Questions sur l’actualité du 28 décembre 2011
En pleines fêtes de fin d’année pour la plupart des pays africains, il faut déplorer que le lait et les produits laitiers sont en train de grever le budget des Etats africains. En effet, bien que le lait se retrouve dans les habitudes alimentaires des Africains, aucune prise de conscience sérieuse n’a permis de parvenir à une autosuffisance.
Ainsi, les populations des zones urbaines font une surconsommation de produits laitiers importés, notamment le lait concentré sucré et parfois du lait frelaté, compte tenu du manque de contrôle de qualité. Pourtant, d’après la FAO, l’Organisation des Nations Unies en charge de l’agriculture et de l’alimentation basée à Rome, les produits laitiers n’occupent pas une place prépondérante dans la ration alimentaire de l’africain moyen soit 17,5 kg par habitant et par an.
Cela correspond à environ 20 à 25 fois moins que ce que consomme l’Européen moyen. Le problème est que la FAO constate que la consommation moyenne africaine aurait tendance à régresser en tenant compte de l’évolution de la population africaine.
C’est donc un problème économique qui est à la base. Le consommateur africain ne dispose pas d’un pouvoir d’achat suffisant, ni de revenus appropriés pour accéder de manière régulière et équilibrée aux laits et produits laitiers. Mais les Etats africains n’ont rien fait pour soutenir et développer l’élevage, ni subventionner les éleveurs africains afin de soutenir le développement de la production laitière. Alors paradoxalement, comme l’importation de lait et produits laitiers finit par peser sur le budget des Etats africains, c’est la restriction en temps de crise car les subventions baissent quand elles ne sont pas supprimées par le Fonds monétaire international ou par le respect des règles de libre-échange et non-protectionnisme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
C’est celui qui a les moyens qui consomme régulièrement et suffisamment du lait et les produits dérivés du lait, souvent en important ces produits. Ils sont souvent en ville et en zone urbaine. Mais en milieu rural, le lait reste peu consommé. Le lait sert à l’accueil, à payer des impôts, à « attraper » quelqu’un en mariage, et bien d’autres usages ésotériques. Mais c’est pendant les fêtes que le beurre devient indispensable notamment lors des fêtes dans le monde de l’Islam ou des chrétiens orthodoxes. Dans le domaine du lait, la solidarité dans les échanges, la recherche de l’autosuffisance alimentaire, voire de la sécurité alimentaire relèvent de l’illusion et du rêve. Dans la pratique, c’est l’autoconsommation qui prévaut.
L’alternance entre les saisons sèches et les saisons des pluies fait baisser la productivité des animaux. Si la priorité des éleveurs est de nourrir les petits des animaux, veaux, chevreaux, brebis, etc. les quantités disponibles pour l’humain peuvent tomber à moins de 25 % en saison sèche par rapport à la saison des pluies. Il suffit alors qu’une maladie ou une catastrophe naturelle s’abatte sur les troupeaux pour que la famine pointe son nez.
Mais le vrai problème du lait et des produits laitiers est la difficulté, voire l’impossibilité du fait de l’absence d’une source d’énergie fiable et régulière, de conserver des produits hautement périssables, d’où la distribution de proximité. Si au Mali, la population consomme jusqu’à 23 kg par habitant et par an en zone rurale, à Bouaké en Côte d’ivoire voisin, on ne dépasse pas 1 kg, 2,9 au Burundi et 12,9 kg au Burkina-Faso. Ce n’est donc pas le lait qui fait grossir les Africains. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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