit contribuer à équilibrer le rapport de force ?
YEA : Il n’y a qu’au Togo que des citoyens croient que l’on peut mener une lutte sans cotiser. Pour nous, les cotisations, même modiques, permettent de se rendre compte si le citoyen togolais, au Togo comme dans la Diaspora, a changé son positionnement de « perdant », en passant de simples spectateurs ou témoins des évènements pour en devenir un acteur, dont un « gagnant » à terme.
C’est pour cela que nous parlons de « volontaires ». Il faudra surtout des volontaires qui doivent faire leur choix entre les différents projets existants. Maintenant, cela fait plus de 15 ans que nous fonctionnons en autofinancement.
Aussi, nous continuerons à avancer sur la base des sacrifices consentis par ceux qui sont déterminés, et qui sont nécessairement des volontaires. Mais, lorsque les non-volontaires comprendront bientôt que le Togo est en train d’être vendu par les détenteurs du pouvoir togolais à des étrangers comme à des mafieux qui soutiennent le régime et que le citoyen togolais, simples spectateurs et témoins, réalisera qu’il est devenu un étranger dans son propre pays, peut-être que le déclic se produira pour mettre fin à cette humiliation collective.
Espérons que cela ne sera pas trop tard.
- Votre mot de fin
YEA : Face à une sorte de fatalisme ambiant entretenu par les lois liberticides et l’alibi de la COVID-19 du régime Gnassingbé, RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA ont jugé nécessaire de s’adresser au Peuple togolais pour lui rappeler qu’il y a une troisième voie politique qui n’a pas encore été explorée. Si les mots utilisés comme « transition » sont connus, l’approche que nous avons choisie repose sur l’indépendance d’actions. Aussi, les adhésions à cette approche alternative vont dépendre du niveau d’humiliation que le Peuple togolaise sera capable de supporter collectivement.
Au moins, nos propositions seront disponibles en cas de démission, de coup d’Etat, d’insurrection populaire ou lorsque le 4e mandat de 5 ans usurpé de Faure Gnassingbé se terminera en 2025. Le peuple ne pourra plus dire qu’il n’y avait pas au moins une politique alternative innovante face à la pratique de l’arbitraire du système au pouvoir.
Je vous remercie.
Émission Radio KANAL K – AVULETE du Samedi 24 octobre 2020.
© CVU-TOGO-DIASPORA