Questions sur l’actualité du 3 Février 2012
Kofi Yamgnane, fabusien de longue date s’est vu confier la charge de « Conseiller aux affaires africaines » dans l’équipe de campagne du candidat du parti socialiste, François Hollande.
Il est vrai que par le jeu du rassemblement, Laurent Fabius et François Hollande qui se regardaient en chiens de faïence sont devenus des partenaires dans le cadre de la mouvance présidentielle. François Hollande a eu l’intelligence et la décence de confier les activités de ses 100 premiers jours à Laurent Fabius.
Comme un jeu de vases communicants, celui qui n’est pas étranger à l’entrée de Kofi Yamgnane dans le gouvernement de François Mitterrand ne doit pas être tout à faire neutre dans la nomination de Kofi Yamgnane. La cible est évidente.
D’abord convaincre la Diaspora africaine en France, et en commençant par Paris avec un grand meeting, puis s’assurer que la diversité devienne une réalité durable contrairement à ce qui se passe dans le dernier gouvernement de Nicolas Sarkozy où la diversité semble devenir un « détail » quand on s’évertue à chercher des noises à Rama Yade sans d’ailleurs rien gagner en retour.
Sorti d’une grande école des mines en France, Conseiller municipal de Saint-Coulitz (Finistère) en 1983, Maire en 1989, Secrétaire d’Etat en 1991-1992 en charge de l’intégration où il a rempli plusieurs missions de conciliation auprès des autorités togolaises de l’époque, Kofi Yamgnane fut aussi député socialiste du Finistère entre 1997-2002 avec le cumul de fonction comme Conseiller général du Finistère et Vice-Président de l’Assemblée départementale, en charge des politiques de l’eau.
Sous le Président Nicolas Sarkozy, il refuse en 2008 d’être membre d’une commission portant sur les quotas d’immigrés en France sous la responsabilité de Brice Hortefeux, ministre de l’immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale et de Co-développement à l’époque. Il pensait se faire piéger car les termes de référence donnaient à craindre que sa liberté d’expression pouvait être remise en cause. « Déclaré persona non grata » en 2003 dans son pays natal le Togo suite à des critiques sur les modifications unilatérales par le Général Etienne Gnassingbé Eyadéma de la Constitution togolaise adoptée par le Peuple togolais en 1992, Kofi Yamgnane a choisi pourtant d’y résider après 2008 comme simple citoyen.
Candidat à la présidence togolaise en 2005 suite à la mort du Général Eyadéma, il a dû se retirer. Il témoigne de son indignation par un mouvement citoyen et un site internet « Sursaut » consacré à informer sur les dérives de la politique au Togo.
De nouveau candidat en 2009 pour les élections présidentielles de 2010, il fut éliminé sur la base d’une décision unilatérale du pouvoir togolais influençant les procédures juridiques de sélection des candidats éligibles. Il devient le porte-parole de Jean-Pierre Fabre désigné par une coalition de partis politiques d’alternance, le Front républicain pour l’alternance au Togo (FRAC).
La politique, il connaît. A 66 ans, ce natif de Bassar au Togo vient d’ouvrir une nouvelle page dans sa vie politique. En se qualifiant de « Breton d’après la marée noire », il a obtenu le Prix de l’humour politique en 1992. Chevalier puis Officier de la Légion d’honneur respectivement en 1994 et 2008, il est l’exemple d’une intégration réussie et ne renie pas sa culture d’origine.
Il lui reste à convaincre la Diaspora et s’armer de patience et d’un réseau puissant pour réellement faire « bouger les lignes » dans une Françafrique conservatrice et adepte du statu quo. Les affaires africaines pourraient donc être confiées à un Français de la diversité, un Français-Africain mais relèveraient toujours du Président de la République en France. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.