Questions sur l’actualité du 18 juin 2012
Une organisation de la société civile avec plus de 17 entités, le « Collectif Sauvons le Togo », a choisi de manifester le mécontentement du peuple togolais par des marches pacifiques et des revendications notamment dans le quartier des affaires (Deckon à Lomé).… Pourquoi ? Il y a eu falsifications de rapports condamnant des personnalités militaires pour tortures, abus des droits humains, impunité institutionnalisée et organisation sans consensus du processus électoral des élections législatives et communales (octobre 2012). Il faut bien constater que les Chefs de missions diplomatiques présents au Togo (à savoir l’Union européenne (UE), la République fédérale d’Allemagne, la France, les Etats-Unis d’Amérique ainsi que le système des Nations Unies), ont tous « noté avec préoccupation » le retard pris dans la mise en œuvre des opérations préparatoires pour les élections législatives et locales prévues mais non confirmées pour fin 2012. Il n’y a même pas de Commission électorale nationale indépendante (CENI) en place sur une base paritaire avec l’opposition pour s’assurer que l’organisation des élections se fera dans la transparence. Les responsables des missions diplomatiques, qui informent tous les jours leur capitale, constatent aussi qu’il n’a même pas encore été prévu de mettre en place le processus de « sécurisation des bulletins de vote, de transmission, de compilation et de publication claire des résultats ». Cette réforme du code électoral exclut la Diaspora togolaise, toujours pas recensée et exclue des votes futurs, et le découpage électoral sur mesure pour les représentants du parti UNIR, ce à la veille des élections législatives, ne vont pas permettre de retrouver la confiance entre les dirigeants actuels et le peuple togolais. La communauté internationale constate donc bien « l’échec des différentes tentatives de dialogue politique » au Togo et l’unilatéralisme des méthodes de passage en force choisies par Faure Gnassingbé sous la pression des militaires non-républicains. Les recommandations des missions d’observation de l’UE (élections 2007 et 2010) sont ignorées ou très partiellement mises en œuvre. La communauté internationale oublie qu’elle a légitimé ce régime depuis les élections de 2005 et qu’elle est co-responsable des formes de contestations et d’insurrection populaires actuelles.
Il n’est pas impossible que les Chancelleries occidentales aient été toutes « ensorcelées » au point de ne plus voir les entorses aux droits humains, à la vérité des urnes et à la vérité des comptes publics. La capitale togolaise, mais aussi de nombreuses grandes villes de l’intérieur du Togo (Afagnan, Kara), n’ont pas vu autant de citoyens togolais protester dans les rues depuis les émeutes de 1990. On ne peut comprendre les interventions musclées des forces de sécurité alors que la manifestation du 12 juin 2012 a bien été autorisée, comme le soutient Zeus Ajavon, avocat à la tête du CST. Donc Faure Gnassingbé ne respecte pas les engagements de l’Etat envers les mouvements citoyens. Il fait même de l’ingérence et de l’interventionnisme estimant lors d’une entrevue avec Zeus Ajavon, le coordinateur du « Collectif Sauvons le Togo » que le point de conclusion de la marche « était inapproprié ». Il n’a donc rien proposé en retour, ni précisé s’il enverra ses services militaires empêcher le déroulement pacifique de la marche autorisée. Les tirs de gaz lacrymogène et des échauffourées entre les « militaires » et « les manifestations » ont fait des nombreux blessés dont des journalistes, des dirigeants politiques et de simples citoyens. C’est donc avec des jets de pierres que les manifestants ont répondu aux tirs de gaz lacrymogène des hommes du Colonel Damehame Yark, Directeur de la gendarmerie nationale, présent lors de ces manifestations. Il a lui-aussi déploré des blessés. Mais peut-on croire que l’objectif du «Collectif Sauvons le Togo » est de paralyser les activités économiques ? Ne s’agit-il pas de trouver un moyen de pression efficace pour faire entendre pacifiquement les positions et la volonté du peuple togolais ? Lorsque Pascal Bodjona, le Ministre de l’Administration territoriale, et le Colonel Latta Gnama, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile se contentent de menacer les manifestants en rappelant qu’ils subiront toute la « rigueur de la loi » s’ils ne s’abstiennent pas de « tout acte de vandalisme », il y a là la manifestation d’aucune volonté de négocier une sortie de crise pacifique. Des casseurs ont reçus entre 2000 et 10 000 FCFA (2-20 euros)… pour casser… La cause profonde de la révolte des citoyens togolais est bien liée à l’impunité, une absence de droit chronique institutionnalisé par le système en place depuis des décennies. YEA.
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