JDA du Mardi 21 Décembre 2010
GUINEE : Une passation de pouvoir exemplaire : Le général SEKOUBA quitte le pouvoir avec tous les honneurs, de son pays, de l’Afrique et du monde entier et le président élu ALPHA CONDE est investi ce jour CHEF DE L’ETAT ! Quel modèle !
COTE D’IVOIRE : La situation se cristallise : quelle sortie de la crise peut-on envisager ? Que peuvent faire les forces internationales en Côte d’Ivoire ? Environ 10 000 casques bleus, policiers et civils de l’opération des Nations unies pour la Côte d’Ivoire (Onuci) sont présents sur le sol ivoirien. En ajoutant les 900 soldats de la force française Licorne, la communauté internationale est, sur le papier, largement en mesure de faire appliquer ses décisions sur le territoire. Pourtant, jusqu’ici, ce sont bien les forces loyalistes qui contrôlent les rues d’Abidjan, et le président sortant, Laurent Gbagbo, a exigé le départ des troupes étrangères.
POUR EN PARLER :
Pr Yves EKOUE AMAIZO, consultant international, expert auprès de l’Union africaine
Kaba CONDE, journaliste à la RTG, directeur de la diffusion nationale de la République de Guinée
Podcast: Play in new window | Download (23.5MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS
Guinée :
- La Guinée, après 50 ans de dictature, est en passe de devenir le modèle de la démocratie en Afrique ; comment en sommes-nous arrivés là ?
- Comment interpréter la position de Cellou Dalein DIALLO qui accepte « si démocratiquement sa défaite au 2d tour, chose excessivement rare en Afrique ?
- Le plus étonnant et le plus frappant reste le Général SEKOUBA KONATE : il fait partie du putsch qui prend le pouvoir, mais il met en tête DADIS CAMARA ; après l’éviction de DADIS, il devient chef de l’Etat par intérim ; contrairement aux coutumes largement répandues en Afrique, il refuse de s’accrocher au pouvoir, organise des élections fiables, et depuis samedi dernier fait ses adieux à la politique. Quel exemple de modestie et de détachement ?
- La Guinée et ses autorités, un exemple et un modèle pour tout le Continent ?
C’est ce mardi 21 décembre 2010 qu’Alpha Condé est investi dans ses fonctions.
L’opposant de toujours, condamné à mort sous Sékou Touré, emprisonné sous Lansana Conté, est devenu le premier président démocratiquement élu en Guinée.
Un printemps démocratique qui contraste avec l’hiver politique ivoirien. Alpha Condé doit prêter serment, à Conakry, en présence de plusieurs chefs d’Etats africains, dont Abdoulaye Wade du Sénégal, le président malien Amadou Toumani Touré, ou encore le Gabonais Ali Bongo. Si la Guinée vit une période extraordinaire de son histoire, elle le doit en grande partie à trois hommes. Sekouba Konaté, le général devenu président par intérim qui, contre vents et marées, a tenu parole en organisant l’élection présidentielle.
Alpha Condé ensuite, qui a démontré qu’il était loin d’être le revanchard prêt à tout pour accéder au pouvoir, tel que le décrivait il y a quelques années encore l’entourage du défunt président Lansana Conté. Enfin, le troisième homme sur qui repose le printemps démocratique guinéen, c’est son adversaire du second tour, Cellou Dalein Diallo, qui a reconnu sa défaite. « La victoire et la défaite sont constitutives de la vie »
Le contraste est saisissant avec le voisin ivoirien, embourbé depuis dix ans dans les crises de pouvoir. Cette Côte d’Ivoire qui sous Houphouët Boigny faisait rêver les Guinéens, fait désormais pâle figure face à cette Guinée qui, il y a un an encore, était au bord du précipice. La différence tient peut-être en cette phrase prononcée par le perdant guinéen. « La victoire et la défaite sont constitutives de la vie. Contenons notre amertume électorale par la légitime fierté de représenter près de la moitié des suffrages validés ».
Alpha Condé n’entend pas perdre de temps. A peine investi, il va s’atteler à la tâche et devrait annoncer rapidement le nom de son Premier ministre. On sait qu’il sera issu de la Basse-Côte, et devra posséder, comme l’ensemble de ses ministres, un curriculum vitae irréprochable. Alpha Condé veut des ministres au dessus de tout soupçon, c’est à dire des personnalités qui n’auront pas été associées au moindre scandale politico-financier.
Privilégier les mesures visibles avant de s’attaquer aux problèmes structurels Le Président élu est conscient qu’il doit avancer vite face à l’énorme demande sociale. Electricité, eau, voirie, les services sociaux sont en faillite et l’Etat est moribond. Alpha Condé va d’abord privilégier les mesures visibles, avant de s’attaquer aux problèmes structurels du pays : dette, réforme de l’armée, contrats miniers.
Si la parole de l’Etat ne sera pas remise en cause, le nouveau président ne s’estime pas tenu par la signature du régime précédent, dès l’instant où il juge que les intérêts du pays sont lésés. Certains contrats miniers pourraient donc faire l’objet de révisions. On devrait aussi rapidement savoir à quelle échéance les législatives seront organisées. Depuis juin 2007, la Guinée n’a plus de Parlement légitime.
COTE D’IVOIRE :
- Au vu de la cristallisation de la situation politique en Côte d’Ivoire, quelle pourrait être la suite des événements ?
- Gbagbo prendrait-il le risque d’affronter militairement les forces de l’ONUCI pour les pousser à quitter le territoire ?
- La Communauté internationale serait-elle prête à « forcer » Gbagbo à abandonner son palais présidentiel ?
- La CEDEAO peut-elle envisager d’intervenir militairement en Côte d’Ivoire et quel pays serait-il à la hauteur en cas de conflit ?
- Quelles sont les forces en présence ONUCI – Forces de Côte d’Ivoire ? Depuis la proclamation contestée de la victoire de Laurent Gbagbo par le Conseil constitutionnel, ce sont les Forces de défense et de sécurité, le bras armé du camp Gbagbo, et les miliciens commandés par des supporteurs du président sortant qui contrôlent la capitale. Les forces de l’ONU se contentent d’assurer la protection d’Alassane Ouattara, le vainqueur de l’élection reconnu par l’ensemble de la communauté internationale.
Pire, plus de 50 personnes ont été tuées au cours du week-end sans que les casques bleus ne puissent l’empêcher. Des escadrons de la mort, composés de paramilitaires au service de Laurent Gbagbo, enlèvent et tuent des civils en toute impunité dans les bastions d’Alassane Ouattara. Tout cela alors que selon son mandat, l’Onuci, présente depuis 2004, se doit de protéger les civils et de garantir le cessez-le-feu.
INTERVENTION FRANÇAISE EXCLUE
Si les forces françaises sont mieux équipées et plus expérimentées, une intervention de leur part risquerait de renforcer Laurent Gbagbo dans sa rhétorique anti-française. L’opération Licorne est par ailleurs soumise au mandat de l’ONU et Paris exclut jusqu’ici toute intervention militaire. “C’est à la force internationale d’agir” le cas échéant, a expliqué dimanche la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie. “Ce n’est pas aux soldats français de s’interposer et ils ne le feront pas”, a-t-elle insisté, cantonnant l’usage de la force aux cas de légitime défense.
Dans ces conditions, une opération de l’Onuci pour forcer la main à Laurent Gbagbo et installer Alassane Ouattara semble improbable. “Sauf si la situation sur place évolue selon un scénario à la rwandaise, avance toutefois Christian Bouquet. Pourrait-on imaginer la communauté internationale assister à nouveau à des massacres sans réagir ?”
LE NIGERIA, PAYS-PIVOT DE LA RÉGION
Pour contourner le sentiment anti-ONU et anti-Français entretenu par Laurent Gbagbo, l’hypothèse d’une intervention des pays voisins est plus envisageable. “Pour éviter toute flambée nationaliste et enlever un argument à Laurent Gbagbo, seule une intervention sous les auspices de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [Cédéao] est envisageable, estime ainsi Antoine Glaser, ancien directeur de la revue La Lettre du Continent. Or le Nigeria, qui la préside actuellement, dispose justement d’une armée suffisamment forte pour intervenir.”
Face à eux, des soldats étrangers auront, de toute façon, à faire face à une armée ivoirienne qui reste soudée malgré les intenses pressions internationales de ces derniers jours. Laurent Gbagbo peut compter sur la fidélité de ses généraux — “issus du même groupe ethno-régional”, rappelle Christian Bouquet — et peut s’appuyer sur les fonds récoltés grâce au commerce du cacao et du pétrole au cours de ses dix ans au pouvoir pour continuer à verser les salaires des militaires.
“Il a de quoi tenir plusieurs semaines, estime ainsi Antoine Glaser, et même si le Nigeria a une armée forte, il ne faut pas non plus la surestimer : Abuja n’arrive même pas à pacifier le delta du Niger.” Par ailleurs, les précédentes opérations de la Cédéao en Sierra Leone ou au Liberia ont été critiquées, les Nigérians utilisant leur présence militaire pour asseoir leurs intérêts. “Mais il n’en reste pas moins que la communauté internationale semble reposer ses espoirs sur Goodluck Jonathan, le président nigérian”, estime Christian Bouquet. Dans une lettre transmise vendredi à Laurent Gbagbo, le président nigérian lui demande de transférer “immédiatement” le pouvoir à Alassane Ouattara.
Autres articles dans cette série
- DEUX POIDS, DEUX MESURES : DEUX AFRIQUES, DEUX PRESIDENTS ! (2 janvier 2011)
- Gbagbo face aux sanctions financières (23 décembre 2010)
- COTE D’IVOIRE ET LA DÉMOCRATIE SÉLECTIVE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE (22 décembre 2010)
- GUINEE : Passation de pouvoir exemplaire et COTE D’IVOIRE : La situation se cristallise (21 décembre 2010)
TCK says
Les resultats sont presents sur le site internet de la CEI :http://www.ceici.org/elections/docs/EPR2010_2T_RESULTATS_VALEURS_02122010.pdf
Gbagbo a perdu et je pense qu’il doit accepter sa defaite .