RADIO KANAL K – RADIO AVULETE
Invité du journal : Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Economiste, Directeur Afrocentricity Think Tank
Nom du Journaliste à la Rédaction : M. Sylvain AMOS
Adresse : Suisse
Emission du Samedi 20 juin 2020
Sujet : Actualités. La brutalité policière ciblant les Afro-Américains, les conséquences de la crise sanitaire du COVID-19 avec la deuxième vague en Chine, la crise sécuritaire et politique au Mali et le 3e mandat présidentiel en Guinée et le 4e mandat présidentiel au Togo.
Résumé : L’actualité se conjugue autour de ce qui arrive au Peuple noir, immigré forcé aux Etats-Unis et ce peuple africain empêché de s’exprimer librement en Afrique, le tout dans le contexte d’une crise sanitaire et une crise économique en gestation. Le problème semble être le même et sans solution. Dès lors qu’il ne trouve pas le chemin qui lui permettrait de hisser son véritable représentant dans les arcanes du pouvoir, le Peuple se retrouve piégé par le jeu d’une démocratie censitaire, basé sur l’argent et une démocratie de la contrevérité des urnes, basée sur le pouvoir des oligarchies au pouvoir travaillant pour leur propre compte et pour les ceux des autres. Au Mali, en Guinée comme au Togo, le mécontentement semble ne pas trouver de portes de sorties du fait d’une armée occupée à défendre ses propres intérêts.
- La mort de George Floyd tué par un policier Blanc aux USA suscite des réactions et vives indignations à travers le monde entier. Malgré cela un acte similaire, s’est produit il y quelques jours à Atlanta où un policier Blanc a tiré sur un Afro-Américain. Ce dernier n’a pas voulu respecter les injonctions de la police. En France, une femme enceinte de 7 mois est violemment plaquée au sol par des forces de sécurités de la société des Chemins de Fer National Français (SNCF). Les cas sont multiples face à l’impunité généralisée de ceux qui disposent de la force et du pouvoir. CVU-Togo-Diaspora a aussi dénoncé cela. Mais au-delà des indignations, quelle leçon retenir après ces répressions policières sur les Afro-Américains ?
Je vous remercie pour l’invitation et salue vos auditeurs. Je comprends qu’il faut résumer les faits, mais en réalité, ce qui s’est passé avec George Floyd, et avec bien d’autres Afro-américains aux Etats-Unis est un assassinat du fait de la brutalité policière. Mais l’indignation vient du fait que sans preuves, ce crime serait passé inaperçu. Le problème est que malgré les preuves accablantes et visuelles, le système américain qui opte pour le renvoi des policiers incriminés, a choisi comme droit commun, l’impunité des policiers meurtriers. L’indignation et les manifestations de rue se sont focalisées autour de la valeur de la vie d’un humain, notamment la valeur de la vie d’un homme noir « Blacks Live Matter ». Car c’est bien là la question.
Toutes les minorités souffrent de la tendance à négliger des vies sur des apriori, souvent hérités d’une culture de la supériorité de l’humain à peau blanche et donc décoloré sur celui qui doté de la mélanine, à peau noire. Il y a donc manifestement du racisme. Mais il n’y a qu’une seule race et elle vient d’Afrique. Le problème est institutionalisé. Lorsque le représentant de l’ordre et donc de l’Etat, censé traité tous les citoyens sur le même pied d’égalité, cède aux pressions diverses telles que l’argent, les lobbies de pouvoir, et les suprémacistes blancs. Ceux-là présents aux Etats-Unis comme partout mais discret en Europe, ont opté pour la purification de la race et donc de l’élimination du noir, si possible d’abord d’Afrique pour occuper son sol en oubliant que personne n’a demandé à un Noir d’aller travailler gratuitement ou mal payé dans le pays du suprémaciste blanc.
C’est donc en filigrane ce projet insensé mais bien réel qui sous-tend la classification et la chosification de celui ou celle qui est marginalisé(e) dans la société et qui oublie de s’organiser pour défendre ses intérêts collectivement. La répression et la brutalité policière sont bien présentes aussi en Europe, en Russie, en Chine et en Inde et en Afrique. Les rapports et les vidéos sont moins fréquents, donc le flagrant délit plus difficile à établir. Mais la vérité, c’est l’impunité. Les tribunaux africains consacrent souvent l’impunité de ceux qui sont puissants politiquement, militairement et ésotériquement comme d’ailleurs aux Etats-Unis ou en Europe. De ce fait, la notion de supériorité d’un être humain sur un autre se décline en fonction des continents. Les dirigeants africains noirs suprémacistes sont aussi légions…
Les suprémacistes blancs qui sont à l’origine de groupements racistes et ségrégationnistes comme le Ku Klux Klan ont infiltré certains partis politiques d’extrême droite comme le Tea Party aux Etats-Unis, mais aussi les appareils d’Etats, les partis politiques, la justice, la police et les forces armées en général y compris en Europe. Face à la justice, tous ces réseaux plus ou moins souterrains font l’objet de tolérance suspecte par les lobbies financiers et par l’Etat. Ne pas prendre conscience de cela risque de conduire la communauté noire à ne pas s’engager et s’organiser collectivement pour agir et non s’indigner « uniquement ».
Pour ce faire la solution pourrait se trouver, au départ, dans la maîtrise d’un Média panafricain appartenant effectivement aux Africains de toutes nationalités. C’est ainsi que systématiquement ces crimes racistes et ségrégationnistes contre tous êtres humains seront médiatisés par les citoyens noirs, défenseurs de la dignité l’humain, du Noir en particulier. Black Lives Matter est un pas décisif. L’élan suscité au sein même de la communauté blanche ne peut qu’être bénéfique à terme. Le Peuple Juif l’a compris et inonde systématiquement les ondes de cette maladie qu’est l’antisémitisme, oubliant au passage qu’il y a eu de tous temps, un anti-chamitisme » séculier. Les Noirs étant d’après les textes bibliques, des descendants d’un des fils de Noé, Cham qui s’est attiré la jalousie des deux autres frères, Sem et Japhet. Reste à se demander pourquoi cette jalousie persiste encore aujourd’hui ?
Mais le Peuple noir ne peut demeurer dans la victimisation face à ces nombreuses formes de racisme et de ségrégation en Occident, mais aussi en Afrique envers les faibles et les pauvres. Aussi, il faut une prise de conscience car on ne peut mener cette lutte avec les Noirs qui sont parfois « plus blancs que les blancs » eux-mêmes, et cochent souvent à la case trahison du peuple panafricain.
- L’Union Africaine a dénoncé les répressions policières sur les Afro-Américains. Mais certains Africains avertis estiment qu’à part ces dénonciations diplomatiques, cette organisation africaine doit poser des actions concrètes face à cette situation. Partagez-vous cet avis ?
La réalité est que l’Union africaine est dans son rôle de dénoncer. Ne pas le faire serait un crime. Mais une organisation dont le financement est à plus de 80 % fourni par l’extérieur, notamment l’Union européenne, ne peut agir sans demander l’avis de son principal bailleur de fonds. La souveraineté de l’Union africaine demeure une question ouverte officiellement, mais en privé c’est bien une question fermée ! Il n’y a de souveraineté que de façade.
Alors la question que vous posez doit être modifiée comme suit : est-ce que les dirigeants africains veulent une Institution panafricaine indépendante ? La réponse actuellement est NON ! Alors, si vous voulez des actions concrètes, il faudrait les faire en dehors de l’Union africaine, notamment avec les chefs d’Etat indépendants qui ont le courage de leur position. Il n’y en a pas beaucoup en Afrique.
On peut toutefois citer le Ghana avec le Président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo avec une gouvernance au service de son peuple et moins au service d’une oligarchie élitiste ou militaire comme ailleurs. Le Botswana, le Cap Vert aussi… Mais les citoyens dans le cadre d’organisations non gouvernementales peuvent opter pour des actions collectives devant des juridictions car le problème demeure l’impunité. Encore ne faut-il pas avoir des avocats alimentaires et des juges iniques. Le lien avec les Black Caucus aux Etats-Unis, mais dans les Caraïbes et en Amérique Latine est indispensable. Les Noirs du Pérou viennent d’Afrique…
- Une deuxième vague de la pandémie COVID-19 refait surface en Chine. A part les conséquences sanitaires, la première vague a provoqué une crise économique dans plusieurs pays européens tout comme aux USA. Vous en tant qu’économiste quelle conséquence sur l’économie des pays africains ?
D’abord précisons qu’il ne faut pas parler d’une « deuxième ou nouvelle » vague sanitaire, mais de la même vague initiale qui continue en s’adaptant géographiquement là où le confinement a été laxiste. Le coronavirus dit COVID-19 est une nouvelle pandémie qui va nous accompagner sur plusieurs années. Pour le peuple africain, la solution se trouve plus dans la prévention que dans le curatif compte tenu de l’état des infrastructures sanitaires en Afrique. Le problème est qu’il ne faudrait pas que ce virus mute au point de rendre caduque tous les efforts pour l’éradiquer. Il y aura donc des épiphénomènes réguliers ici et là qui peuvent toutefois relancer la pandémie en cas de réponses inadéquates des Etats. Tout le monde appréhende lorsque les avions vont circuler à nouveau…
Sur le plan économique, il s’agit d’abord d’une réduction de 90 % voire parfois un arrêt total des activités humains pendant environ 2 à 4 mois. Il y a eu une déstructuration des chaînes d’approvisionnement, de production et de commercialisation. Les sociétés qui étaient déjà pionnières dans le commerce électronique et les pays ayant des infrastructures adéquates pour la digitalisation ont limité leur perte, voire engrangés des profits au cours de la période haute de la pandémie. En Afrique, nous sommes entrés dans la période basse et constatons que l’Etat en général n’avait pas de réserves suffisantes et a dû emprunter massivement auprès des banques centrales. C’est donc en définitive la capacité de relancer l’économie pour éponger cette dette colossale qui devient le défi.
Les économies africaines ont été impactés et cela se voit sur l’accélération de l’endettement des Etats avec un certain décalage dans le temps, comme lors de la crise financière de 2007/2008. Mais les Etats qui ont coché à la case de la bonne gouvernance pourrait utiliser cette pandémie du COVID-19 pour lancer des grands travaux d’infrastructures au service des populations. Les Etats qui cochent régulièrement à la case de la mauvaise gouvernance risquent d’accentuer l’endettement, la dépendance la servitude volontaire et même partiellement ouvrir la voie à des annexions de pans entiers des richesses africaines, notamment les mines, les structures productives et même de nombreuses petites et moyennes entreprises. Aussi, les économies africaines gagneraient à se concentrer sur l’autosuffisance, l’économie de proximité, l’économie circulaire au lieu de tomber dans le piège du mimétisme de la mondialisation sans transformation de leurs matières premières sur le sol africain.
Le citoyen africain doit comprendre que pour sa survie à terme, il doit consommer ce qu’il produit, et moins consommer ce qu’il ne produit pas. A défaut et du fait de la dépendance et l’endettement importants, cette Afrique aura augmenté sa dépendance avec des conséquences sur une déstructuration de sa production, de sa commercialisation, de sa consommation, avec comme conséquences des finances publiques déficitaires et une augmentation du chômage avec des incapacités de créer des emplois décents avec un pouvoir d’achat satisfaisant. Bien sûr, la situation dépendra de chacun des 56 pays africains. Mais le bien-être de la population pourrait devenir asymétrique avec les conséquences comme des crises sociales, politiques, environnementales, culturelles, voire les émeutes liées à des pénuries et des accaparements de certaines élites inconscientes.
La réalité est qu’il faut une décision souveraine et collective des Etats africains pour une mise en parenthèse de la dette extérieure publique et une réduction et report du service de la dette, une augmentation du crédit à l’économie notamment pour acheter et consommer africain et enfin une inclusion financière par l’accélération de la digitalisation de l’économie africaine.
- Le Mali fait face à une crise sécuritaire et une socio-politique sur fond de mauvaise gouvernance… Les vagues de manifestations se multiplient ces derniers mois au Mali qui traverse une crise sécuritaire et politique. Le Mouvement du 5 Juin 2020 dit le « Rassemblement des Forces Patriotiques » (M5 RFP) refuse de rencontrer le Président Ibrahima Boubacar Keita afin de convenir d’un dialogue. Le Mouvement dénonce une manipulation. Par ailleurs, ce mouvement maintient la manifestation du samedi 20 juin 2020. Que vous inspire les manifestations du Peuple malien qui demande la démission pure et simple leur Président ?
Tout Peuple qui manifeste pour son mieux-être, sa dignité et contre la mauvaise gouvernance est un Peuple qui a pris conscience des enjeux de sa survie. Si ce Peuple ne manifestait pas, c’est qu’il est sous anesthésie des pouvoirs ésotériques, religieux, politiques, économiques, financiers et culturels. Maintenant, en face, vous avez ceux qui veulent garder le pouvoir, ceux qui ne veulent pas rendre compte de leur mauvaise gestion. Il ne faut pas oublier ceux, étrangers et de l’extérieur, qui s’organisent qu’il y ait une sorte de statu quo aux dépens du Peuple malien.
Rappelons le contexte malien avec les insurrections indépendantistes, les attentats djihadistes menés par les groupes liés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, les violences intercommunautaires, et une démocratie qui n’a pas fait émerger la vérité des urnes. Avec le recul de l’Etat de droit, de nombreux maliennes et maliens estiment que ceux qui sont à la tête de l’Etat sont « ceux qui ont trahi le peuple malien ». La confiance entre les dirigeants et le Peuple est rompue.
Suite aux dernières élections législatives, Le Président malien Ibrahima Boubacar Keita (IBK) a renouvelé sa confiance à son Premier ministre, Dr. Boubou Cissé le 11 juin 2020. Mais cela ne semble pas avoir calmé la situation car l’Etat du droit des Peuples ne correspond pas à l’Etat légal de ceux qui sont au pouvoir.
C’est ce que le Mouvement du 5 juin dit « Rassemblement des Forces Patriotiques » a compris et rappelle au Président malien Ibrahim Boubacar Keita de IBK que le pays ne lui appartient pas, ni à sa famille » avec en filigrane comme élément déclencheur de la cristallisation de l’incompréhension entre le pouvoir d’une part, et les mouvements représentants une partie importante du Peuple malien d’autre part, la reconduction le jeudi 11 juin dernier du Premier ministre Boubou Cissé.
Ce mouvement s’amplifie avec la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), un religieux musulman sunnite mais rigoriste. Il s’agit bien mouvement politique avec des ambitions politiques lancé en septembre 2019. A ce titre, après la démonstration de force et un nouveau rapport de force est en gestation. Il faut croire que les négociations ne pourront reprendre que si le Président IBK prend conscience que le pouvoir dans la rue peut tout faire basculer et à ce titre, faire disparaître le sentiment de mépris du Peuple malien par l’élite au pouvoir.
De ce fait, les grandes manifestations rassemblant toutes ces forces vives de la Nation malienne pour exiger à nouveau la démission d’IBK sont maintenues, et risquent de continuer.
Même en allant rendre visite le 17 juin 2020 à l’une des personnalités des plus influentes au Mali, le chérif de Nioro, Bouillé Haidara, le Premier Ministre Dr Boubou Cissé n’a pas pu débloquer la situation. Au contraire, il serait rentré avec dans ses bagages trois nouvelles conditions du Chérif de Nioro à remplir par le Président IBK pour la sortie de crise à savoir :
- Que IBK officiellement enlève son fils Karim Keita de toutes activités relatives à la gestion du pouvoir au Mali ;
- Que IBK rétablisse dans ses droits, les nombreux députés de l’opposition qui ont subi la contrevérité des urnes aux dernières élections législatives ;
- Que IBK prenne la décision de faire démissionner M. Manassa Danioko, l’actuel Président de la Cour constitutionnelle du Mali ainsi que ses collaborateurs pour faute grave du fait des résultats promulgués lors des dernières élections législatives, ce dans plusieurs circonscriptions.
A défaut, il ne reste que la démission du chef d’Etat lui-même avec les mouvements de rue qui risquent de s’amplifier. La 3e condition est la plus facile à réaliser. On verra pour les 2 premières.
Mais il faut bien constater aussi que si la situation se cristallise maintenant, c’est que la coordination des partis d’opposition n’a pas fonctionné par le passé, les religieux ont fait l’autruche et de nombreux citoyens ont cru que la politique n’était pas leur affaire. Aussi, chaque citoyen africain, malien en particulier, doit pouvoir clamer haut et fort qu’il ou elle veut et doit faire de la politique, au sens de contribuer à organiser la vie de la cité. Le mouvement du Rassemblement des Forces Patriotiques pourrait aider à cela au Mali comme au demeurant la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS).
N’oublions pas que c’est au Mali qu’un Chef de l’opposition, M. Soumaïla Cissé a été kidnappé le 25 mars 2020, son garde de corps tué et des blessés dans son entourage direct alors qu’il faisait campagne pour les législatives. Il reste introuvable à ce jour. C’est au Mali que malgré la guerre contre le terrorisme, certains en profitent pour piller les ressources naturelles et minérales du Mali non sans contribuer à réveiller des conflits ethniques et de voisinage. La réalité est que l’Etat malien et son armée malienne restent encore tributaires des financements extérieurs et des armes étrangères pour sa sécurité collective, ou plutôt de ceux qui sont au pouvoir.
Clamer haut et fort que l’on ne fait pas la politique comme le dit souvent de nombreux Africaines et Africains, c’est faire preuve de déresponsabilisation et laisser le champ libre aux élites au pouvoir qui ne rendent pas compte de leurs actes au Peuple. Le Peuple a du mal à imposer la vérité des urnes lors des élections dites démocratiques mais peu crédibles quant à l’issue du résultat.
Le dialogue, proposée par le pouvoir, a souvent été une technique pour certains opposants de s’enrichir et de tromper le Peuple. Aussi, on comprend qu’il y ait méfiance du Peuple malien pour entrer dans un cycle de « dialogue ». La démission du Chef d’Etat est une demande qui rappelle que les résultats des dernières élections maliennes ne semblent pas avoir satisfait la grande majorité du Peuple malien. Par ailleurs, changer un individu à la tête de l’Etat, c’est oublier que les accords secrets qui lient le Mali et la France pourraient facilement remettre une autre personne en place pour une politique similaire. Les 28 « dialogues » entre le pouvoir et l’opposition institutionnelle togolaise a conduit à un statu quo et des oppositions alimentaires. Le Mali ferait bien de ne pas tomber dans ce piège.
Aussi, de mon humble point de vue, une possible début de solution à ce problème serait d’accepter le principe d’une conférence inclusive paritaire, (Gouvernement, Forces vives de la Nation, et éventuellement les représentants de certaines forces indépendantistes) avec un accord que les décisions seront souveraines.
Une transition politique pourrait alors s’imposer si le Rassemblement de l’ensemble des Forces vives de la nation peut offrir un projet de société commun et au service de la grande majorité de la population. En face, sans la pression de la rue, les concessions seront difficiles. Les terroristes et djihadistes, vrais ou créés de toutes pièces par des forces extérieures, pourraient venir gêner une telle approche. Aussi, la vigilance est de rigueur. Le bon sens devrait l’emporter de part et d’autre pour que chacun reconnaisse que la démocratie malienne de IBK n’a pas fait émerger l’expression de la vérité des urnes.
Si IBK est un sage, il devrait écouter son Peuple.
- En Guinée, le Président Alpha Condé a finalement réussi à modifier la Constitution afin de briguer un 3e mandat selon des observateurs et les acteurs politiques de l’opposition guinéenne. Pourquoi ce sujet fâche-t-il autant ? Pourtant, lorsqu’il était dans l’opposition, Alpha Condé ne voulait pas entendre parler d’une quelconque modification de cette Constitution. Mais quand il s’agit de lui, il faut croire que les choses sont différentes. Dans la sous-région ouest-africaine, il y a au Togo un certain Faure Gnassingbé qui vient de prêter serment un dimanche pour son 4e Quelle lecture faites-vous de la réaction d’Alpha Condé sur sa volonté de briguer un 3ème mandat ?
Monsieur Amos, il ne faut pas dire qu’un sujet de droit fâche. Il y a manifestement un déni de confiance entre le Peuple et ceux qui sont au pouvoir en Guinée et au Togo. Mais face à un rapport de force défavorable, il est difficile pour le Peuple d’imposer le respect de la Constitution originale du Pays (Constitution de 1992) qui prévoyait deux mandats. Le 3e mandat en Guinée et le 3e et 4e mandats au Togo se sont opérés contre la volonté du Peuple, mais avec l’assentiment d’une oligarchie au pouvoir qui gagnent à défendre des intérêts étrangers et surtout à maintenir un statu quo en changeant les individus sans changer de système. L’armée dans tout ceci n’est plus neutre puisqu’elle s’aligne du côté de ceux qui sont au pouvoir et ces derniers les rémunèrent bien avec une prime à l’impunité institutionnalisée.
Alors, que dire quand la démocratie du Peuple se transforme en la démocratie des oligarchies au pouvoir ? Que c’est une honte, une usurpation et qu’il va falloir s’organiser collectivement pour que le Peuple retrouve son droit à l’autodétermination et le choix de ses véritables dirigeants patriotiques au sein africain.
- Votre mot de fin ?
L’Afrique ne sortira pas de ses crises multidimensionnelles sans passer par le rétablissement de la vérité des urnes, ce à tous les échelons. Je vous remercie.
Emission Radio KANAL K – AVULETE du Samedi 20 juin 2020.
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