Directeur du groupe de réflexion, d’action, l’influence « Afrology »
Est-ce parce que le G8, lors du sommet de Gleenagles en 2005, n’a pas réussi à tenir ses promesses que le format du G20 a été adopté en 2009 ? Peut-être ! Entretemps la désillusion s’est graduellement installée. Il fallait restaurer la confiance. Merci à Barack Obama, il n’était pas à Gleenagles.
La contraction de la demande internationale en 2009 fera chuter les exportations africaines de près de 40 %. Le bilan de l’assistance technique “aide pour le commerce”, instituée en 2005 lors de la conférence de l’Organisation mondiale pour le Commerce (OMC) à Hong Kong, est plus que mitigé. Il s’agissait d’aider les pays en développement, l’Afrique en particulier, à s’ajuster à la libéralisation de leur commerce, mieux participer au mécanisme multilatéral des échanges et tirer parti du commerce mondial. Face à des résultats aussi médiocres, aucune réforme en profondeur de l’OMC n’est pourtant à l’ordre du jour, ni aucune date butoir pour boucler les négociations internationales sur le commerce mondial(1). L’Agenda sur le développement de Doha va-t-il finalement disparaître des négociations commerciales ? Non, il sera présent de manière symbolique afin d’éviter de braquer les pays pauvres, lesquels semblent aussi opter en parallèle pour des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux qui gagneraient à influencer les accords multilatéraux dont discute l’OMC.
Les prix de la plupart des matières premières non transformées africaines vont aussi baisser en 2009 : ‑48,5 % pour le pétrole et -29,1 % pour les matières premières non pétrolières(2). L’Afrique perdra au moins 2 % de croissance économique au cours de 2009(3), ce que reflète bien la chute des transferts d’argent de la Diaspora, des recettes touristiques et des créations d’emplois. La question est donc ouverte. Que retenir du G20 où l’Afrique fut invitée à la dernière minute en catimini, alors que le monde connaît sa plus grande récession depuis 80 ans, récession qui est appelée à durer puisque seuls les pays émergents et les économies non riches soutiennent actuellement l’économie mondiale.
Le G20 n’a pas pris d’engagement additionnel sur le commerce et le développement alors que l’Afrique attend toujours, sans le développement de ses capacités productives, de tirer un grand bénéfice de ses échanges avec le monde. Aussi, les grandes déclarations du G20 sur le rejet du protectionnisme ne permettent pas de croire en un changement rapide des règles asymétriques d’organisation de la libéralisation du commerce. Les Etats-Unis font du marketing sur “Achetez américain”. L’Union européenne vient de réintroduire des subventions à l’exportation de ses produits laitiers.(4).. Si l’Afrique l’avait fait pour le coton, que n’aurait-on pas dit ? Alors les responsabilités dans le blocage de l’Agenda de Doha ne peuvent être africaines. Il en est de même pour le volet finance où la réforme éventuelle des institutions de Bretton-Woods proposée par le G20 ne devrait profiter que partiellement à quelques pays émergents. Ceci témoigne de la volonté de différenciation de traitement entre les pays, les pays riches restant au centre des décisions fondamentales.
Les conséquences collatérales de la crise financière et le manque de confiance interbancaire réduisent considérablement le financement pour le commerce, devenu rare et cher. Moins de liquidité, une grande aversion pour le risque et l’absence de garanties pour les crédits fournisseurs ou acheteurs peuvent expliquer l’aggravation de la situation sur le continent. La baisse des transferts de la Diaspora fera baisser le commerce informel et, par automatisme, augmenter la pauvreté.
Les annonces du G20 autour de 1 100 milliards de $ US dont 250 milliards de $ US exclusivement pour le financement du commerce (5) ne portent pas sur de l’argent frais mais principalement sur une réallocation d’engagements budgétaires des gouvernements. Les nouveaux engagements ne dépasseraient pas les 25 milliards de $US(6). L’Afrique ferait mieux de commencer à chercher aussi des solutions en interne en utilisant plus intelligemment l’argent placé dans les paradis fiscaux. YEA.
(1) Alan Beattie et Jean Eaglesham, “Still no deadline for global trade accord”, in Financial Times, 3 Avril 2009.
(2) IMF, World Economie Outlook, mise à jour en janvier 2009, p.6
(3) Ibid.
(4) Alan Beattie, “G20 aid pledges must be more than just hot air”, in Financial Times, 5 avril 2009
(5) Trade Finance, “G20 trade finance package agreed”, voir http://www.tradefinancemagazine.com/Article/2175614/Regions/23000/Update-G20-trade-finance-package-agreed.html
(6) Chris Giles, “Large number serve to hide bid divisions”, in Financial Times, 3 avril 2009, p. 4.