Questions sur l’actualité du 26 octobre 2011
La Réunion des actionnaires de la zone Franc CFA le 19 septembre 2011 au Ministère de l’Economie à Paris comprenait les ministres des Finances, les gouverneurs de banques centrales des pays africains concernés, le ministre français des Finances (Président de séance) ainsi que le ministre français de la coopération.
La réunion s’est apparentée à une réunion sur la crise de l’Euro dans laquelle le franc CFA pourrait avoir un rôle de « soutien ». Du coup et en filigrane, c’est l’avenir du franc CFA lequel, rappelons-le au passage, n’a pas cours dans la zone euro, qui est revenu sur le tapis.
Le Franc CFA est une monnaie française qui fut autrefois appelée « Franc d’Afrique coloniale française» et rebaptisée « Franc de la Communauté financière africaine».
Ceux qui prétendent que la «Françafrique»,un système de coopération et d’affaires légales et illégales entre la France et les dirigeants africains, est reléguée au passé, devraient se poser des questions simples : pourquoi la France et les dirigeants africains conservent-ils un arrangement institutionnel colonial et obsolète favorisant des servitudes monétaires, des dépendances économiques, voire un contrôle indirect de l’Afrique en zone franc grâce à l’utilisation du franc CFA ?
Par commodité sans doute ! Pourquoi alors est-il si difficile pour les Africains de créer une monnaie commune régionale ? Parce qu’il n’y a pas de volonté claire et collective des dirigeants africains. Mais techniquement, la discipline du respect des critères de convergence calqués sur l’Union européenne laisse à désirer. Il y a en fait trois zones : Afrique de l’Ouest, Afrique centrale et les Comores. Paradoxalement, cet instrument ne soutient pas vraiment l’intégration entre les régions francophones.
Le Franc CFA, non convertible en devises sauf l’Euro, n’est pas une «monnaie internationale ». La politique monétaire se décide souvent plus à Paris que dans les banques centrales régionales africaines qui servent plus de structures décentralisées de collecte des richesses africaines vers le fameux compte d’opération logé au Trésor français. La garantie de l’Etat français se paye chère. Au lieu de ne laisser que 20 % des surplus de la zone franc auprès du Trésor français, c’est près de 120 % qui sont stockés à Paris, annihilant les possibilités d’investissement local et neutralisant la marge de manœuvre pour les pays africains. Au cours des 8 dernières années, la zone franc a prouvé sa résilience avec 4,8 % de croissance moyenne de la richesse de la zone (PIB), bien supérieure à l’Union européenne.
En 2010, la France, avec 1,7 % du PIB est en deçà des 4 % de la zone franc, estimée à 4,3% en 2011 selon le FMI. La communauté France-Afrique rêvée par le Général De Gaulle il y a 50 ans, ne profite pas aux citoyens africains. En fait, la richesse de la zone franc (PIB) par hab. en 2010 est en baisse avec seulement 1,3 % en 2010 et 0,7 % prévue pour 2011. Cette situation d’inégalité chronique interpelle. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.